L'Heure du Temps (Blog d'Information sur le Burkina Faso)

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Deuil des sankaristes et grogne des bidasses : Sales temps pour la renaissance démocratique

Deuil des sankaristes et grogne des bidasses

Sales temps pour la renaissance démocratique

 

Les préparatifs du 15-Octobre battent leur plein : les sankaristes s'activent dans les conditions que l'on sait ; le camp présidentiel met les bouchées doubles pour réussir son affaire ; les médias, qui ne veulent pas s'en laisser compter, multiplient émissions, articles de presse, etc. Mieux, les deux camps antagoniques ont invité des personnalités étrangères de marque à la hauteur de l'importance qu'ils comptent donner à l'événement.

 

Dans cette fièvre (pathologique pour les uns parce que synonyme de deuil et foraine pour les autres parce que symbolisant le point de départ de l'Etat de droit libéral et démocratique), il y a cependant en arrière-plan et même en avant-plan un sentiment de mal-être chez bon nombre de citoyens qu'il serait politiquement maladroit d'éluder, de négliger ou d'ignorer.

Dans cette optique, commençons par le déjà-connu : les sankaristes, qui pleurent leur héros, vivent naturellement dans ce mal-être ; seulement, il y a pire en ce sens que des lieux de rencontre leur sont refusés et l'espace médiatique du service public leur est également refusé. De tels traitements, de notre point de vue, ne sont pas opportuns pour les raisons ci-après :

- malgré le retentissement national et international de leurs manifestations, il n'est pas, pour l'instant en tout cas, possible pour les sankaristes de capitaliser politiquement ce retentissement au Burkina et d'inquiéter de ce fait le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) lors d'élections ;

- aux yeux d'une partie non négligeable de l'opinion, les sankaristes passeront doublement pour des victimes, car en plus de la disparition tragique de leur idole, on leur cause tous les problèmes du monde à l'occasion de la célébration du 20e anniversaire de cette disparition ;

- sachant nombre de sankaristes particulièrement violents verbalement, on aurait pu leur conseiller d'adapter leurs écrits, leurs propos et leurs images au contexte actuel de recherche de la paix sociale en lieu et place de ce qui est en train de se faire. S'ils avaient refusé une telle proposition, l'attitude actuelle des gouvernants aurait été compréhensible.

Certes, à bien des égards, les sankaristes ne mériteraient pas ce qu'ils réclament dans un Etat d'exception (et nous savons de quoi nous parlons), mais nous sommes dans un Etat de droit démocratique et libéral ; accéder à leur requête, sous certaines conditions bien sûr, c'est humainement bienséant et c'est politiquement en phase avec les valeurs du modèle libéral et démocratique.

 

Quand les bidasses s'en mêlent

 

Comme si les conséquences du sort des sankaristes sur l'ensemble de la société ne suffisaient pas, ne voilà-t-il pas que des militaires à la retraite se sont réunis devant la Maison du combattant (l'intérieur leur ayant été refusé) le 7 octobre 2007 pour revendiquer l'augmentation de l'âge de la retraite des militaires de quatre (4) ans et l'octroi de l'indemnité de départ à la retraite aux militaires retraités en 2006. Pour "le ministre de la Défense... les revendications des miliaires à la retraite sont illégales", selon une déclaration lue par le colonel Pingrenoma Mamadou Zagré le 8 octobre, c'est-à-dire au lendemain de la manifestation.

Si l'on s'en tient aux propos des animateurs des deux parties, il n'est point besoin d'être un devin pour prévoir un possible et imminent clash à moins que la raison l'emporte dans l'un et/ou l'autre bord.

La question qu'il importe de se poser est de savoir si nous avons besoin de ce clash. A l'évidence non, car bien que l'on puisse considérer les revendications des bidasses comme légitimes (parce que compréhensibles), elles n'en sont pas moins illégales au regard des textes. D'un autre côté, la hiérarchie militaire a beau avoir le droit avec elle, l'humeur des militaires à la retraite constitue probablement la partie visible d'un gros iceberg.

La responsabilité des deux camps serait grande s'ils se risquaient à ouvrir la boîte de Pandore.

Cependant, c'est au commandement militaire de faire le plus d'efforts pour comprendre ces "jeunes retraités", dont le niveau d'instruction et/ou de culture ne leur permet pas d'appréhender certains aspects du droit administratif.

Certes, la tentation de réprimer ces militaires peut vite passer par là, mais ce serait, de notre point de vue, une solution de facilité en totale contradiction avec la science de la stratégie, que la hiérarchie a apprise et sait certainement mettre en œuvre.

Après les victimes de la RDP et des réflexes résiduels de l'Etat d'exception sous l'Etat de droit, il y a lieu, quelle que soit la position que l'on occupe, de travailler à ce que leur liste soit définitivement close.

Un tel impératif est d'autant plus à l'ordre du jour que nous sommes déjà dans les festivités du 20e anniversaire de la renaissance démocratique au Pays des hommes intègres. Chacun devra donc y mettre du sien.

 

Temps impies, mais pas insurmontables

 

Avec ce qui arrive aux sankaristes et les menaces des militaires retraités, on ne peut pas dire que tout va bien sous le ciel du Faso. Pire, la météo, qui n'annonce pas de bonnes récoltes, finit de dissiper nos espoirs.

Notre salut, croyons-nous, n'adviendra que lorsque nous aurons tous compris qu'une société se construit au centre, pas dans les extrêmes. Autrement dit, le maximalisme des camps politiques au Faso ne mène nulle part qu'à la perte. Des faits de société comme la loi, la coutume, la médiation, etc., qui sont en fait l'expression du minimum (que les humains ont en commun), du centre, du compromis... attestent de cela. Même Dame Nature nous l'enseigne pour peu que nous prenions la peine de l'observer, de l'écouter : les inondations que le Burkina a vécues en août-septembre ne sont-elles pas aussi nocives que la sécheresse, qui a cours en ce mois d'octobre ?

 

Zoodnoma Kafando

L’Observateur Paalga du 10 octobre 2007



10/10/2007
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