L'Heure du Temps (Blog d'Information sur le Burkina Faso)

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Blaise Compaoré : "Le Burkina est dans le Top 50 du monde"

Blaise Compaoré sur France 24

"Le Burkina est dans le Top 50 du monde"

 

Le 11 mai 2007, Ulysse Gosset dans le "Talk de Paris" recevait en duplex sur France 24 le commissaire européen à l'aide humanitaire et au développement, Louis Michel, et le président Blaise Compaoré. Pour l'essentiel, il s'est agi des relations françafricaines et euro-africaines. Nous avons retranscrit pour vous la partie concernant Blaise Compaoré.

 

Comment ont été accueillies l'élection de Nicolas Sarkozy et la page qui tourne avec le départ de Jacques Chirac ?

 

• L'Afrique garde vis-à-vis de la France un respect et une amitié qui ne peuvent que se renforcer au regard de ce que nous partageons ensemble depuis des décennies.

 

Est-ce que c'est d'une certaine manière la fin de la Françafrique ?

 

• C'est un mot très fort pour nous parce qu'on ne sait pas ce que ça comporte. Nous sommes convaincu que ces relations ont servi ces deux parties et nous espérons qu'elles vont continuer de se renforcer et de se conforter.

 

Croyez-vous que l'Europe doit donner plus de moyens à l'Afrique pour réduire la pauvreté afin de favoriser le développement ?

 

• Ce qui est certain, c'est que nous avons l'impression que l'Europe s'est engagée pleinement à accompagner l'Afrique dans la réduction de la pauvreté, dans la consolidation de son intégration, la réalisation des infrastructures, en améliorant aussi le débat politique avec l'Afrique ; mais tant qu'elle ne pourra pas s'insérer dans l'économie globale, il sera difficile pour elle malgré les aides d'organiser un développement entier à l'échelle du continent.

 

Monsieur le président, autre phrase significative de Nicolas Sarkozy :  "Je lance un appel à tous les Africains pour que nous puissions décider ensemble d'une politique d'immigration maîtrisée et d'une politique de développement ambitieuse" ; quand vous avez entendu ce message de Nicolas Sarkozy, quelle a été votre réaction alors que l'on sait qu'il y a une certaine méfiance en Afrique de l'immigration maîtrisée ou de l'immigration choisie ?

 

• C'est une belle idée dans la mesure où il faut nécessairement maîtriser l'immigration... Les flux migratoires, les mouvements de populations ne sont pas des phénomènes du 21e siècle. Ce sont des phénomènes qui ont traversé tous les siècles, qui ont fait l'économie du monde, qui ont fait la paix et la guerre dans le monde, mais en même temps, je crois qu'il faut situer la responsabilité des uns et des autres. Lorsque l'on parle de politique migratoire, d'immigration même au niveau de l'Europe, il y a des divergences, on voit parfois, comme on dit, des "appels d'air" par-ci, par-là sans relation avec l'Etat voisin et cela crée à la fois des mouvements qui arrivent sur le continent. Et quand on parle du développement du monde, de la grande prospérité de ce monde et de la précarité qui s'installe dans le Sud, il est certain que ce sont là des phénomènes qui, s'ils ne sont pas maîtrisés, s'il n'y a pas de développement politique ambitieux, s'il n'y a pas de codéveloppement qui ferait du Sud aussi un espace viable, cela va entraîner des problèmes.

 

Monsieur le président, quand Nicolas Sarkozy dit qu'il va venir très vite en Afrique, est-ce que vous êtes très content de cette perspective, est-ce que vous l'inviterez à venir vous voir ?

 

• Il est certain qu'entre la France et l'Afrique, comme entre l'Europe et l'Afrique, il y a des relations qui sont indissociables. Je prends l'exemple du Burkina qui commerce à 40% avec l'Europe ; il est certain qu'un développement plus grand du Burkina ne peut qu'aller vers les intérêts aussi de l'Europe.

 

Quand Nicolas Sarkozy imagine des quotas d'immigration en fonction des emplois disponibles en France, comment vous réagissez ?

 

• Ce sont des messages de campagne que nous avons aussi entendus, mais nous attendons que le président Sarkozy, après son installation, puisse nous décliner la politique de la France et à partir de ce moment, nous allons mieux apprécier.

 

Vous n'avez pas répondu à ma question, est-ce que vous avez l'intention d'inviter le futur président à venir vous rendre  visite ?

 

• Il est invité à tout moment pour visiter à la fois l'Afrique et le Burkina, au regard des relations fortes qui nous lient à la France depuis des années

 

Vous aviez l'habitude de dire "Chirac l'Africain", et Sarkozy à votre avis, monsieur le président, comment pourra-t-on l'appeler ?

 

• Tous les leaders européens généralement ont su gérer ces dernières années leurs rapports avec l'Afrique. Nous avons vu ici au Burkina Faso l'arrivée très forte des pays nordiques et d'autres régions de l'Europe qui ont établi des relations de coopération, de partenariat avec nous ; donc j'ai le sentiment qu'entre l'Europe et l'Afrique et comme entre la France et l'Afrique, ces relations vont rester toujours fortes. Je l'ai souvent rappelé, il y a quelques années, on nous disait qu'après de Gaulle, l'Afrique allait être oubliée mais ce ne fut pas le cas après Mitterrand, après Chirac et Valery Giscard D'Estaing. Je crois que l'Afrique et l'Europe ont des relations à la fois historiques, humaines et politiques qui ne peuvent pas s'effacer d'une élection à l'autre.

 

En ce qui concerne le dispositif d'accord de partenariat économique entre l'Europe et l'Afrique, êtes-vous rassuré ou en tout cas rassurant comme le commissaire Louis Michel ?

 

• Je voudrais rejoindre le commissaire Louis Michel sur le fait qu'aujourd'hui nous sommes, en Afrique, obligés de nous intégrer au monde qui bouge, à l'économie globale, et cela ne peut être qu'une école. Sur le dispositif d'accord de partenariat économique avec l'Europe, nous souhaitons aussi que l'Afrique puisse être écoutée lorsqu'elle pense que la dimension du développement doit être au cœur des accords, parce que sans développement nous ne pouvons pas faire une zone de libre échange avec l'Europe. Concrètement, aujourd'hui lorsqu'il y a des problèmes réels comme c'est le cas du coton pour des millions de cotonculteurs africains, on nous avait annoncé du côté de l'Europe, une quarantaine de millions d'euros pour soutenir les cotonculteurs africains, mais depuis plus de deux ans, nous n'avons pas encore eu un euro.

 

Monsieur le président, on parle de développement, de s'en sortir, de réussir économiquement, est-ce qu'il n'y a pas une responsabilité des élites africaines dans la mauvaise gestion des économies ? Vous êtes au pouvoir depuis 20 ans et votre pays reste un des pays les plus pauvres au monde ; est-ce que vous n'êtes pas un peu responsable vous aussi, même beaucoup ?

 

• Mais nous avons quand même déployé des efforts. Je crois que le Burkina est cité dans le top 50 des pays du monde. Nous avons assuré une croissance soutenue de 6% au moins durant ces dix dernières années, ce qui a permis à la fois de réduire la pauvreté et de créer des infrastructures qui sont actuellement dans de meilleures dispositions pour appuyer le développement de notre économie. Mais quand un pays comme le Burkina qui, en 2003, produisait 400 000 tonnes de coton avec un kilo de coton, qui fait 2 dollars à peu près sur le marché international et aujourd'hui, il arrive à 800 000 tonnes avec comme prix d'achat ; un dollar par kilo sur le marché, vous comprendrez la difficulté de nos pays pour affronter ce marché international.

 

Transcription :

Félix Zounogo Kyelem

L’Observateur Paalga du 16 mai 2006



16/05/2007
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