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Fabédougou : Conflit entre éleveurs et agriculteurs sur fond d’escroquerie

Fabédougou

Conflit entre éleveurs et agriculteurs sur fond d’escroquerie

Le village de Fabédougou a été le mercredi 8 août dernier le théâtre d’un affrontement inter-villageois. Le traçage d’une piste à bétail serait à l’origine du problème qui a occasionné la mise à sac de la cour royale de Fabédougou.

Fabédougou est l’un des quatre villages de la commune rurale de Bérégadougou et situé à quelques encablures dans sa partie sud-ouest. Le conflit qui y a dégénéré ce mercredi 8 août est assez singulier en son genre puisque d’un côté il y avait un éleveur, le chef du village et une partie des habitants, et d’un autre côté se trouvait le reste du village avec le chef de terre. Cette dernière partie comptait plus de membres que la première. Et le chef de village accusé par les uns d’être corrompu par l'éleveur du nom de Diola et acquis à sa cause a vu son domicile saccagé par des jeunes très fâchés contre lui. Tout est parti, selon les témoignages faits à la préfecture de Bérégadougou, lors de la médiation que le SG de la province, Abdoulaye Bassinga, a conduite en compagnie du préfet de Banfora et de la gendarmerie, du passage qu’empruntait le troupeau de Diola pour aller s’abreuver. Il y a trois ans de cela que le passage du troupeau ne posait aucun problème puisque le champ qui appartenait à l’oncle de Ousmane Hébié n’était pas exploité. Mais à la faveur de la crise ivoirienne, celui-ci revint au pays et entreprit d’y cultiver. Ousmane proposa donc à Diola de chercher un autre passage pour ses animaux. Les deux hommes ne parvinrent pas à s’entendre. Ensemble, ils vont trouver le chef du village à qui ils ont soumis le problème. Le chef leur dira qu’il ne se mêle ni de près ni de loin à une affaire de piste à bétail. Selon le responsable des jeunes du village, Sibiri Hébié, le chef a dit à Ousmane Hébié, l’agriculteur, et à Diola, l'éleveur, d’aller se débrouiller.

De peur que la situation ne dégénère, d’autres personnes se sont jointes à Ousmane et à Diola pour trouver un terrain d’entente à travers une concertation. Rien n’y fit. Il fallait donc prendre attache avec le préfet basé à Bérégadougou. Celui-ci leur conseilla le consensus en attendant qu’une solution durable soit trouvée. C’est ainsi que la délégation venue voir le préfet est repartie dire à Diola de changer de piste parce que Ousmane a déjà ensemencé le champ. Ce dernier rétorque que son bétail est habitué à ce passage et qu’il n’est pas prêt à en emprunter un autre. Un rapport a été fait au chef qui, malgré l’atmosphère qui se dégradait dans le village à cause de la situation, est resté sans réagir. Dans l’évolution de l’affaire, sept jeunes du village reçoivent des convocations de la gendarmerie de Bérégadougou. Parmi eux, quatre ont été retenus le mardi 7 août. Ne voyant pas leurs amis et frères revenir, les jeunes du village se rendirent chez le chef pour s’enquérir de leurs nouvelles. Le chef, à leur vue, et croyant qu’ils étaient venus lui faire la fête, a pris la fuite. C’est alors qu’un vieux de la cour royale se présenta au groupe de jeunes, gourdin en main, et leur dit que quiconque veut toucher à un cheveu du chef devra d’abord marcher sur son corps à lui. Il sera vite maîtrisé par ses interlocuteurs qui mirent la cour royale à sac, ustensiles de cuisine et autres biens sont saccagés. Pour les jeunes, c’est le chef qui aurait donné l’ordre à la gendarmerie d’enfermer les quatre jeunes. D’où leur furie contre lui. Ils se rendirent peu après chez Diola qui n’hésita pas à braquer son fusil sur eux pour se protéger. Lui aussi sera maîtrisé, ligoté et conduit dans leur quartier.

Sa libération était subordonnée à celle des quatre jeunes. Toutefois, les quatre jeunes diront publiquement qu’ils n’ont été ni maltraités, ni enfermés dans les violons de la brigade. Ils ont passé la nuit dans le bureau de l’adjoint du commandant. Un témoignage qui a rassuré certains parents qui n’étaient pas du tout contents de savoir que leurs frères avaient été interpellés par la gendarmerie.

Dans l’assistance, à la préfecture de Bérégadougou, figurait le chef de terre de Fabédougou. Il n’est pas passé par quatre chemins pour accuser le chef de village d’être le principal artisan du conflit. Selon lui, le chef de village n’est pas habilité à gérer des questions de terre car il ne maîtrise pas les sacrifices en la matière. Pourtant, il a pris des boeufs avec l'éleveur à qui il a promis la piste à bétail. Il lui aurait même fait la remarque, et à ce niveau un ancien du village ajoute que le chef, en guise de réponse au chef de terre, a dit que c’est ce temps que nous vivons maintenant. C’est alors que le chef de village fut interdit par le chef de terre de traverser la rivière qui conduit chez Diola son ami au risque de perdre la vie. C’est ce qui justifierait, selon certaines indiscrétions, le refus du chef de se rendre à ces lieux lorsque la population lui demandait d’aller trouver une solution à la question de la piste à bétail. Poursuivant son propos, le chef de terre dira que l’ancien délégué du village l’avait même approché pour lui confier qu’un taureau avait été prévu par Diola pour le récompenser s’il les avait suivis dans leur volonté de tracer la piste à travers le champ de Ousmane Hébié. "Je ne suis pas un escroc, donc je ne pouvais pas accepter cette escroquerie, explique le chef de terre."

Dans sa démarche de médiateur, le SG de la province a rassemblé les différents protagonistes le jeudi 9 août 2007. Au cours de cette rencontre, la hache de guerre a été enterrée.

Mamoudou Traoré

Le Pays du 20 août 2007



20/08/2007
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