L'Heure du Temps (Blog d'Information sur le Burkina Faso)

L'Heure     du     Temps (Blog d'Information sur le Burkina Faso)

Cyril Goungounga, un de nos plus grands rubricards... est mort

Cyril Goungounga

Un de nos plus grands rubricards...

 

La vie est ainsi faite. Pendant que la fête du 35e anniversaire de l'Observateur bat son plein, avec tant d'hommages comme s'il en pleuvait sur le premier quotidien d'Afrique de l'Ouest francophone, une bien triste nouvelle  nous est communiquée hier :  Cyril Goungounga est décédé. Stupéfaction. Comment cela ? Ce n'est pas possible ! entend-on dire par ci-par là.

Samedi dernier seulement à Laye, à la fête du marathon, il y était avec son épouse.

Pendant qu'on s'affairait à trouver un rafraîchissement à nos invités à l'auberge Baré de Laye, nous avons eu un brin de causette avec cet homme politique, que nous connaissons depuis déjà bien longtemps. Apparemment, il respirait la forme, et aucun indice ne préfigurait de sa mort 72 heures après.

Nous ne trahirons aucun secret en disant que l'Observateur, c'était chez Cyril. Il entretenait des relations amicales avec tout le monde, des agents du service commercial au directeur en passant par les journalistes que nous sommes. Même s'il est de notoriété publique que son ami, c'était vraiment Edouard Ouédraogo, le Directeur de publication. Pour nous de l'Obs., Cyril était si familier qu'il était depuis belle lurette des nôtres.

Cependant, l'ayant côtoyé, nous nous sommes rendu compte que cet homme aimait la presse et fréquentait d'autres confrères, même si ce n'était pas avec la même assiduité et la même "confraternité" que nous. Il aimait la presse qu'il pratiquait au quotidien. Lors d'une de nos nombreuses discussions, il avaitt laissé entendre que son seul regret, c'est de n'avoir pas pu fonder un journal, comme son ami Edouard. Et en homme politique avisé, il ne cessait de répéter que celui qui veut s'investir en politique devrait avant tout avoir quelques amis, ou quelques entrées dans les médias.

Et, véritablement, de l'Observateur aux Editions Le Pays, en passant par Bendré, Canal 3 et la RTB, il ne manquait pas de contacts fiables.

L'Observateur étant sa maison, il s'y sentait tel un poisson dans l'eau. C'est pour cela que, durant plusieurs années, il a animé une rubrique à succès "Le lexique économique".

Mais Cyril ne s'y était pas constitué rubricard pour des piges. Non, il le faisait gratuitement, pour soutenir le journal qu'il aimait bien.

Mieux, sous divers pseudonymes, ou en signant lisiblement, il intervenait de manière méthodique dans la presse nationale, sur certains grands sujets de l'heure.

Mais qui est celui qui nous a si brutalement tiré sa révérence ?

Né le 18 juillet 1948 à Saaba, Cyril Goungounga y a fréquenté l'école primaire avant des cours secondaires au Petit séminaire de Pabré, puis au lycée Philippe Zinda Kaboré.

Après un baccalauréat série C avec mention Bien et un Bac série A à Nice, il fera ses études supérieures à  Toulon, Marseille. Ensuite, ce sera :

- l'Ecole nationale de la statistique et de l'administration économique (ENSAE) de Paris

- la Faculté des sciences gestion Gaston Berger de Marseille)

- l'université Pierre et Marie Curie Paris VI.

Après de brillantes études, il regagnera le bercail avec le diplôme d'ingénieur statisticien économiste.

Sa carrière administrative sera on ne peut plus fulgurante. Jugez-en vous même :

- directeur de la prévision au ministère des Finances

- directeur général de l'INSD

- directeur général de l'ENAREF

- directeur général de la Caisse nationale des dépôts et investissements

- secrétaire général du ministère de l'Economie et du Plan

- directeur de l'IUT/Université de Ouaga. Economiste (il avait donc deux baccalauréats).

 

Le politique

Militant de l'ODP/MT aux premières heures, Cyril Goungounga est élu député au soir du 24 mai 1992.

En 1997, il est réélu à l'Assemblée et le président Compaoré lui confie alors des fonctions gouvernementales en tant que ministre chargé des Relations avec le Parlement.

Mais si pour les uns Cyril est un homme politique averti, qui a le courage de ses opinions, pour d'autres, c'est un intellectuel brumeux, un opportuniste sans vergogne.

En 2001, prenant prétexte qu'il faisait l'objet de nombreuses attaques de la part de ses camarades du CDP, Cyril claque la porte de ce parti. Pas avec la coutume qui sied en pareilles circonstances et qui consiste en la remise d'une lettre de démission en bonne et due forme au premier responsable du parti.

La nouvelle de sa démission se murmurait déjà, et lors d'un entretien dans nos locaux, il nous avait confirmé son départ du CDP.

Et c'est ainsi qu'il porta sur les fonts baptismaux, le 13 octobre 2001, le Parti républicain pour l'intégration (PARI) une nouvelle formation se réclamant du "libéralisme républicain". Ce qui signifie que le PARI se positionnait au centre de l'échiquier politique burkinabè.

Ayant créé son parti, il cherchait une formation politique digne de ce nom pour en faire son port d'attache.

Et il jeta son dévolu sur l'ADF/RDA, à l'époque dirigé par Hermann Yaméogo. C'est vrai que, sans ce tuteur, le PARI de Cyril qui ne draînait pas grand monde ne saurait lui assurer une réélection à l'Assemblée nationale.

Contre l'avis de ses camarades, Hermann Yaméogo plaça Goungounga 3e sur la liste nationale de l'ADF/RDA, aux législatives de 2002. C'est vrai, en tant que vice-président de l'ADF-RDA à l'époque, Hermann ne pouvait faire autrement. C'est ainsi que Cyril fut élu in extremis député en 2002. C'était ainsi sa troisième législature sans discontinuer.

Chemin faisant, il se rangera du côté de Gilbert Ouédraogo au détriment d'Hermann, qui avait pourtant parrainé sa candidature sur la liste nationale. Peu de temps après, l'ADF-RDA fut secouée par une violente crise. Et c'est presqu'en catimini que Gilbert et ses amis organisèrent un congrès les 28 et 29 juin 2003, à l'issue duquel Hermann Yaméogo est débarqué de la tête de l'ADF-RDA. Ce congrès viendra renforcer la position de Cyril, qui a pris fait et cause pour Me Gilbert Ouédraogo ; seulement, là encore, la gestion quelque peu familiale de l'ADF-RDA par ses premiers responsables les laissant, lui et ses amis, sur leur faim.

Et, visiblement, on sentait que le PARI y était à l'étroit.

Certains n'hésitent pas à dire que si l'ADF-RDA qui est, en nombre de députés, le 2e parti après le CDP, n'a pas désigné son propre candidat à la présidentielle de novembre 2005, c'est en partie à cause de Cyril qui vouait une constante allégeance à Blaise Compaoré et qui a bataillé ferme pour qu'il ait le soutien du parti de l'Eléphant.

Ne cautionnant plus la gestion du parti par Gilbert Ouédraogo, en juin 2006, il quitte l'ADF-RDA pour ressusciter son parti qui, de PARI, deviendra PARIS, avec un "S" qui signifie solidarité.

Voici grossièrement brossée la carrière académique, administrative et politique de cet homme attachant qui a tiré sa révérence hier mercredi 28 mai.

Le jour où l'Observateur fêtait, jour pour jour, ses 35 ans d'existence. Un signe qui ne trompe pas : il était en symbiose avec notre journal.

Dans le même registre nécrologique, nous apprenons également que le Premier ministre Tertius Zongo est en deuil.

En effet, mardi 27 mai dernier, aux environs de 18h, sa mère Esther Zongo Poko  est décédée à l'hôpital Yalgado-Ouédraogo. L'enterrement est prévu pour samedi prochain à Doudou dans son village du Sanguié.

 

Boureia Diallo

L’Observateur Paalga du 29 mai 2008



28/05/2008
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 1021 autres membres