L'Heure du Temps (Blog d'Information sur le Burkina Faso)

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Après l’inculpation de la CPI, le maréchal El Béchir compte ses amis

Darfour

Après l’inculpation de la CPI, le maréchal El Béchir compte ses amis

Le colonel putschiste anjouanais Mohamed Bacar, débarqué il y a quatre mois par les forces de l’Union africaine et comoriennes atterrissant par vol spécial au Bénin pour un exile doré ; le candidat démocrate américain, Barack Obama, à la pêche dans les océans hostiles afghans et irakiens ; hélas, l’ancien vice-président de la République démocratique du Congo (RDC), le balourd Jean Pierre Bemba, qui se surprend dans une cellule à la Haye, menottes aux poignets, aux côtés de cette autre légende de la terreur ouest-africaine.

Charles Taylor, invité à confesser devant la justice internationale les pires atrocités que lui et ses troupes auraient fait subir à des Centrafricains voulant déguster de l’Ange Patassé ; Benoît XVI qui bat sa coulpe à Sydney aux Journées mondiales de la jeunesse (JMJ) pour les crimes de pédophilie dont sont convaincus des prêtres australiens ; une petite lueur d’espoir qui pointe enfin aux portes du Zimbabwe, où l’ONU et l’UA sont appelées en renfort à la médiation entreprise par le Sud-Africain Tabo M’Béki après le hold-up électoral orchestré par l’ancêtre de la lutte anticoloniale et antiapartheid, Robert Mugabe.

Voilà ainsi peinte l’actualité internationale de la semaine qui vient de tirer sa révérence, mais a été reléguée au second plan à la Cour pénale internationale (CPI), où le procureur ne désespère pas d’obtenir l’inculpation du président soudanais, coupable, à ses yeux, de : génocide, crimes contre l’humanité et crimes de guerre dans l’enfer du Darfour.

Décidement donc, Luis Moreno-Ocampo persiste et signe sa déposition contre le Maréchal Hassan Omar El Béchir, au moment où le Statut de Rome, qui créa la Cour pénale internationale, souffle ses dix bougies, et en dépit du branle-bas politico-diplomatique qui en résulte dans de nombreuses capitales à travers le monde. La discordance des voix qui se font entendre depuis la requête d’un mandat d’arrêt contre le maître de Khartoum est bien le témoignage que le procureur ne fait pas l’unanimité dans sa démarche.

Il n’y a, en effet, qu’à considérer les réactions de l’Union africaine, de la Ligue arabe, qui s’est réunie en urgence ce week-end au Caire, et de certaines puissances telles la Chine et la Russie pour s’en convaincre. Luis Moreno-Ocampo a beau se défendre de ne pas pratiquer la politique des deux poids deux mesures, on peut s’étonner tout de même de son refus de voir du côté de l’Irak, de l’Afghanistan, du Pakistan et surtout dans le Bureau oval à la Maison-Blanche, où les clients sont légion.

Certes, la situation au Darfour interpelle toute la communauté internationale, mais y remédier consisterait-il à décapiter l’Etat soudanais, déjà malade de ses rebelles ? Même si le procureur de la CPI a reçu le quitus du Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki Moon, pour qui "la recherche de l’équilibre entre justice et paix ne doit jamais être influencée par les menaces et gesticulations de ceux qui cherchent à échapper à la justice", il y a lieu de s’interroger sur l’opportunité de l’action engagée. En tout cas, le ministre égyptien des Affaires étrangères, Abdoul Gheit, n’a pas été mal inspiré de mettre en garde contre "le danger de traiter de manière irresponsable la situation au Soudan, qui pourrait déboucher sur une détérioration grave de la sécurité et saper la stabilité politique, particulièrement dans la région du Darfour".

Même hymne au sortir de la réunion de la Ligue arabe, où les participants ont, en chœur, condamné la demande de mandat d’arrêt formulée par Luis Moreno-Ocampo, et dénoncé, dans une résolution adoptée à l’unanimité, une mise en cause "non objective", enfreignant la "souveraineté", l’unité et la stabilité du Soudan. En attendant la sentence du Conseil de Sécurité, qui devrait décider de suivre, ou non, le procureur, les appels à une suspension de l’éventuelle inculpation du président soudanais, aux termes de l’article 16 du même Statut de Rome, se multiplient. Mais le Maréchal Hassan Omar El Béchir, en bon stratège, qui sait que la conjoncture ne se prête pas à l’ouverture de plusieurs fronts, n’en attend rien, qui a tendu la main à son voisin et ennemi adoré du Tchad.

Idriss Déby Itno, le maître de N’Djamena, qui retient dans ses mémoires de guerre les quelque 30 attaques qu’il a essuyées du Soudan et les multiples accords de paix rompus, consultera ses devins avant de s’y embarquer, mais l’offre n’est-elle pas à saisir, quand on sait que l’épée aiguisée par la CPI pour décapiter le maréchal peut se révéler plus tranchante au cou du général qu’il est ? En tous les cas, ce n’est pas le procureur Ocampo, assis sur son dilemme onusien, qui se priverait d’un tel plaisir, si jamais le Conseil de Sécurité des Nations unies venait à lui donner carte blanche pour sévir au Soudan et au Tchad.

La Rédaction

L’Observateur Paalga du 21 juillet 2008



21/07/2008
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