L'Heure du Temps (Blog d'Information sur le Burkina Faso)

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Fête du Travail : 1er-Mai au féminin pluriel

Fête du Travail

1er-Mai au féminin pluriel

 

C’est sous le signe de la poursuite de la lutte contre la vie chère, contre l’impunité et pour la défense des libertés que les syndicats ont commémoré la fête du Travail, hier mardi 1er mai 2007 au Burkina. Un événement marqué par la très forte mobilisation des femmes (52% des manifestants selon le président du mois, Mamadou Nama, lors de son intervention). A croire qu’au Faso, la lutte syndicale est en train de se féminiser.

 

Les prix des produits de première nécessité ne font que grimper tandis que les salaires stagnent. Dans ces conditions, le travailleur est évidemment pris à la gorge, car objectivement, il éprouve de plus en plus de difficultés pour faire face aux dépenses incompressibles dans son ménage : le loyer, le manger, les factures domestiques, le carburant, la scolarité et les soins de santé. C’est franchement la galère pour l’écrasante majorité des travailleurs, qui tirent le diable par la queue. Ce triste constat, des artistes s’en sont inspirés pour des chansons à succès comme «Ici au Faso, la vie est dure» de Wemten Clan et «Viima Ya kanga» du groupe Karavan.

Cette galère partagée est certainement une des raisons pour lesquelles les centrales et syndicats autonomes ont laissé de côté leurs divergences pour mener, depuis quelques années, une lutte unitaire pour le relèvement des conditions de vie et de travail des salariés, fonctionnaires et retraités.

Ainsi à Ouagadougou, les six centrales syndicales (CGT-B, CNTB, CSB, FO/UNSL, ONSL, USTB) et les quatorze syndicats autonomes (SAIB, SATEB, SNEAB, SYNATEB, SYNTRAPOST, SYNTAS, SYNAPAGER, SYNATEL, SYNATIC, SYNTIPB, SYNTRAD, SYSFMAB, SNEP, SAMAE) ont commémoré dans l’unité cette journée internationale du Travail. Naturellement, la Bourse du travail a été le point de ralliement des manifestants. Dès 7 heures, ce sanctuaire syndical a été pris d’assaut par les travailleurs. Au fur et à mesure que le temps passait, la foule ne faisait que s’accroître.

Dans la cour, une puissante sono crachait des mélodies très en vogue ainsi que des chants très hostiles aux pouvoirs politiques et financiers et dénonçant l’exploitation éhontée des classes les plus démunies par celles des riches.

C’est peu après 9 heures que le long cortège des manifestants, scandant des slogans très engagés, s’est ébranlé en direction du siège de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS). Là, les attendait Jérôme Bougma, le ministre du Travail et de la Sécurité sociale, entouré des ses plus proches collaborateurs.

C’est le président du mois des centrales syndicales, Mamadou Nama, secrétaire général de l’Union syndicale des travailleurs du Burkina (USTB) qui, après les salutations d’usage, s’est adressé au ministre. «Nous vous remettons notre cahier des doléances à l’intention du gouvernement avec l’espoir qu’elles seront examinées dans les meilleurs délais». Puis après  avoir fait émarger le ministre dans le cahier de transmission, il lui a transmis le document détaillant les préoccupations et revendications des travailleurs.

Après la réception du courrier, Jérôme Bougma a souhaité une très bonne fête du 1er-Mai à l’ensemble des travailleurs du Burkina. Il a déclaré l'attachement du gouvernement au dialogue social comme outil de prévention, de gestion et de résolution des conflits sociaux. Pour finir, le ministre a assuré les syndicats que leurs «doléances seront examinées avec la plus grande attention par le gouvernement. Je vous assure que vos doléances trouveront des réponses appropriées en fonction des possibilités de notre pays».

En quittant la CNSS, les manifestants ont sillonné certaines artères de la capitale avant de rejoindre la Bourse du Travail pour un meeting.

Mamadou Nama a tenu à rendre particulièrement hommage aux femmes qui ont, c’est une première, constitué «52% des manifestants». Une forte participation des femmes due certainement au fait que de plus en plus, nombre d’entre elles prennent pleinement conscience de la place que peut prendre l’autre moitié du ciel dans le combat syndical en général, mais surtout dans la lutte pour l’amélioration du statut et le respect des droits de la femme. Elles ont compris que seule la lutte paie et que pour mieux défendre ses intérêts, il vaut mieux être en première ligne. Cette forte mobilisation féminine a été aussi une conséquence directe du bras de fer qui oppose les balayeuses des cours des établissements scolaires à leur employeuse pour fait de non- paiement de leurs salaires depuis des mois. Mais qu’à cela ne tienne, les leaders syndicaux devront de plus en plus tenir compte de cette donne féminine dans les luttes syndicales.

Le gouvernement a désormais en main le cahier de doléances des travailleurs. Des réponses qu’il apportera dépendra la paix sociale dans notre pays. Mais déjà, dès ce matin, le SYNTSHA-Ouaga va en grève pour 72 heures tandis que le SYNTER va débrayer au niveau national pour 48 heures à partir de demain.

 

San Evariste Barro

Pierre Tapsoba

L’Observateur Paalga du 2 mai 2007

 

Encadré

La plate-forme revendicative minimale des syndicats

 

 

1 augmentation des salaires et pensions de 25% pour compter de janvier 2001 ;

2 application au niveau du privé et des collectivités territoriales des augmentations de salaires décidées par le gouvernement ( en 2005 et 2007) ;

3 diminution des impôts et taxes : IUTS, taxes sur les produits pétroliers par la révision à la baisse de la structure des prix des hydrocarbures. Suppression de la TVA sur les prêts bancaires et suppression de l’IUTS sur le SMIG ;

4 réouverture et instruction du dossier Norbert Zongo ;

5 adoption du décret d’application de la loi portant sur la prise en charge de risques professionnels ;

6 traitement diligent des dossiers de crimes et de coups et blessures sur des travailleurs dans l’exercice de leur fonction et indemnisations conséquentes de leurs ayants droit ;

7 prise en charge gratuite des urgences sanitaires ;

8 mise en œuvre diligente des recommandations du Comité paritaire Gouvernement / Syndicats sur les dossiers sociaux ;

9 institution d‘une allocation chômage particulièrement pour les travailleurs victimes des PAS ;

10 relèvement des premières tranches de l’ONEA et de la SONABEL respectivement à 20 m3 et 100 KWH ;

11 installation d’une indemnité de stage ou d’une bourse d’études au bénéfice des fonctionnaires admis en stage se déroulant au Burkina Faso. A défaut, maintenir leurs indemnités de logement et de sujétion.



02/05/2007
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