L'Heure du Temps (Blog d'Information sur le Burkina Faso)

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3689 sinistrés d'inondations dans les Cascades

Inondations

 3689 sinistrés dans les Cascades 

        

 La région des Cascades n’a pas échappé aux séries noires des inondations qui ont causé la désolation dans plusieurs localités du Burkina. Après les premiers moments des drames où les secours ont consisté simplement à reloger les victimes dans les écoles, ici, l’aide en besoins courants n’a pas été ponctuelle. Fort heureusement, les filles et fils de la région, le CONASUR, et bien d’autres bonnes volontés, par un élan de solidarité, commencent à assister les sinistrés. Le gouverneur des Cascades, M. Youssouf Rouamba, qui n’est pas insensible à la situation douloureuse et de stress des victimes, fait ici le point aussi bien sur l’ampleur des dégâts que sur l’assistance aux victimes. Il annonce également les mesures après les fortes pluies qui ont détruit certains ouvrages et invite surtout la population à un élan de solidarité.  

 

M. le gouverneur, votre région, en cette saison d'hivernage, a enregistré des inondations. Quelles sont à ce jour les localités touchées ?

 

• Je vous remercie de l’occasion que vous me donnez de pouvoir faire la situation des inondations survenues ces derniers jours dans la région des Cascades. Pour répondre à votre question, les localités touchées sont : Douna, Niofila Manena, Gaana, Golon, Wolokonto, Sindou centre dans la Léraba, et Kouèrè  dans la Comoé (105 km de Banfora).

 

En matière de statistiques, quelle est l’ampleur des dégâts ? Pouvez-vous nous donner aujourd’hui un bilan exhaustif de ces catastrophes ?

 

• En termes de statistiques, les dernières données font état de 3 689 personnes touchées, majoritairement composées de femmes et d’enfants, 633 maisons et 275 greniers détruits et emportés par les eaux. Ces données ne sont pas quantitativement exhaustives, car certaines zones touchées sont difficilement accessibles et des efforts sont actuellement déployés pour permettre l’évaluation des dégâts dans ces zones. Il s’agit des villages de Monssonon et de Malon. De même, les données collectées sont en train d’être affinées pour en permettre une lecture plus claire et pointue. Cela permettra d’avoir une idée du nombre de femmes enceintes et allaitantes, de personnes âgées, d’enfants et de scolaires touchés. Car ce sont les groupes les plus vulnérables dans ce contexte et nous sommes également à quelques jours de la rentrée des classes. Des dispositions doivent être prises pour le retour à l’école des enfants scolarisés et l’inscription de ceux à l’âge scolaire.

  

On a comme l’impression que les sinistrés ont été laissés à eux-mêmes. De Kouèrè à Niofila, concrètement, quel soutien a été apporté aux sinistrés de  ces catastrophes, qui ont tout perdu ?

              

• Vous savez, les situations de dégâts et de pertes sont toujours des moments douloureux et de stress. Les premières actions menées par les services techniques et les autorités locales ont consisté en l’évacuation des populations des concessions détruites et en leur relogement dans les écoles et églises pour les cas de Niofila et de Kouèrè. Ensuite, des conseils ont été prodigués aux sinistrés visant à contenir les réactions de panique et les invitant à la prudence et à observer un minimum de précautions, car la tentation était grande pour certains de retourner dans les habitations fragilisées par l’humidité et qui, certainement, s’effondreront à tout moment.

 

Au-delà de ces assistances,  l’aide,  surtout en vivres, a  tardé à venir pour des gens qui sont dans la détresse. M. le Gouverneur, dites-nous ce qui peut expliquer  cela. Par exemple, à Niofila, où vous vous êtes rendu de façon diligente, les sinistrés regroupés dans l’école et dans les églises  attendaient de quoi manger…

 

• Vous parlez certainement de l’aide matérielle. Elle est venue ; au moment où nous parlons. Le Comité national de secours d’urgence et de réhabilitation a mis à la disposition des sinistrés des tonnes de vivres ainsi que du savon, des lampes, des moustiquaires, des ballots de friperies et de bien d’autres matériels de survie.                                 

C’est vrai que le jour de l’inondation, les sinistrés, pour avoir perdu leurs greniers, avaient besoin de produits de première nécessité que les structures en charge de la gestion des catastrophes au niveau déconcentré ne pouvaient leur apporter, mais les choses sont en train de trouver solution dans une moindre mesure avec le soutien du CONASUR. Je ne saurais passer sous silence l’apport combien inestimable des fils et filles de la région (NDLR : 3 tonnes de riz, une enveloppe pour arranger le tronçon Douna-Sindou) qui se sont organisés et qui s’organisent toujours pour soutenir leurs frères et sœurs dans le pétrin.

En temps opportun, nous ferons le point de la contribution des ressortissants qui vaut son  pesant d’or. Il convient aussi de souligner la solidarité interfamiliale et intrafamiliale, laquelle a permis à certaines familles sinistrées d’être recueillies dans d’autres pour avoir un peu de confort et de réconfort.

 

Comment expliquez-vous aussi l’absence de stocks de vivres au niveau des COPROSUR (les comités provinciaux) pour parer à de telles urgences ? Est-ce une négligence ou peut-on conclure que ces structures sont vraiment démunies ?

 

 De façon générale, les catastrophes naturelles sont de l’ordre de l’imprévu ; car de mémoire même des plus anciens, ce qui est arrivé est exceptionnel. Donc, les COPROSUR n’ont pu faire appel à l’aide qu’après la survenue des inondations. Cependant, je peux convenir avec vous, et ce au regard des changements que nous connaissons notamment au plan climatique, que des dispositions méritent d’être prises pour rendre les COPROSUR et les CORESUR non seulement plus actifs en cas de survenue de catastrophes, mais également suffisamment proactifs pour anticiper sur les phénomènes et amoindrir par conséquent leurs effets.

   

Les pluies continuent de tomber. Pensez-vous que le pire soit à venir ?

 

• Nous n’avons pas souhaité ce qui est arrivé à Niofila, et c'est pourtant arrivé. Je crois seulement que des dispositions seront prises pour répertorier l’ensemble des sites potentiellement dangereux et susceptibles de créer les mêmes situations afin d'envisager avec le concours des uns et des autres, et surtout des structures compétentes, des mesures idoines en termes d’information, de sensibilisation des populations et de surveillance desdits sites.

  

 Face à ces fortes pluies, quels sont les conseils que  le  gouverneur peut prodiguer aux Cascadais ?

 

• Je dois d’abord assurer toutes les populations des Cascades de ma disponibilité et de celle de toutes les autorités à travers les efforts du gouvernement à leur apporter secours et à être à leurs côtés. A travers cette pluviométrie qui n’est somme toute pas une mauvaise chose en soi, du fait que notre pays est un pays sahélien, je voudrais demander à ceux qui entreprennent des constructions dans les villages reculés de mettre un accent sur la qualité des matériaux de construction. Par ailleurs, les populations ont été maintes fois sensibilisées aux risques encourus quant à certaines installations notamment au niveau des bas-fonds, des zones riveraines des ponts et des retenues d’eau. En évitant les risques, l’on peut minimiser l’impact d’éventuelles   catastrophes.

 

 En matière d’infrastructures routières, cela n’est pas  sans conséquences. Quel est, selon vous, l’impact de ces pluies torrentielles  sur les routes ?

 

  Les fortes pluies accentuent les dégradations des routes en terre. En effet, l’eau est l’ennemie première des routes en terre. Les dégradations telles que l’éboulement du remblai, la formation des flaques, les ornières, les nids de poule, les ravins, les bourbiers, etc. rendent les routes en terre impraticables en saison des pluies.

 

 Le constat donc : l’état des routes a pris un sérieux coup et certaines zones sont même inaccessibles. Qu’est-ce qui sera fait dans l’immédiat pour les  usagers qui sont obligés de faire de longs détours  pour arriver  à destination ?

 

• L’état de certaines routes, comme le tronçon RR21 Banfora-Sindou, a pris un sérieux coup dû aux pluies exceptionnelles du 28 août 2007. Des travaux sont prévus incessamment  pour rendre ce tronçon praticable grâce à l’Entreprise COGEB International.

 

Quels sentiments  pour les victimes des inondations dans votre région ?

 

• J’exprime ma vive compassion à l’endroit des populations sinistrées et les assure une fois de plus de notre disponibilité à les accompagner dans leur réhabilitation.

   

Quel appel pouvez-vous lancer aux les populations de façon générale face à ces drames ?

 

• J’en appelle au sens de la solidarité de tous à l’endroit des sinistrés, car personne n’a souhaité de tels drames. Que cet élan soit  individuel ou pas, chacun doit faire montre de compassion et d’actions salutaires au bénéfice de ces sinistrés.

    

Avez-vous un dernier mot ?

 

• Je saisis cette occasion pour encore assurer les personnes en détresse de l’appui constant de l’Etat et de ses partenaires ainsi que de la solidarité  de toute la population des Cascades face à cette situation. Je garde espoir que la saison agricole sera très fructueuse dans la région des Cascades et partout ailleurs dans notre pays en dépit de ces cas d’inondations. Je vous remercie.

 

NB : photos du gouverneur des Cascades,  une vue du pont menant sur la centrale hydroélectrique de Niofila,  emporté par l’eau, et du calvaire des usagers à travers les traversées difficiles. 

 

Ce pont menant à la centrale hydroélectrique est emporté par l’eau, rendant inaccessible cette localité

 

Pénible traversée pour les usagers sur les axes routiers

 

Propos recueillis par

Luc Ouattara

L’Observateur Paalga du 13 septembre 2007



12/09/2007
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