L'Heure du Temps (Blog d'Information sur le Burkina Faso)

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Désaccords autour d’un accord

Union européenne/Afrique de l’Ouest

Désaccords autour d’un accord

La Confédération paysanne du Faso (CPF) et le Réseau des Organisations paysannes et des producteurs agricoles de l’Afrique de l’Ouest (ROPPA) ont organisé un dîner-débat le 4 juin 2007 à Ouagadougou. Au menu, des échanges sur l’intégration régionale, les politiques agricoles et commerciales régionales, les Accords de partenariat économique (APE) avec l’Union européenne (UE).

Les Accords de partenariat économique (APE) entre l’Afrique de l’Ouest et l’Union européenne (UE) ont constitué le plat de résistance d’un dîner débat le 4 juin 2007 à Ouagadougou. Organisé par la Confédération paysanne du Faso (CPF) et le Réseau des Organisations paysannes et des producteurs agricoles d’Afrique de l’Ouest (ROPPA), cette rencontre visait des échanges sur des sujets divers : l’intégration régionale, les politiques agricoles et commerciales régionales, les Accords de partenariat économique (APE). Mais en réalité, ce sont les APE qui ont passionné le plus. Sur cette question, les paysans de l’Afrique de l’Ouest ont exprimé leurs inquiétudes voire leur opposition. Pour eux, une ouverture des frontières à compter du 31 décembre 2007 aura de lourdes conséquences néfastes sur les populations de l’Afrique de l’Ouest : «Peut-il avoir compétition entre l’UE, la zone la plus riche au monde?». Tel est l’avis du président de la CPF, Bassiaka Dao. Et d’ajouter que la mise en œuvre des APE viendra anéantir tous les efforts déjà consentis dans le cadre de la lutte contre la pauvreté. Pour le président de la CPF, au niveau des producteurs agricoles, les APE vont entraîner une «concurrence déloyale». «Le producteur qui utilise une daba peut-il être compétitif à côté de quelqu’un qui a tous les moyens de production?» a lancé le président de la Plate-forme nationale du Niger, Djibo Bagna. Celui-ci s’offusque contre le fait que les négociations avec l’UE se fassent sans les acteurs à la base : «qui sont ceux qui mènent les négociations, pourquoi? au nom de qui?» . Pour M. Djibo, les négociations doivent se faire sur une base «démocratique». «On doit permettre à chaque acteur de s’exprimer». Et puis, ajoute-t-il, au niveau de la CEDEAO, il doit y avoir une charte sur la base de laquelle doivent se mener toutes les négociations du genre. Cela doivent l’avantage de présenter une position claire et commune de la sous-région. Le président du ROPPA, M. N’Dioagou Fall a exprimé pour sa part, des doutes quant à la sincérité de l’UE. En témoigne la «forte pression» sur les dirigeants africains. Selon la vision de l’UE, les APE doivent entrer en vigueur le 31 décembre 2007. Pour M. Fall, l’indicateur principal pour «désarmer» est le niveau de développement. Sur ce point, l’Afrique de l’Ouest ne peut pas se permettre une ouverture totale de ses frontières à l’Union européenne. Aux yeux de N’Diogou Fall, cela ne profite qu’aux Européens seuls. L’Afrique de l’Ouest deviendra un vaste marché pour l’Europe qui y déversera ses productions. En revanche, «la sous-région ne pourra pas exporter vers l’Europe à cause des barrières tarifaires, phytosanitaires et un Tarif extérieur commun (TEC) très élevé». Dans un tel cas de figure précise-t-il, on ne pourra exporter que de la matière première. Et cela ne permet pas d’avoir de la valeur ajoutée, faite de transformation : «On ne peut pas abandonner les recettes douanières au profit de l’aide» a martelé le président du ROPPA.

Revoir l’intégration

Le représentant du ministre en charge de l’Agriculture aux débats, Moïse Traoré a reconnu qu’»un petit est un petit et un grand, un grand». Il est d’avis qu’on ne peut pas prôner la liberté ou le libéralisme, sans tirer un certain nombre de conséquences. A sa suite, le directeur général du commerce, Sériba Ouattara a indiqué que mandat a été donné à la commission de l’UEMOA et à la commission de la CDEAO pour mener les discussions sur les APE. Pour lui, la mise en œuvre des APE tient compte du principe de symétrie au niveau des échanges. Or, l’Afrique de l’Ouest n’est pas au même rythme que l’UE. M. Ouattara a rappelé que les APE ne concernent pas certains produits sensibles. Il a poursuivi que le 5 février 2007, les négociateurs en chef ont convenu que la date du 31 décembre 2007 est retenue pour l’entrée en vigueur des APE. Mais pour cela, 3 préalables doivent êtres remplis : la mise à niveau des entreprises, un calendrier consensuel de désarmement tarifaire; en plus, le texte de l’accord doit être rédigé de façon consensuelle. L’Ambassadeur, chef de la délégation de l’UE Mme Sari Suomalainen a quant à elle rappelé que les «APE ne sont pas obligatoires». Le 18 juin 2007, les techniciens vont débattre du calendrier et du texte lui-même et cela en prélude d’une rencontre des négociateurs prévue pour le mois de juillet prochain. L’agriculture étant un secteur sensible dans la sous-région, le président de la Commission de la CEDEAO, Dr Ibn Chambass a appelé à la vigilance. Parlant des difficultés qui minent l’intégration dans la sous-région (notamment les blocages à la libre circulation des personnes et des biens), le Dr Ibn Chambass a eu cette réaction : «Il est temps qu’on arrête de parler de ce que nous savons que nous devons faire. Il faut le faire tout simplement».

Rahankhi Abou-Bâkr

Sidwaya du 8 juin 2007



08/06/2007
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