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Assassinat d’un militant CDP à Boussouma : "Halidou Gouem vivait une insécurité totale dans sa famille"

Assassinat d’un militant CDP à Boussouma

"Halidou Gouem vivait une insécurité totale dans sa famille"

Depuis bientôt 4 mois, un sujet fait l'actualité dans la commune de Boussouma. Il s'agit de l'assassinat d'un militant CDP, Halidou Gouem, le 22 juillet dernier. Dans une localité que se disputent l'UPR et le parti au pouvoir, l'enquête n'a toujours pas désigné les auteurs du crime mais apparemment, chacun voit une piste. Face aux accusations portées contre leur parti, "un militant de luxe", Lansandé Bangagné, DG de l'hôpital Sanou Souro de Bobo Dioulasso, a accepté de répondre à nos questions.


Qui était le défunt Halidou Gouem ?

Je voudrais d'abord vous remercier de m'avoir donné l'occasion de parler de ce dossier brûlant de Boussouma, dossier sur lequel certains individus ont cru pouvoir se substituer au juge d'instruction, en désignant avant la fin de l'enquête préliminaire , l'auteur du crime. Alors, Halidou Gouem est un fils du département de Bousouma. Il appartient à une famille dont tous les membres (sauf lui et sa femme) appartiennent à l'Union pour la République (UPR) qui se dispute le leadership dans la localité au CDP, en utilisant des méthodes moyenâgeuses.

Justement, que savez-vous de cette affaire d'assassinat qui défraie la chronique depuis quelque temps ?

Ce que je sais, c'est que Halidou Gouem a reçu nuitamment des balles d'un tireur anonyme pendant qu'il dormait paisiblement avec sa famille sur sa terrasse. Il a été transporté au CSPS de Boussouma, ensuite au CHR de Tenkodogo puis au Centre hospitalier universitaire Yalgado Ouédraogo où il trouva la mort le 6 juillet 2007. Comment cela est-il arrivé ? par qui ? Nous pensons que seule la justice peut élucider ces questions.

Depuis le début de cette affaire, on a parlé d'un règlement de compte entre militants du même parti (CDP). Que répondez-vous à cela ?

Des allégations ont été avancées dans la presse et les pistes évoquées ont contribué à brouiller les enquêtes telles que les forces de sécurité les menaient pour découvrir le ou les auteurs du crime. Effectivement, on a évoqué un problème d'argent mal réglé entre les militants d'un même parti et notamment de 2 millions de CFA sortis des comptes d'un COGES. La vérité, c'est qu'on ne peut sortir autant d'argent que pour acheter des médicaments. S'il doit servir à autre chose, il faut que ce soit avec l'autorisation du médecin-chef dont relève le CSPS. C'est donc dire que 2 millions de F CFA ne peuvent pas disparaître des comptes du COGES aussi facilement qu'on veut le faire croire ; encore que le montant a été ramené à 1 million 300 mille F CFA.

A Boussouma, votre parti a organisé une marche le 22 juillet 2007. Quel était l'objectif poursuivi par cette activité ? Est-ce parce que vous vouliez vous dédouaner par rapport aux soupçons qui pesaient sur vous ?

Avant de répondre à cette question, permettez-moi de revenir sur certains faits. Selon le témoignage de la femme, quand on a tiré sur son mari, un frère du défunt est arrivé (Bassidou) et elle est allée chercher du secours dans une autre famille. On est en droit de se poser des questions. Pourquoi après un tel coup de feu, c'est un frère du défunt qui vient voir la femme ? Ensuite, pourquoi la femme quitte la cour pour aller chercher secours ailleurs ? Cela veut dire qu'il y a un problème.

Et le problème se trouve où ?

Je ne saurais vous le dire. Mais, le fait que Halidou Gouem et sa femme soient les seuls militants CDP dans une cour où tout le monde est UPR, s'apparente, pour cartains, à un crime. Halidou Gouem dit Conombo avait été roué de coups en 2006 après une cérémonie du CDP à Boussouma. Il a déposé une plainte à la gendarmerie et cela elle est vérifiable. Tout récemment, sa femme a été agressée par une autre de sa grande famille, pour son appartenance au CDP. Conombo ne l'a pas accepté et il a encore déposé une plainte à la gendarmerie. Le fils de la femme en question, du nom de Salif Zédouma, a juré d'avoir la peau de Conombo parce qu'il aurait gâté le nom de sa mère (une Hadja) en la convoquant en justice.

Est-ce que ces informations ont été portées à la connaissance de la gendarmerie ?

Tout ce que je dis a été porté à la connaissance de la gendarmerie au cours de l'enquête préliminaire. Nous n'inventons rien. C'est donc dans ce climat d'insécurité totale que Halidou Gouem a été assassiné dans la nuit du 5 au 6 juillet 2007. L'objet de notre marche du 22 juillet dernier était simple : nous avons perdu un fils et un frère. L'ensemble des ressortissants de la commune de Boussouma ont décidé de marcher pour dire à qui de droit que justice doit être rendue à Halidou Gouem et à sa femme. Nous voulons que l'enquête aille jusqu'au bout pour que le ou les auteurs, d'où qu'ils viennent, soient retrouvés et punis à la hauteur de leur acte.

Aujourd'hui, un de vos militants, Adama Bambara, une première fois interpellé puis relâché, est de nouveau aux arrêts. Qu'est-ce qu'on lui reproche exactement ?

Je ne peux pas répondre à cette question parce que la justice a ses raisons que nous ignorons. Il a été dit que le seul tort de Adama Bambara, c'est d'avoir eu une altercation avec Halidou Gouem la veille de son assassinat. On lui reproche également d'être resté dehors lors de la présentation de condoléances des ressortissants de Boussouma à Ouagadougou, à la famille du défunt. Je voudrais dire, à ce propos, qu'en Afrique, quand vous êtes avec des aînés, vous ne pouvez pas tout le temps les marquer à la culotte. Et les hommes ne sont pas tenus d'entrer dans la cour pour saluer les femmes. Si c'est pour ces raisons que Adama Bambara a été remis aux arrêts par le procureur du Faso à Tenkodogo (ce que nous ne pensons pas), c'est un tort. S'il a d'autres informations qui justifient cette décision, nous nous remettons entre les mains de la justice.

Selon vous, quelles sont les pistes possibles dans l'assassinat de Halidou Gouem ?

A cet stade, aucune piste n'est à écarter. Nous refusons les analyses à sens unique. Ensuite, un certain Jean Bambara dit être au courant de tout et n'avoir confiance en personne. Nous avons dit en son temps que le procureur aurait dû arrêter un tel monsieur pour qu'il donne les informations qu'il détient par- devers lui. Nous le considérons comme un suspect sérieux.

Est-ce que vous êtes à mesure de dire aujourd'hui qu'il faut rechercher les coupables dans le camp de l'UPR ?

L'objectif de la marche, c'était de demander que les auteurs soient retrouvés et punis, quelle que soit leur appartenance politique.

Quelque chose vous est-il resté sur le coeur ?

Voyez-vous, Halidou Gouem vivait une insécurité totale dans sa famille. Il a déposé plusieurs plaintes à la gendarmerie suite aux agressions dont il a été l'objet. Si cela avait été pris au sérieux, peut-être que la situation actuelle ne serait pas survenue à Boussouma.

Propos recueillis par Dayang-ne-wendé P. SILGA

Le Pays du 29 octobre 2007



29/10/2007
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