L'Heure du Temps (Blog d'Information sur le Burkina Faso)

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"Aujourd'hui, le pouvoir et nous, c'est chien et chat" (Hamado Dabo, vice-président de l'UNDD)

Hamado Dabo, vice-président de l'UNDD

"Aujourd'hui, le pouvoir et nous, c'est chien et chat"

 

S'il est un parti qui ne tarit pas de déclarations et de conférences de presse ou publiques pour donner son point de vue sur tel ou tel événement national ou international, c'est bien l'UNDD (Union nationale pour la démocratie et le développement) de Me Hermann Yaméogo. Pourtant, et contre toute attente,  des formations politiques qui représentent quelque chose au Burkina elle est de celles qu'on n'a pas entendues lors de la commémoration bicéphale de ce 15-Octobre.

Alors même qu'elle a cheminé, dès ses premiers pas, avec le rectificateur. Pourquoi ce mutisme et quelle a été la part des membres de cette formation dans le retour de notre pays à une vie démocratique? C'est, entre autres, des questions auxquelles répond le vice-président de la formation, El hadj Hamado Dabo.

Si pour notre interlocuteur du jour "la révolution, c'est pire que tout", il estime cependant qu'ils ont toujours été payés en monnaie de singe par le régime actuel et qu'aujourd'hui, entre le pouvoir et eux, "c'est chien et chat". Reste à savoir qui est le chien et qui le chat.

 

Le 15-Octobre rappelle l’assassinat de Thomas Sankara, mais aussi le passage d’un régime d’exception, le CNR, à un régime de droit démocratique, la 4e République, via le Front populaire. Comment avez-vous vécu cette mutation ?

 

• Pour commencer, disons que sous le CNR, il y avait deux catégories de Burkinabè : les révolutionnaires, ceux qu’on considérait comme  bons ;  les contre-révolutionnaires, ceux qui étaient taxés de mauvais. Nous, nous étions de la 2e catégorie et ça n’a pas été du tout facile.

D’abord, quand le CMRPN (Comité militaire de redressement pour le progrès  national) a été renversé et que le CSP (Conseil de salut du peuple) est venu au pouvoir, nous avons pensé qu’on allait s'engager vers le retour à une vie constitutionnelle normale. Il y avait deux tendances dans le CSP : une qui voulait en finir pour toujours avec les coups d’Etat et revenir à la démocratie, avec Jean-Baptiste Ouédraogo, et une autre qui voulait prendre le pouvoir pour faire une autre expérience : la révolution, avec les Thomas Sankara, Blaise Compaoré, Lingani et autres.

Nous, nous étions du côté de Jean-Baptiste et, à l’époque, nous avons même encouragé une marche de Koudougou  à Ouagadougou pour le soutenir et empêcher le putsch qui se dessinait.

Malheureusement, cela n’a pas été possible et il y a eu le coup d’Etat du 4-Août, qui a amené les intellectuels du PAI/LIPAD et les autres à demander qu'on transforme ce coup d’Etat en Révolution. Me Hermann Yaméogo, à l'époque, a tout fait pour que son père quitte le pays ; il ne l’a pas pu. Il est resté avec sa femme pour suivre l’évolution de la situation. Vraiment, ça n’a pas été facile pour nous à ce moment-là.

Moi-même, j’étais parmi les nombreux dégagés. Beaucoup de mes parents aussi l'ont été. J’ai connu des gens qui ont perdu la vie, qui ont fait la prison. Le président Maurice Yaméogo, qu’on traitait de contre-révolutionnaire, a été enlevé et amené à Pô, en même temps que Jean-Baptiste Ouédraogo, Joseph Ouédraogo, Gérard Kango Ouédraogo, Jean-Baptiste Kafando et bien d'autres. Sans l’intervention de Blaise Compaoré, ils auraient été exécutés.

Quand Me Hermann Yaméogo venait à Ouaga, on parlait de la situation et, toujours, nous souhaitions de tout coeur que Dieu nous aide vraiment dans cette affaire-là.

 

Vous avez donc applaudi au changement survenu le 15 octobre 1987 ?

 

• Nous avons été choqués parce qu’il y a eu mort d’hommes et parce que Sankara était une grande figure connue à l’étranger et qui défendait la dignité du pays. Mais à côté de ce qu’on faisait de bon comme "Les trois luttes", "Consommons burkinabè..." , etc.,  il y avait des choses très mauvaises : il n’y avait pas de liberté, pas de démocratie; on torturait, on violait... Il y avait le chantage, les enfants dénonçaient leurs pères, les femmes leurs maris, tout était bouleversé. Quand on se couchait le soir, on ne savait pas ce qui allait nous  arriver le lendemain au réveil.

Donc, quand il y a eu le 15-Octobre, malgré les morts, nous avons dit qu’il faut appuyer le changement pour ne pas revenir à la Révolution, qui est pire que tout.

Le 15 octobre 1987, il y avait ceux qui étaient mécontents, très tristes d’un côté, les sankaristes; ceux qui étaient contents, c’est-à-dire les blaisistes. Mais il y avait aussi ceux qui n’étaient  dans aucun de ces  deux  camps, comme nous, c’est-à-dire les victimes de la Révolution. On était plus ou moins content, mais on ne voyait pas clair encore.

 

Le 15 octobre 2007  a été doublement célébré chez nous.  Que pensez-vous de tout cela ?

 

• Nous  sommes mal placés pour dire à un bord de ne pas fêter un événement qu’il juge important pour lui. Mais je peux dire, et c’est aussi  la position de mon parti, que des deux côtés, on a manqué quelque chose.

Il est bien vrai que le 15 octobre, Thomas Sankara, le chef de la Révolution a été tué, que de l’autre côté, Blaise Compaoré, le chef de la mouvance présidentielle, est monté au pouvoir; donc la date est importante pour eux. Mais comme on disait, le 15-Octobre a marqué un changement pour tout le pays : il a posé des jalons pour tous les Burkinabè, tous les partis politiques.

 

Vous revendiquez donc votre part du 15-Octobre ?

 

• Ce que je dis, c’est que d’un côté et de l’autre, on pouvait proposer de se rencontrer sur les questions de la nation, parler des droits de l’homme, de la pauvreté, de la corruption, de l’insécurité, de la démocratie…, voir comment il faut faire, s’il y a des côtés positifs, pour diminuer les côtés négatifs. Et pour nous, à l’UNDD, il y a beaucoup de choses à revoir dans la gestion du pays. Cela n’a pas été fait.  Chacun des anciens camarades du CNR a célébré l'événement de son côté.

 

Mais le pouvoir devait-il, à votre avis, faire ce rappel historique le même jour que les sankaristes ?

 

• Pour ça, les gens n’ont pas apprécié et surtout  les jeunes. Et nous pensons que la mouvance présidentielle pouvait choisir une autre date. Ça ne manque pas et si elle voulait coûte que coûte faire ça le même jour, elle devait trouver des idées, comme j’ai dit, pour faire quelque chose de général, de national, et reconnaître ses erreurs mais ne pas seulement dire que tout est bien, tout est parfait, avec des applaudissements partout. Ça, c’est choquant et dangereux.

 

On a parlé beaucoup d’histoire, du 4-Août et du 15-Octobre bien sûr, de la Rectification, du Front Populaire, de la 4e République. Quelle a été votre part dans tout cela?

 

• Vraiment, on ne peut pas parler du 15-Octobre, de la Rectification, du Front Populaire, de la 4e République sans parler de nous, sans parler de Me Hermann Yaméogo.

Je vous apprends que dès le lendemain du 15 octobre 1987, il a écrit au chef de l’Etat pour lui dire qu’il l’appuyait pour qu’il engage l’ouverture démocratique. Yé Bongnessan l’a rencontré pour le remercier et lui demander de tenter d’apaiser la situation à Koudougou avec son frère, Boukary Kaboré dit  le Lion, qui s'était rebellé. Il a fait plusieurs fois des déplacements pour cela.

Nous avons créé le premier mouvement politique, le Mouvement des Démocrates Progressistes (MDP) pour aider l’ouverture et nous sommes allés ensemble, au nombre de 10, au Conseil de l’Entente pour parler de la situation avec le chef de l’Etat. C’est en marchant les mains en l’air que nous avons traversé le Conseil. Il y avait  les Issaka Kaboré Zindbala, chercheur au CNRST, Alphonse Ouédraogo et Charles Batiga, qui sont  décédés,  Dramane Yaméogo, actuel ambassadeur au Nigeria, Koté Zakalia, actuel ministre de la Justice, moi-même avec Hermann.

Nous avons rencontré des personnalités comme Gérard Kango Ouédraogo, le Goungha Naaba, le chef de Nanoro..., pour leur demander de soutenir le Front Populaire. Certains ont refusé parce qu’ils ne voulaient pas avoir de contacts avec des militaires en qui ils n’avaient plus confiance; d’autres, par exemple Joseph Ouédraogo et  Oumar Songoti, sont venus encourager Me Hermann à son cabinet et l'inciter à continuer.

 

 Vous avez donc été des acteurs-clés de cette période ?

 

• Jusqu’à aujourd’hui, nous le disons  haut et fort, nous avons été des acteurs, je pense importants, de cette période. Je remercie d’ailleurs Yé Bongnessan et le Lion qui ont un peu rappelé notre rôle. Pour l’histoire, même si ça ne plaît pas à certains, il faut l’accepter.

Grâce à notre agitation, nous avons aussi apporté notre contribution  à l'évolution des choses. C’est nous qui avons demandé par exemple la reprise des licenciés et des dégagés, la libération des détenus au Conseil, le retour des exilés, la réhabilitation des présidents Maurice Yaméogo et Saye Zerbo... Quand cela a été fait, nous avons félicité qui de droit et demandé de faire plus : réhabiliter la mémoire de Sankara et amorcer la démocratisation. Des gens à l’époque à l’opposition, dont beaucoup sont aujourd’hui au CDP, nous ont dit qu’on ne devait pas féliciter Blaise parce que le pouvoir était obligé de faire ainsi. Nous avons répondu que quand c’est bien, on doit reconnaître que c’est bien; et quand c’est mauvais, il faut aussi le dire.

Et je vous dis que ce n’était pas facile en ce temps-là de demander des choses comme ça. On faisait de petits écrits qu’on mettait dans les boîtes postales ou qu’on jetait au cours des manifestations. A cause de cela, le président du MDP a même été interpellé et gardé à la gendarmerie, que Jean-Pierre Palm, à l’époque, dirigeait.

Les gens ne le savent pas, mais c’est nous qui avons encouragé la création de la CNPP et de l’UDPB pour agrandir le nombre des acteurs politiques. C’est comme ça qu’ils sont entrés après nous au Front Populaire. Les réunions avec eux se tenaient à mon domicile. Les Pierre Tapsoba, Tibo Joseph Ouédraogo et autres sont toujours là. Ils peuvent dire si je mens ou si je dis la vérité.

 

 Etiez-vous vraiment acceptés au Front Populaire ou est-ce par calcul qu'ils vous ont accueillis ?

 

• La vérité est bonne à dire : c’était dur. On parlait de rectification et d’approfondir la révolution alors que nous, on voyait les choses du côté de l’ouverture démocratique. Ça ne plaisait pas à tout le monde. Il y en avait du côté de Blaise Compaoré, qui disaient : «Voyez les réactionnaires-là qui veulent reprendre les choses en main». Quand on a arrêté Henri Zongo et Jean-Baptiste Lingani, c’est ce qu’ils ont dit. On disait que nous, au MDP, on allait vite et c’est vrai : on parlait de retour à la démocratie, on demandait de rédiger une Constitution et ce n’était pas accepté. Les gens parlaient seulement de constitutionnaliser la révolution.

Au cours d’une réunion où il y avait notamment Salif Diallo, Gabriel Tamini, nous avons rejeté l’idée de constitutionnaliser la révolution et de limiter le droit de vote au Burkina Faso. Pour nous, il fallait «un homme, une voix». On a même déposé un document constitutionnel et Me Yaméogo a présidé une commission pour travailler sur la limitation du nombre des partis, car on craignait pour le futur. Malheureusement, la commission n’a pas eu le temps de grandir.

 

 Vous avez donc contribué à la naissance de la 4e République ?

 

• Oui !  S’il y en a qui parlaient d’approfondir la révolution, d’autres de constitutionnaliser la révolution, et qu'on en est venu à la vie démocratique, c’est aussi parce que nous avons joué notre rôle avec d’autres comme la CNPP, l’UDPB.

Pour nous, c’était important de faire la réconciliation. Avec les anciens de la 3e République (RDA, UNDD, FPV...) mais aussi avec les anciens du CNR comme le PAI. On a même rencontré des leaders du PAI comme Adama Touré à l’époque et demandé à Blaise Compaoré de se réconcilier avec eux. Si  le MBDHP est né avec Halidou Ouédraogo, nous y avons aussi contribué à notre manière. Me Hermann  a dit à tous les membres du bureau du MDP, à tous les militants de prendre la carte du MBDHP ; dans les provinces, certains des responsables du mouvement étaient des responsables du MDP, que nous avons recommandés.

Après cela, nous avons fait à chaque fois des propositions et engagé des actions pour arranger les choses et sauvegarder la paix.

Quand on parle de CENI, de liste nationale, de bulletin unique, de statut de l’opposition, du paraphe du bulletin, des urnes transparentes, d’informatisation du fichier électoral, de régionalisation.., nous en sommes à la base. La question du vote des Burkinabè de l'étranger, c'est depuis le MDP que nous demandons ça. Aujourd'hui, beaucoup parlent d'œuvrer à ce que les émigrés reviennent voter chez eux. Nous avons écrit à cet effet au gouvernement français il y a plus de 15 ans. Nous avons soutenu  une pétition pour qu’il y ait une amnistie concernant des faits commis sous tous les régimes d’exception ; cela a  été bloqué par le pouvoir, même à l’Assemblée. Cette idée,  le Guinéen Alpha Condé l’a reprise  à son compte et il voulait même la proposer aux plans sous-régional et africain. Il a contacté l’opposition burkinabè qui était d’accord. Maintenant, il est question de démocratie consensuelle, même en France. Au colloque à Ouaga 2000, on en a parlé. Et qui ne sait pas que quand on dit "tékré", ou démocratie consensuelle, c'est nous ? J’oublie beaucoup d’exemples mais je sais que  si on connaît un peu l’histoire du pays, on reconnaîtra aisément que c’est nous qui étions davantage au-devant des choses. Et quelqu’un comme l’ancien président de l’Assemblée, Maurice Mélégué Traoré, qui a travaillé dans des commissions avec le président de l’UNDD, en sait bien quelque chose.

Aujourd’hui, beaucoup disent : "C’est moi qui ai fait ça, c’est moi qui ai dit ça", mais ce que je vous dis, c’est la vérité et on peut le vérifier. Lorsque le capitaine Tibo Ouédraogo (actuel directeur du Parc automobile de l'Etat) a été libéré, sa femme est venue nous en remercier ; lorsque Pierre Claver Damiba est rentré d’exil, à Pouytenga et à Koudougou, il a publiquement souligné notre action. Lorsque nous nous sommes rendus à Tougan chez le président Saye Zerbo, il a mentionné le rôle que nous avons joué dans sa réhabilitation…

 

Pourquoi n’étiez-vous alors pas en bonne place  pour fêter la renaissance démocratique ?

 

• Il faut dire les choses clairement. C’est vrai que nous avons fait tout cela mais nous avons toujours été payés en monnaie de singe; et, aujourd’hui, le pouvoir et nous, c’est chien et chat. Nous avons subi des coups d’Etat réussis ou manqués plus qu’aucun autre parti. Nous en avons connu  avec le MDP, le MDP/ADF, l’ADF, l’ADF/RDA, l’UNDD. Si on veut compter tous les partis qu’on a créés comme ça, on en viendrait à en dénombrer plus de 20. On veut nous éliminer de la carte avec des fraudes.

Regardez comment les dernières élections législatives se sont déroulées. Une femme membre du gouvernement et candidate, dont je tais volontiers le nom, a pu distribuer plus de 30 moulins à mil d’un projet pendant la campagne ! Un député du parti au pouvoir m’a personnellement dit que le CDP allait prendre trois sièges au Bulkiemdé et laisser le 4e à l’ADF/RDA, cela avant l’élection, parce qu’on ne voulait absolument pas de nous… Voyez  comment la justice fonctionne, sans parler des affaires !

Avec ça, on ne peut pas parler de renaissance démocratique, ce n’est pas vrai !

Il est bien vrai que ce n’est plus la révolution, mais il y a beaucoup de choses qu’il faut changer. Heureusement que l’affaire de la Côte d’Ivoire est en train de s’arranger, comme on l’avait demandé.

Pour nous, la vraie démocratie doit être comme  nous le souhaitons: la refondation. Sinon, ce n’est pas nous seuls mais tout le monde qui voit venir le blocage.

 

 Quel est votre problème avec le pouvoir ?

 

• C’est un  problème de choix, pas d’hommes ou de vengeance. Nous  disons ce que nous pensons sur la vie du pays et même de l’extérieur. Et on nous dit qu’on parle trop. Il y a eu trois choses qui nous ont choqué : l’affaire de l’ADF/RDA, celle de la Côte d’Ivoire et enfin  la mal gouvernance.

 

Comment supportez-vous alors ce conflit? 

 

• Vous-même  le constatez : est-ce qu’il y a des gens en politique qui ont souffert comme nous ? Mais tôt ou tard, la vérité éclatera. C’est pour cette raison que nous continuons à dire ce que nous pensons être bien pour le pays et ce qui est mal pour lui. Si nous sommes tranquilles, c’est parce que nous n’avons pas les mains tachées de sang et nous ne voulons pas avoir les mains tachées de sang demain. Nous regardons toujours le passé pour souhaiter qu’on fasse tout pour que chacun sente qu’il est chez lui au Faso.

En ce moment, pour dire la vérité, ce que les gens n’aiment pas, surtout ceux qui sont au pouvoir, c'est qu'il y a beaucoup de problèmes dans le pays et ça fait peur. Nous en avons fait  état dans un documentaire et  nous tenons nos réunions normalement, nous faisons des conférences, des sorties et continuons à donner la position du parti sur des problèmes internes ou internationaux. C’est cela notre position spéciale, que nous qualifions de résistance démocratique. Ce n’est pas pour brûler, faire la révolution, c’est refuser le mensonge, les faux arrangements et demander de régler les vrais problèmes des Burkinabè par la relecture du Code électoral, de la Constitution pour avoir des comportements qui vont faire avancer la démocratie. Si on n'agit pas ainsi, l'avenir est incertain,  car le mécontentement grandit  chaque jour de tous les côtés.

 

Propos recueillis par

O. Sidpawalemdé

L’Observateur Paalga du 24 octobre 2007



24/10/2007
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