L'Heure du Temps (Blog d'Information sur le Burkina Faso)

L'Heure     du     Temps (Blog d'Information sur le Burkina Faso)

Commémoration du 15-Octobre : C'est donc ça leur renaissance démocratique !

Commémoration du 15-Octobre

C'est donc ça leur renaissance démocratique !

 

Entre les blaisistes et les sankaristes, y aurait-il des gens de trop à Ouagadougou, qui semble subitement devenue trop petite pour que deux camps antagoniques puissent y cohabiter ? C'est en tout cas l'impression qu'on peut  avoir au fur et à mesure que le 15 octobre 2007 approche.

Il y a vingt ans, la crise au sommet entre les deux principales têtes du Conseil national de la révolution (CNR) avait, on se souvient, débouché sur une orgie sanglante qui a propulsé Blaise Compaoré (celui qui avait eu le jarret plus ferme et la détente plus facile ?) au faîte du pouvoir et envoyé ad pâtres le mythique Thomas Sankara et douze de ses apôtres.

Tout le monde savait donc que nonobstant les circonlocutions diplomatiques et la "courtoisie de façade" de Roch Marc Christian Kaboré, le président du Congrès  pour la démocratie et le progrès  (CDP), qui s'est fait le devoir d'inviter les partis politiques, toutes obédiences confondues, au colloque qu'il organise, tout le monde disons-nous, se doutait bien que cette commémoration ne pouvait pas être unitaire ; une prouesse que même les syndicats (jaunes et rouges) ne réussissent pas toujours le 1er-Mai.   Faut pas rêver !

Comment en effet concilier deux positions aussi inconciliables quand l'Internationale sankariste pleure sa mascotte assassinée sur fond de procès en béatification pendant que les autres,   pour faire bonne mesure dans une Afrique où c'est de plus en plus indécent de battre des records de longévité..., célèbrent les "20 ans de renaissance démocratique du Burkina Faso" parce que ce serait gênant de parler de 20e anniversaire de l'accession au pouvoir de l'enfant terrible de Ziniaré ?

Libre donc aux uns de faire ripailles pendant que les autres n'en finissent pas  leur deuil, l'essentiel étant que chacun puisse le faire librement.

Or, c'est là que le bât blesse. Car pendant que la galaxie présidentielle, à grand renfort de tanties, de papys, de jeunes, de commerçants..., met la capitale sous coupe réglée pour marquer l'événement d'une pierre blanche, ce sont des pierres noires qui sont jetées depuis quelque temps dans le jardin de l'autre camp. Il ne se passe pratiquement plus une semaine sans qu'on lui mette des bâtons dans les roues, comme si on voulait saboter ses manifestations.

Sinon comment comprendre que les sankaristes éprouvent autant de difficultés à obtenir une grande salle de conférences pour abriter leur symposium, prévu du 11 au 14 octobre, et un lieu d'hébergement conséquent pour accueillir leurs invités, qui vont déferler des quatre coins du Burkina et du monde ? Jugez-en donc !

Initialement, ils avaient voulu la bien-nommée maison du Peuple (MP), qui n'est plus, faut-il le rappeler, celle "du parti" depuis que le RDA n'est plus aux affaires.

Une réservation aurait été dûment faite dès avril 2007 et en juillet, on aurait même relancé le dossier en envoyant Chérif Sy, le président du Comité local d'organisation, et ses camarades pour ceux-ci payer la location. Mais quand ceux-ci ont voulu s'exécuter courant août, c'était pour s'entendre dire que la MP était réquisitionnée par la présidence.

Cap donc sur le stade du 4-Août, qui offrait l'avantage de pouvoir loger en même temps les participants. Là également, la raison du plus fort semble avoir été la meilleure et les sankaristes,  errant comme des âmes en peine, devenus des "sans domicile fixe" chez eux, durent se résoudre à éclater leurs manifestations en plusieurs endroits : l'Atelier théâtre burkinabè (ATB) à Gounghin, l'Espace Gambidi à Dassasgho et le Conseil burkinabè des chargeurs (CBC) au centre-ville.

Aux dernières nouvelles cependant, les disciples de Thomas Sankara risquent de se contenter des deux premiers sites, puisque la 3e salle leur a finalement été refusée.

Un contrat avait pourtant été dûment signé et les frais de location acquittés, mais voilà qu'on demande aujourd'hui aux locataires de venir reprendre leur pognon. Ce que ces derniers  se refusent d'ailleurs à faire, comptant bien le jour-dit se présenter au CBC, quitte à se faire refouler avec en prime des risques de clash et la mauvaise publicité que cela fera immanquablement au régime.  Sans oublier le petit procès auquel peut donner lieu ce qui s'apparente à une rupture abusive de contrat.

Un autre problème qui participe de l'acharnement sur les adversaires du pouvoir, c'est l'absence toujours aussi... bruyante et visible de la Télévision nationale du Burkina (TNB), qui n'entend pas partager son plaisir avec  les contempteurs de Blaise. Pendant ce temps, on passe en boucle les manifestations du camp présidentiel. On a beau rappeler que ce qu'on appelle abusivement organes d'Etat ou gouvernementaux   sont plutôt des médias de service public tenus à une certaine équité, rien   n'y fait !

La question qu'on peut légitiment se poser, que ce soit dans le domaine médiatique ou dans l'affaire des salles, est de savoir si les malheureuses initiatives sont l'œuvre de lampistes zélés, qui veulent faire plaisir au chef (ou éviter de prendre  le risque de lui déplaire), ou s'il s'agit d'ordres venus d'en-haut pour brouiller la communication  de ceux d'en face et rendre au passage leur vie impossible.

Mais quelle que soit la réponse à cette question, l'effet est le même: désastreux pour des gens qui se piquent de parler de renaissance démocratique entamée en 1987 et qui, 20 ans plus tard, ne  peuvent même pas souffrir la contradiction.

Drôle de renaissance quand certains pensent que le Burkina Faso leur appartient et qu'ils peuvent se payer le luxe  de refuser à leurs concitoyens un petit coin tranquille pour honorer la mémoire de leurs défunts, du moment que la célébration est pacifique. Drôle de renaissance où on ouvre un boulevard devant soi pour ensuite dresser des barricades sur le chemin déjà parsemé d'embûches des autres. C'est donc ça cette fameuse renaissance démocratique !

 

La rédaction

L’Observateur Paalga du 8 octobre 2007

 



07/10/2007
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 1021 autres membres