L'Heure du Temps (Blog d'Information sur le Burkina Faso)

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Cour des comptes : Un bijou à protéger

Cour des comptes

Un bijou à protéger

La Cour des comptes a publié son rapport public 2005. Le président du Faso en a été le premier destinataire. Il sait désormais, sur la période 2003 et 2004, comment les deniers publics ont été gérés. Les faits sont là, têtus. Certains gestionnaires n'ont pas toujours respecté la norme, si l'on s'en tient en tout cas aux conclusions des travaux de la Cour. Cette Cour, conformément à ses missions, a fait ses constats, demandé des explications et informé les autorités de tutelle des institutions qu'elle a eu à inspecter.

Ce rapport est édifiant sur les manquements de ceux qui ont la charge de la gestion de certaines structures de l'Etat. De hauts responsables ont été épinglés et les Burkinabè se font désormais une idée de la gestion des deniers publics par ces responsables et leurs services. L'écho du rapport au sein de l'opinion montre à quel point les citoyens veulent savoir la destination réelle de leur "argent".

Le rôle des médias dans la diffusion du rapport y est pour quelque chose. En cela , on peut dire que ce rapport a atteint son premier objectif: fouetter la conscience des uns et des autres sur la saine manipulation de l'argent public, conformément aux règles en vigueur.

Jadis, on a vu des rapports moisir dans des tiroirs parce que classés sans suite. C'est une pratique qui laissait le champ libre à Dame rumeur et ne permet aucune analyse objective de la situation querellée ou de la moralité des individus mis en cause. D'ailleurs, on avait l'impression que ces rapports servaient plutôt d'éléments de chantage sur quelques individus qui dérangeaient l'establishment. La Cour des comptes, par la publication de son rapport, joue la carte de la transparence. Ce qui est à son honneur mais surtout à l'honneur de la volonté politique qui a permis cela. Sur cette question, le Burkina semble en avance sur certains pays de la zone UEMOA, qui ont du mal à conformer le fonctionnement de leurs institutions aux textes communautaires.

C'est une avancée considérable dans la moralisation de la vie publique et surtout dans l'amélioration de la gouvernance dans notre pays. Dans un Etat où la corruption se banalise et dans un contexte où la morale agonise, l'action de la Cour des comptes pourrait être salvatrice pour peu qu'il y ait des suites administratives et judiciaires effectives, selon les cas énoncés.

Désormais, les gestionnaires de deniers publics, les ordonnateurs publics, les comptables et autres, savent à quoi s'en tenir. Un nouveau gendarme est à leur trousse en cas de manquements graves. Pas même le locataire de la mairie de la ville de Ouagadougou n'a échappé au contrôle des limiers de la Cour, obligé qu'il est de se justifier lors d'une conférence de presse sur les défaillances observées sur une passation de marché public. Sans vouloir contester à Simon Compaoré son droit de s'exprimer sur le sujet, son rang de maire ne nécessitait pas qu'il ruât ainsi dans les brancards. Il commente, voire conteste la décision d'une haute juridiction. Le risque est grand de commencer à semer le doute sur la crédibilité des grands juges dont certains ont fait la preuve de leur indépendance et de leur probité. Ce n'est donc pas rendre service à l'Etat que de s'engager dans une telle voie.

La Cour des comptes est en train de prendre ses marques et il serait dommageable pour notre démocratie que cette institution sombre comme bien d'autres à cause de quelques "gourous" qui ne voudraient pas la voir fouiner dans leurs affaires.

N'est-elle pas l'émanation du peuple qui lui a assigné une mission de contrôle de la gestion des deniers publics ? L'Etat doit donc utiliser la Cour des comptes comme un épouvantail contre tous ceux qui seraient tentés de dévier des règles et procédures financières. Pour cela, il doit donc lui donner les moyens appropriés à l'accomplissement de sa mission. La jeunesse de la Cour ne lui permet pas d'être partout sur le territoire national et dans tous les services. C'est pour cette raison que le renforcement de ses capacités en ressources humaines et techniques doit être une priorité, à l'image des moyens accordés au Vérificateur général du Mali: indépendance financière et salaire conséquent pour se mettre à l'abri des tentatives corruptives.

C'est un prix qui vaut, cette fois-ci, la peine d'être payé si le Burkina veut définitivement s'engager sur la voie de la bonne gouvernance économique et financière.

Le Pays du 17 août 2007



17/08/2007
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