L'Heure du Temps (Blog d'Information sur le Burkina Faso)

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Des citoyens dénoncent une bavure policière à Ipelcé

Ipelcé

Des citoyens dénoncent une bavure policière

Nous avons reçu, dans la matinée du lundi 21 janvier dernier à notre rédaction, la visite d'un jeune homme qui affirme avoir été victime, en même temps que deux de ses compagnons, d'une bavure policière à Ipelcé, dans le Bazèga. Gilbert Kaboré, c'est son nom, raconte dans les lignes qui suivent les 24 heures de maltraitance qu'il dit avoir vécue avec ses compagnons d'infortune dans les locaux du commissariat de police de Ipelcé pour, précise-t-il, "n'avoir rien fait du tout".

"Je me nomme Gilbert Kaboré, je suis menuisier domicilié au secteur 29 de Ouaga. Le jeudi 17 janvier dernier, je me suis fait accompagner à Ipelcé par 3 de mes amis pour mes fiançailles. Nous nous y sommes rendus à l'aide de deux motos que nous avons empruntées à d'autres amis. A l'aller, nous n'avons eu aucun problème avec qui que ce soit. A notre retour, aux environs de 16 h le même jour, nous sommes repassés devant le commissariat de police de Ipelcé et je me rappelle même avoir adressé un salut aux policiers assis sous un hangar. J'étais sur une moto Yamaha dame sur laquelle j'avais remorqué un ami. Nos deux autres compagnons roulaient sur une moto grosse cylindrée de marque Kaiser. Peu après le poste de police, j'ai autorisé le conducteur de la moto grosse cylindrée (qui est gardien de nuit), à nous devancer à Ouaga, puisqu'il devait être à son service le même soir. Mais nous les avons rattrapés une centaine de mètres plus loin. Ils avaient été arrêtés par deux individus en civil, arrivés sur une moto noire de type "Kawazaki". Pour obliger nos compagnons à s'arrêter, les deux hommes n'ont pas hésité à tirer à bout portant sur la roue arrière. J'avais d'abord pensé que nos compagnons étaient ainsi pris dans le piège de coupeurs de route. Mais j'ai été vite désillusionné lorsque l'un des deux hommes a tiré un second coup de feu en l'air, appelant la population à les aider à arrêter leurs voleurs. C'était jour de marché. Une centaine de personnes sont accourues du marché. Certaines parmi elles ont prêté main forte aux deux hommes qui ont ligoté et copieusement battu nos compagnons comme des malpropres. J'ai tenté de convaincre les uns et les autres que mes amis n'étaient pas les voleurs qu'ils recherchaient, puisque certains parlaient de la similitude entre leur monture et celle desdits voleurs recherchés. En prenant la défense de mes compagnons de route, j'ai été aussitôt assimilé au groupe de "voleurs", et j'ai reçu des menaces de mort. Face au refus de m'écouter, j'ai passé des coups de fil à Ouaga et j'ai fait demi-tour pour me rendre à la police de Ipelcé dans l'espoir de bénéficier d'une protection et d'obtenir la libération de mes amis. C'est au commissariat que je saurai que nos bourreaux étaient des policiers, puisqu'ils nous y avaient devancés, amenant avec eux mes deux compagnons ligotés et leur moto. Mon 3e compagnon avait réussi à fuir pour échapper à la bavure que nous avons subie. Au commissariat, j'ai eu affaire au commissaire à qui j'ai néanmoins posé le problème. Il m'a demandé ma pièce d'identité. Je lui ai répondu que je l'avais oubliée à Ouaga. Il m'a alors demandé mes nom et prénom qu'il a notés. Il m'a ensuite demandé mon âge et j'ai répondu que je ne le connaissais pas. Il m'a alors jeté en prison sans autre forme de procès. Je me suis ainsi retrouvé dans une cellule remplie de déchets humains et bien d'autres saletés que vous ne pouvez imaginer, avec mes deux compagnons. Il était à peu près 16 h 50 mn. Deux autres personnes que nous ne connaissions pas ont été jetées dans la même boîte, quelques minutes plus tard. Nous y sommes restés jusqu'au lendemain vendredi à 10 h. J'avais entre-temps eu le temps d'appeler un ami à Ouaga qui m'a rejoint à Ipelcé avec ma CIB que j'ai remise au commissaire qui l'a confisquée en même temps que les papiers de nos deux engins. Nous avons été libérés autour de 10 h sans que la police nous ait dit pourquoi nous avions été arrêtés ni pourquoi elle nous avait libérés. Nous avons regagné Ouaga vers 16h, grâce aux transporteurs. Jusqu'à l'heure où je vous parle (ndlr: 21 janvier, 11 h), nos deux motos, ma pièce d'identité et les papiers des engins sont en confiscation à la police de Ipelcé. Les policiers nous reprochent seulement d'avoir semé le trouble dans le marché et, pour cela, exigent que nous payions une contravention de 55 000 F CFA. C'est seulement à cette condition que nous pourrons rentrer en possession de nos engins et de nos papiers, nous ont-il fait savoir. Ce matin (21 janvier, ndlr), j'ai dû renoncer à un voyage pour un travail à Kaya, parce que je suis sans pièce d'identité.

Nous avons l'intention de porter plainte. Mais en venant d'abord nous confier à votre journal, nous nourrissons l'espoir que des gens nous assistent de diverses façons afin que nous puissions avoir les engins pour les restituer à leurs propriétaires véritables qui en ont besoin pour aller au travail. Je rappelle aussi que mes deux compagnons ont été gratuitement ligotés, menottés et battus par les policiers en civil, sous le regard répugnant d'une foule nombreuse qui les a pris pour des voleurs. J'ai été, moi aussi, menacé de mort, publiquement humilié, si bien que j'ai perdu tout espoir d'avoir la femme pour laquelle j'avais fait le voyage d'Ipelcé."

Paul-Miki ROAMBA

Le Pays du 23 janvier 2006



23/01/2008
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