L'Heure du Temps (Blog d'Information sur le Burkina Faso)

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Gouvernement Tertius : Un accouchement douloureux ?

Gouvernement Tertius

Un accouchement douloureux ?

 

L'attente avait fini par être longue et, franchement angoissante et même énervante. Six jours après la nomination, le lundi 4 juin 2007, de Tertius Zongo au poste de Premier ministre, on attendait toujours en effet, dimanche dans la journée, la formation de son gouvernement. On se doutait bien que la chose, comme indiqué dans notre édition n°6901 du jeudi 7 juin dernier, ne se ferait pas avant que le président du Faso ait respecté son agenda international, notamment l'ouverture, ce jour-là à Ouagadougou, du Sommet sur "les meilleures pratiques" dans les technologies de l'information et de la communication et l'investiture, le lendemain vendredi  à Bamako, d'Amadou Toumani Touré. On se disait néanmoins que ces rendez-vous liquidés, ça irait très vite et des sources concordantes annonçaient la publication du décret de nomination pour samedi au dernier journal de la TNB. Erreur ! Il n'y a certes pas de délai légal, comme nous l'a fait remarquer quelqu'un, pour former une équipe gouvernementale, mais on s'était laissé dire que c'est toujours mieux d'accélérer les choses sans forcément faire dans la précipitation.

Car il y a longtemps que la République est en vacances et l'espèce d'hibernation des institutions avant, pendant et après les législatives a fait place  carrément à un attentisme certain dans les ministères depuis qu'Ernest Paramanga Yonli a rendu le dimanche 3 juin sa démission. L'article 69 de la Constitution a beau préciser que les membres du gouvernement assurent l'expédition des affaires courantes, de quel dossier sérieux un ministre qui n'est même pas sûr de rester peut-il s'occuper ? Et on comprend ceux qui ne voulaient même plus que pendant cette parenthèse gouvernementale, on les gratifie d'un "monsieur le ministre".

En accélérant les choses, on évite donc de donner cette impression de vide prolongé dont, c'est connu, la nature a horreur. Tant et si bien d'ailleurs que le suspense interminable a fini par alimenter la rumeur. Comme celle-là, qui voulait que si les choses traînaient ainsi, c'est parce que l'embarras  du choix de celui qui était jusque-là ambassadeur du Burkina aux Etats-Unis, au regard des compétences dont regorge le parti majoritaire et le Burkina d'une manière générale, s'est très vite mué  en choix de l'embarras dans la mesure où il était, dit-on, difficile de satisfaire les desiderata des uns et des autres.

On le sait bien, ici comme ailleurs, le choix d'un ministre et le maroquin qu'il doit occuper n'est pas du seul ressort de la Primature  (même si son locataire a forcément droit à quelques strapontins pour ses proches) mais bien plus de la Présidence et de toutes ces forces souvent antagoniques qui gravitent autour du chef.

Il n'y a qu'à voir, pour s'en convaincre, le gouvernement Fillon pour la constitution duquel Sarkozy soi-même menait parfois les discussions ainsi que le choix, par l'Elysée, de certains directeurs de cabinet imposés à des ministres.

Dans le cas qui nous concerne, comment par exemple concilier des desseins contraires si, de Blaise à Salif en passant Roch, Paramanga, Simon et même Chantal, chacun (e) veut placer son homme (ou sa femme)? Et Tertius n'a certainement pas dû échapper à un tel grand écart. Il y a peut-être aussi les (re) découpages ministériels qui ont pu rendre les tractations difficiles et les marchandages-arbitrages plutôt délicats, surtout qu'il était question, ces derniers jours,  d'une charcuterie gouvernementale qui enverrait sur le tapis au moins 50% des membres de la dernière équipe Yonli et que le nouveau cabinet serait resserré.

D'où cet accouchement qui peut paraître douloureux puisque le travail se poursuivait hier encore dans l'après-midi. C'est à se demander d'ailleurs si on n'a pas fini par pratiquer une césarienne politique.

"Pourvu seulement que le bébé soit beau", lâchaient les plus résignés, fatigués de ce qu'on les faisait ainsi mariner dans leur propre jus.

Moyennant quelques réglages donc, le temps de gommer ceux dont les noms étaient encore écrits au crayon de papier ou de  biffer certains qui avaient déjà franchi cette étape, c'est finalement dans la soirée de ce dimanche 10 juin que la délivrance vint par le décret n°2007-381/PRES/PM portant composition du gouvernement du Burkina Faso.

On observe tout de suite que contrairement à ce que beaucoup de gens pensaient ou espéraient, cette équipe est tout sauf resserrée puisqu'elle est tout aussi pléthorique que la précédente : 34 membres.

Le dégraissage en profondeur n'a également pas eu lieu puisqu'ils sont 20 à avoir été reconduits en changeant parfois de portefeuille comme Djibril Bassolet qui quitte la Sécurité pour les Affaires étrangères ; Seydou Bouda qui passe de l'Economie et Développement à la Fonction publique, etc.

Au total, ils sont 14 personnalités à avoir été débarqués parmi lesquelles Youssouf Ouédraogo, Boureima Badini, Benoît Ouattara, Adama Fofana, Monique Ilboudo, Aline Koala, Gisèle Guima, Lassané Sawadogo, Joseph Kahoun. C'est le même nombre de personnes qui empruntent le chemin inverse, à l'image de Filippe Sawadogo (Culture, Tourisme et Communication), Zakalia Koté (Justice), Salamata Sawadogo (Promotion des Droits humains), Ousséni Tamboura (ministre délégué à l'Alphabétisation et à l'Education non formelle), Lucien Marie Noël Bembamba, le DG du Trésor qui devient ministre délégué au Budget, Assane Sawadogo, directeur des archives nationales, qui débarque à la Sécurité, etc.

On remarquera cependant que le ministère de l'Information disparaît pour être intégré dans le département qui échoit à Filippe.

Autres constats à chaud, Alain Yoda est bombardé ministre d'Etat à la Santé tandis que l'Alliance pour la Fédération/Rassemblement démocratique africain (ADF/RDA) conserve ses deux portefeuilles avec son président Gilbert Ouédraogo (toujours aux Transports) et Ousséni Tamboura. C'est sans doute la preuve que Blaise et l'Eléphant filent encore le parfait amour.

Le grand chamboulement souhaité par une partie de l'opinion n'a donc finalement pas eu lieu. Blaise et Tertius ont juste voulu émonder l'arbre sans le déraciner, ce qui peut donner l'impression à nombre de leurs concitoyens que quelques nouveaux visages et d'illustres inconnus mis à part, c'est toujours la même chose : on prend les mêmes et on continue.

 

La Rédaction

L’Observateur Paalga du 11 juin 2007



11/06/2007
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