L'Heure du Temps (Blog d'Information sur le Burkina Faso)

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Etalons : Une brillante défaite

Etalons

Une brillante défaite

 

Les Etalons ont encore plié l'échine. A domicile où ils se font régulièrement dompter, pour ne pas dire violer, par des adversaires qui ne sont pourtant pas toujours plus forts qu'eux. Comme ce fut le cas samedi dans la soirée au stade du 4-Août où ils recevaient les Tanzaniens dans le cadre de la 5e et avant- dernière journée des éliminatoires de la Coupe d'Afrique des nations 2008. Résultat au bout des 90 mn de jeu : un petit but qui vaut son pesant de points (3 de plus) pour les visiteurs, et une grosse déception mêlée de lourds regrets pour les locaux, qui ne peuvent s'en prendre qu'à eux-mêmes.

Une fois de plus, l'équipe nationale de football a montré ses limites objectives, aussi bien sur les plans individuel que collectif. Sinon comment comprendre qu'après avoir dominé leurs adversaires au point de les étouffer pendant les 45 premières minutes, le capitaine Moumouni Dagano, qui aurait quand même pu offrir une victoire en cadeau à sa nouvelle épouse (1), et ses camarades, qui ont eu une bonne quinzaine d'occasions dont certaines très franches, n'aient pas été fichus d'en envoyer une seule au fond ?

Qu'on ne nous parle pas de baraka, ce manque de réalisme et de lucidité, cette précipitation devant les buts adverses sont révélateurs des graves lacunes de nos internationaux, inadmissibles à ce niveau. Ce ne sont pas des footballateurs, ce sont des "pousse-cailloux", et ceux qu'on appelle pompeusement professionnels ne sont que de vulgaires expatriés dont l'aura est bien souvent inversement proportionnelle au talent.

Quand on a vu ces jeunes gens ramer comme des galériens, balancer les balles à l'emporte-pièce, se marcher parfois dessus, on se convainc définitivement que ce qui manque le plus dans le football burkinabè, c'est la matière première. Tout au plus font-ils illusion quelques années, mais très vite, c'est le déclin, surtout que la plupart, dès le moindre contrat décroché, préfèrent jouer aux starlettes roulant carosse et embrouillant les petites filles du quartier au lieu de bossser dur pour être toujours au top. On ne le dira jamais assez, Pelé, Samir Nasri les Just Fontaine, Raymond Kopa, Maradona, Zico, Socrates, Zidane, Weah, Milla, Ronaldinho, Drogba, Eto'o et nous en oublions, qui ont brillé ou qui brillent au firmament du football mondial, sont de véritables esclaves du ballon rond qui souffrent le martyr pour donner chaque semaine le meilleur d'eux-mêmes. C'est cette discipline de vie, ce don de soi et ce cœur de lion qui manquent cruellement à nos Etalons, qui sont pourtant, depuis de nombreuses années, engraissés comme des moutons d'embouche.

Paradoxalement, c'est même maintenant qu'il y a de l'argent dedans que notre sport-roi semble avoir perdu en qualité, et on se surprend à regretter les Sidiki Diarra, Balamine Ouattara, Kébé Kébé, Sap Olympic, Laurent Ouédraogo, Zoma Kuiliga Eloi... qui suaient toute la sueur de leur corps pour des prunes.

Mais l'honneur et le plaisir de porter les couleurs nationales étaient toujours là, intacts.

Aujourd'hui... Regardez cette équipe quelconque qui a joué samedi sur ses propres installations. Nullissime, excepté quelques étoiles à l'instar d'un Jonathan Pitroipa, étincellant comme à son habitude, qui confirme tout le bien que l'on pense de lui, mais  aussi l'adage selon lequel quand tu te retrouves au milieu de 9 ânes, tu as beau être un pur-sang, tu finis immanquablement par devenir le dixième baudet.

Les ressources humaines donc. A la décharge cependant des enfants, il faut reconnaître que l'environnement du onze national n'est pas toujours serein, et c'est même un euphémisme. La gestion du football burkinabè tourne en effet depuis des années aux querelles de personnes, avec un air des "ôte-toi que je m'y mette", qui pourrissent l'atmosphère et dont le débarquement de l'entraîneur Drissa Traoré au milieu du gué n'est que le dernier avatar. Saboteur, qui réclame une cinquantaine de millions pour licenciement abusif, et son ex-employeur, la Fédération burkinabè de football (FBF), ont d'ailleurs abandonné les stades pour le prétoire, mais si samedi dernier certains supporters de service réclamaient l'ex-coach, il faut se garder de penser qu'il est le messie qui viendrait nous sauver du naufrage. Le drame, c'est que cette guéguerre a forcément des répercussions sur les performances des internationaux, divisés, semble-t-il, en proSaboteur et proFBF.

Comment dans ces conditions délétères en attendre quelque chose de bon ?

En vérité, quand bien même ils ne seraient pas sur le terrain, tous ces intermittents du ballon rond ont aussi une part de responsabilité dans nos déconvenues footballistiques. Et maintenant qu'après cette brillante... défaite, la route de Ghana 2008 nous est définitivement barrée, il faut bien que la volonté de Jean-Pierre Palm soit faite. Interrogé lundi dernier par les journalistes lors de la rentrée des classes du nouveau gouvernement, ne disait-il pas en effet que "si on ne se qualifie pas, chacun devra prendre ses responsabilités" ? Faisait-il allusion à la démission de la Fédé, réclamée par une partie du public sportif ? C'est possible et c'est d'ailleurs ce par quoi nous avions conclu notre édito du lundi 23 avril 2007 après le limogeage de Saboteur. "...Après avoir fait tourner l'équipe et valser les entraîneurs, peut-être faut-il, si on ne devait pas aller à Ghana 2008, se résoudre à ce qu'on n'a pas encore essayé : renvoyer Diakité et son équipe à leurs chères études footballistiques, car ils sont aussi comptables des contre-performances des Etalons" (2).

On sait que les responsables fédéraux ne sont pas accrochés à leur affaire, et que leur départ ne résoudrait peut-être rien dans un milieu gagné par la politique, mais si ça peut consoler les esprits chagrins et redonner un nouveau souffle au football burkinabè, ce serait tant mieux. Cela dit, si dans notre malheur, on devait être soulagé de quelque chose, c'est des interminables calculs de probabilités dans lesquels nous sommes passés maîtres avec des phrases du genre : "Mathématiquement on n'est pas encore éliminé ; si on bat la Tanzanie ici, on peut se regonfler à bloc pour aller gagner à Dakar lors de la dernière journée..." Ce n'était plus du football, c'était devenu de la mathématique ainsi que nous avons intitulé vendredi l'avant-papier sur le match.

Ce sont ces espoirs, ces rêves qui ont été brisés par une formation tanzanienne parvenue à contenir la fougue désordonnée des poulains de Didier Notheaux avant de porter l'estocade. Et c'est bien ainsi qu'avec seulement 4 points en 5 rencontres au cours desquelles nous avons marqué 4 buts contre 7 d'encaissés, notre élimination est enfin... assurée. Il faudra maintenant remettre les choses à plat et travailler sur le moyen terme pour construire quelque chose de solide; car c'est le vrai niveau de notre football qu'on a vu samedi dans la cuvette du 4-Août.

 

La rédaction

L’Observateur Paalga du 18 juin 2007

 

 

 

Notes :

(1) Il a en effet célébré hier son mariage religieux (musulman) avec Safi Minoungou, ancienne miss Burkina et hôtesse de l'air à "Air Burkina"

 

(2) "Un employé, ça ferme sa gueule ou ça se limoge" ("Commentons l'événement")



18/06/2007
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