L'Heure du Temps (Blog d'Information sur le Burkina Faso)

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Affaire Kundé : Retour sur les lieux des crimes

Affaire Kundé

Retour sur les lieux des crimes avec des parents des victimes

 

Une vente de véhicule par Maïga M. Ali aboutit à des crimes d'une monstruosité épouvantable avec comme victimes Maré Bambo Oumar et Bansé Sempana (l'acheteur) dont les corps ont été découpés par leur(s) bourreau(x) et jetés dans les barrages de Boulmiougou et de Tanghin à Ouagadougou. Comment en est-on arrivé, nous demandions-nous dans notre précédente livraison, à de telles extrémités, qui ont entraîné la destruction de certains maquis de la chaîne des bars-restaurants-dancings "Les Kundé", où le sieur Maïga, disait-on, avait des intérêts ?

Petit à petit, le voile se lève sur cette ténébreuse affaire. Hier, nous sommes d'ailleurs allés sur les lieux du crime avec des membres des familles des défunts.

 

Mercredi 14 mars 2007. Le tronc d'un homme est découvert au barrage de Ouaga 2000. Les membres inférieurs et supérieurs sont retrouvés plus tard à Bassinko, village situé sur la route de Ouahigouya. On n'a pas fini d'épiloguer sur ce cadavre qu'un autre est signalé le lendemain. Cette fois, c'est au barrage de Boulmiougou, sur la Nationale 1. Le corps de la victime était découpé, enveloppé dans un sachet noir et enfoui dans un sac. Les deux  têtes ont été découvertes au barrage de Tanghin dans l'après-midi du samedi 16 mars.

Ces horribles meurtres ont une similitude. Le lien est vite établi, et la police arrête deux suspects : Maïga M. Ali et Sana Aboubacar.

Un troisième est introuvable, puisqu'il a déjà franchi  les frontières nationales (il était signalé au Togo).

Le premier présumé coupable est le fils d'un monsieur qui serait copropriétaire de la chaîne des bars-restaurants-dancings Kundé. Cette information, qui reste à prouver, déchaîne les passions, et les maquis Kundé, dont le succès fulgurant est vite mis en doute, sont les cibles de la vindicte populaire. Ainsi, les vendredi 15 et samedi 16 mars ont été des jours de tourmente pour les Kundé, dont le fleuron, à la Cité An II, qu'on disait appartenir au père du supposé cerveau de l'affaire, ainsi que son domicile sont partis en fumée. D'autres propriétés du groupe seront également la cible des manifestants.

Hier, en fin de matinée, nous sommes allé au domicile mortuaire (celui de Maré) sis côté Sud de la Cité universitaire de la Patte-d'oie. Les parents des défunts nous ont retracé le film des événements et nous ont accompagné sur les lieux du crime, à côté du nouveau CSPS de Saaba, construit sur financement de la République de Chine.

 

Maïga livre les Kundé à la vindicte populaire

 

A en croire nos interlocuteurs, tout est parti  d'une vente  de véhicule entre Maïga M. Ali et Bancé Sempana, transporteur de marchandises résident à Médiga, dans le Zoundwéogo, et non Maré comme cela avait été dit.

Bancé, disposait, pour ses activités d'un camion de transport communément appelé 10 tonnes. Il y a de cela un mois, il décida de le vendre pour s'acheter un autre. Il prit alors contact avec son ami et "frère" Maré Bambo Oumar, lui aussi transporteur, mais sur l'axe Ouaga-Zabré. Maré sera l'intermédiaire puisqu'il réside en partie dans la capitale burkinabè. Le marché est conclu : Maïga vend le véhicule à 5 millions. Bancé lui remet une brique et promet de revenir verser le reliquat.

Le vendredi 9 mars 2007, il quitte ses quatre femmes et ses 22 enfants à Médiga et arrive à Ouaga pour compléter le montant conclu et récupérer son camion. Sur place, Bancé constate que Maïga a placé ledit camion, mais il lui propose un autre, qu'il ne veut pas, exigeant que son million lui soit restitué en intégralité, puisque le revendeur voulait en soustraire  150 000 F.

Le mardi 13 mars, vers 10h, Bancé et Maré  se transportent sur la moto d'un neveu et rejoignent Maïga à Ouagarinter pour entrer en possession de leur dû. Ils ne reviendront plus jamais. 48 heures après, la famille de Maré à Ouaga convoque Maïga à domicile pour savoir où sont passés Bambo et Sempana, puisque la dernière fois qu'eux les avaient vus, ils disaient aller à un rendez-vous avec lui. Celui-ci explique qu'ils sont venus prendre leur argent et sont repartis. Il ajoute, l'air de quelqu'un qui n'a rien à se reprocher, qu'à tout moment, leurs parents peuvent le contacter puisqu'il est connu à Ouaga avec les Kundé de la Cité An II, dont la cour appartient à son père. Il aurait ajouté également qu'il devait d'ailleurs se rendre à Banfora pour le voir, car il y est et serait souffrant.

 

De nombreuses questions sans réponse

 

Du coup, l'on comprend pourquoi les manifestants s'en sont pris à ce bar, saccageant et incendiant les lieux. Si méprise donc il y a, elle doit être le fait de Maïga Modibo Ali, puisque c'est lui qui aurait lâché le nom des Kundé pour se couvrir.

La suite de l'histoire, on la connaît : le sieur Maïga sera arrêté par la police ainsi qu'un de ses complices, Sana Aboubacar. Il est établi qu'un des meurtres a été commis  au CSPS de Saaba, en plein jour, comme nous l'écrivions dans notre édition d'hier.

Sur place, des traces de sang sont visibles sur le mur du CSPS ainsi que les pneus de la 4x4, confirmant qu'il y a eu chasse à l'homme sous le regard des voisins ou des passants, puisque des habitations sont à dix mètres des alentours, ce qui amène à se poser bien des questions : comment une telle course-poursuite a pu avoir lieu aux environs de 13 heures sans que personne n'intervienne ?

Le  différend au sujet du véhicule est-il le véritable mobile du crime ? Et pourquoi avoir dépiécé les corps ?

... Les questions, nombreuses, ne cessent de tarauder les esprits. (Lire aussi réflexion, p.24)

 

Adama Ouédraogo Damiss

L’Observateur Paalga du 20 mars 2007



20/03/2007
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