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Crise à la SN-SOSUCO : Les travailleurs proposent des solutions

Crise à la SN-SOSUCO

Les travailleurs proposent des solutions

 

SN-SOSUCO, la nationale du sucre burkinabè a visiblement du plomb dans ses ailes. La situation se trouve au centre de tous les débats à Banfora et sa politique actuelle de commercialisation du sucre remise en cause.

 

Nul doute que la période actuelle est un moment d’inquiétude pour les travailleurs de la SOSUCO car depuis la marche qu’il ont organisée le 17 janvier dernier, aucun écho favorable n’a été reçu. Ce qui a pour conséquence le stockage d'une importante quantité de sucre (plus de 20000 tonnes) au sein du complexe. Ce stock représenterait plus de dix milliards de francs s’il est entièrement vendu. Les deux magasins, aux dires des travailleurs, sont pleins à telle enseigne qu’ils sont obligés, depuis avant le jour de la marche, de stocker le sucre sur les aires disponibles dans la cour. Actuellement, trois pyramides de sucre se dressent majestueusement dans la cour obligeant la SOSUCO à demander les magasins de la SOPAL, une unité de production d’alcool qui lui est voisine pour y mettre sa production. Ces points de stockage de fortune ne rassurent guère les ouvriers car en cas de précipitation, tout le sucre se retrouverait altéré. La politique de commercialisation adoptée par la SOSUCO après sa privatisation est indexée du doigt par bon nombre de travailleurs comme étant la principale cause de la mévente. En effet, la SOSUCO depuis sa privatisation a signé une convention avec trois commerçants qui sont seuls habilités à payer son sucre et qui en contre partie reçoivent de la part de l’Etat des autorisations d’importer du sucre. A Banfora, on affirme que cette convention n’est pas bien respectée des trois clients puisque pendant que le complexe sucrier refuse du sucre, ces trois commerçants, désireux de faire de bons "deals" font rentrer du sucre étranger au Burkina Faso. Nous apprennons aussi que les importateurs attitrés parviennent à contourner les taxes et réalisent d’énormes bénéfices au détriment du gouvernement, des travailleurs de la SOSUCO et de leurs familles.

Cette situation arrive au moment où les ouvriers, convaincus qu’une augmentation de la production était la solution à l’enlisement de leur outil de survie avaient, à travers le déploiement de nouvelles techniques de culture de la canne et après avoir consenti d’énormes sacrifices, ont réussi à amener la production de 25 milles tonnes en 2005 à 30 milles tonnes en 2007. Pour cette année en cours, c’est une production de 33 mille tonnes de sucre qui est envisagée. Les travailleurs de la SOSUCO ne cachent pas leur découragement et leur désapprobation vis-à-vis de la politique actuelle de commercialisation du sucre, car elle ne permet pas une vente régulière et continuelle de leur production. Jusqu’à la fin de ce mois de février, les charges de fonctionnement ainsi que le paiement des salaires, aux dires de certains, sont assurés par des ventes sporadiques. Et selon des indiscrétions, les salaires de fin mars sont en pointillés puisque ceux de février ont cessé d’être une préoccupation rien qu’au cours de la semaine dernière.

A SOSUCO, on pense que l’ouverture du marché du sucre, de telle sorte que les trois commerçants qui ont signé la convention ne soient plus les seuls à pouvoir acheter du sucre, reste la seule voie de sortie du marasme dans lequel est plongée la société depuis quelques années. Certains travailleurs pensent qu’on pourrait fixer une quantité minimale de sucre à acheter, que cela se fasse par un paiement au comptant ou à l’aide de chèques certifiés. Pour d’autres, on pourrait choisir au moins un grossiste dans chaque région du Burkina chez qui les autres commerçants de la région s’approvisionneront. Ainsi, disent-ils, on trouvera du sucre SOSUCO un peu partout dans le pays. A titre d’exemple, les commerçants de Banfora sont obligés de se rendre à Bobo Dioulasso pour chercher le sucre SOSUCO alors que l’usine qui le produit est à une quinzaine de kilomètres d’eux. Pour cela, le gouvernement pourrait dans un plan de sortie de crise et de relance de cette usine, faire de SOSUCO le seul importateur de sucre qui fera une sorte de péréquation.

 

Mamoudou TRAORE

Le Pays du 27 février 2008



26/02/2008
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