L'Heure du Temps (Blog d'Information sur le Burkina Faso)

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Burkinabè de tout le pays, ressaisissez-vous !

Célébration nationale des dates historiques

Burkinabè de tout le pays, ressaisissez-vous !

 

La polémique née de la célébration en rangs dispersés de l'anniversaire du 15-Octobre a inspiré l'auteur de l'écrit suivant. Il invite les Burkinabè à dépasser leurs divergences en commémorant désormais de façon unitaire cette date historique de notre pays.

 

La célébration du XXe anniversaire du 15 octobre 1987 sur toute l'étendue du territoire par des forces politiques d'obédiences diverses et de la société civile vient nous rappeler, une fois de plus, l'attachement des hommes intègres au souvenir de cette date désormais historique au Burkina Faso. La grande mobilisation constatée nous permet d'affirmer, sans le moindre risque de nous tromper, que le 15 octobre 1987 a été marquée au fer rouge dans la mémoire collective de tous les Burkinabè. Elle fut une tragédie, au vrai sens du mot, qui a fait perdre la vie à des compatriotes politiquement engagés pour la cause de leur pays. Vingt ans après, avec le recul du temps et au-delà de toutes considérations, nous devons d'une part faire preuve de courage et de maturité politique en acceptant, bien sûr dans la douleur, que la fusillade entre frères d'armes qui assuraient la sécurité des leaders de la révolution d'août relève d'un simple instinct de survie à mettre au profit d'une légitime défense militaire. Une situation qui a été occasionnée, on le sait, par une lourde atmosphère de méfiance réciproque qui s'était emparée de la troupe. Et de reconnaître d'autre part que devant ce fait accompli, il s'en est suivi spontanément un sursaut patriotique et une prise de conscience majeure des compagnons du président du Conseil national de la révolution, Thomas Sankara, fauché par les balles de la mutinerie avec d'autres camarades, pour sauvegarder l'unité nationale et assurer la continuité de l'Etat. A notre humble avis, pour ce triste anniversaire, il convient de saluer le sens élevé de responsabilité et de patriotisme de ceux qui, au nom de l'intérêt supérieur de la nation, ont assumé les conséquences de cette barbarie militaire en dépit des injures graves, des accusations gratuites et des malédictions de toutes sortes proférées à leur encontre pendant des années.

 

Une guerre inutile

 

Autrement dit, ce drame intervenu au cœur même du pouvoir révolutionnaire le 15 octobre 1987 aurait pu embraser tout le territoire national et conduire le pays vers la partition. Déjà au lendemain du drame, la rébellion du Bataillon d'intervention aéroportée (BIA) de Boukari Kaboré dit "le Lion" réduite le 27 octobre 1987 à Koudougou avait ouvert la voie pour une guerre fratricide sans merci. Si cette résistance armée n'avait pas été étouffée dans l'œuf, nous ne serions pas là aujourd'hui ni à célébrer la renaissance démocratique ni à revisiter l'histoire de la révolution burkinabè.

Au contraire, l'heure serait plutôt à dresser le bilan d'une guerre sauvagement inutile qui aurait endeuillé des milliers de familles.

A en croire ce récit de François Sondo, résidant à Koudougou au moment des faits et paru dans un quotidien de la place le 16 octobre 2007, "...Le 27 octobre 1987 a été désolant à Koudougou, j'ai été tellement déçu et je ne pouvais pas comprendre que pour un problème donné, les Burkinabè ne puissent pas s'asseoir, discuter et se comprendre. A l'époque,  on a pris la ville en otage, on tirait de partout, on a affolé la population. C'était vraiment désolant, les gens ont fui à pied pour aller à Réo, certains à Goundi, d'autres à Tiogo. Des enfants se sont égarés dans la nature (...) des soldats ont été tués et brûlés soit la nuit ou dans la journée...". Heureusement que ces événements malheureux des 15 et 27 octobre 1987 ne représentent qu'un lointain souvenir. Les ancêtres et les mânes du Pays des hommes intègres ont préservé notre pays des démons de la partition avec son cortège de malheurs et de pauvreté.

 

Pour une célébration unitaire du 15-Octobre

 

C'est pourquoi nous pensions qu'après cette commémoration bicéphale de la date du 15 octobre en 2007, il est temps que les Burkinabè de tout le pays épris de paix se ressaisissent, la main dans la main, pour aller vers une synergie d'actions pour une célébration unitaire de cette date symbolique du peuple burkinabè. Il faut l'avouer, le 15-Octobre représente un repère historique pour tous les Burkinabè sans distinction aucune. Pour l'honneur et l'amour de la patrie, gardons-nous alors des accusations grossières sur fond de colère et d'intolérance au prétexte idéaliste et idéologique. Comme l'a averti un penseur politique contemporain, "nous aurions souvent honte de nos plus belles actions si le monde voyait tous les motifs qui les produisent". Entendons-nous bien, nous ne roulons pour personne, sauf pour nos propres convictions. Au regard du contexte social actuel, nous avons tous le devoir de laisser en héritage aux générations futures un environnement politique sain, débarrassé de toute rancœur d'ordre familial ou ethnique. Telle est la raison primordiale de notre démarche à travers ce point de vue, qui invite à une commémoration désormais unitaire de chaque 15-Octobre. Il est simplement une contribution citoyenne au débat démocratique dans notre pays.

 

Salifou Ouédraogo

racinesburkina@yahoo.fr

L'Observateur Paalga du 18 octobre 2007



18/10/2007
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