L'Heure du Temps (Blog d'Information sur le Burkina Faso)

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Hausse des prix des hydrocarbures : Une fausse querelle aux syndicats

Hausse des prix des hydrocarbures

Une fausse querelle aux syndicats

 

En guise de droit de réponse, suites à certaines affirmations de M. Ilyinga relativement à la hausse des prix des hydrocarbures, la Commission presse des organisations syndicales apporte ci-après une contradiction digne d'intérêt.

Loin de jouer au chat et à la souris avec le gouvernement, le mouvement syndical a fait preuve d'anticipation.

En témoignent les propositions pour une révision de la structure des prix des hydrocarbures, qu'on lira par ailleurs  en annexe.

 

Nous avons lu avec un intérêt marqué un article intitulé «Prix des hydrocarbures, qui dit mieux ?» Ledit article, signé de M. Ilyinga Antoine et paru dans l'Observateur n°6981 du lundi 3 septembre 2007, reproche entre autres aux organisations syndicales de jouer au chat et à la souris avec le gouvernement, de se croiser les bras pendant le moment des baisses des cours du pétrole pour se réveiller, toujours surpris, par leur montée vertigineuse. Comprenant que le manque d'informations peut justifier de telles reproches, nous voudrions assurer à l'auteur de l'article et à d'autres citoyens peu ou mal informés, que sur la question sensible des hydrocarbures, le mouvement syndical a quand même fait preuve de sens de l'anticipation.

La preuve, c'est ce document transmis au gouvernement à l'occasion des négociations de septembre 2006, où les organisations syndicales soumettent à celui-ci leurs propositions pour une gestion plus responsable de la question des hydrocarbures. Nous souhaitons que votre journal puisse publier ce document à l'attention de ses lecteurs, ce d'autant que celui-ci sera à l'ordre du jour des négociations Gouvernement/Syndicats de septembre prochain.

 

Pour la Commission Presse des organisations syndicales

 

Le Président

Norbert Ouangré

L’Observateur Paalga du 11 septembre 2007

 

 

 

Les centrales syndicales du Burkina Faso :  

CGT-B - CNTB - CSB - FO/UNSL - ONSL - USTB

Les syndicats autonomes :

SAIB - SATEB - SNEAB -SNEP - SYNATEB - SYNATIC

SYNTAS - SYNTRAPOST - SYNAPAGER - SYNATIPB

SYNATRAD - SYSFMAB- SYNATEL

 

Propositions des organisations syndicales pour une révision de la structure des prix des hydrocarbures en vue d'une baisse significative des prix desdits produits

 

Introduction

Ces dernières années, les prix des hydrocarbures connaissent des hausses régulières avec un pic du prix du baril qui a atteint les soixante-quinze dollars.

Ces hausses continues, dans un contexte d'aggravation de la pauvreté, de la baisse des salaires, contribuent fortement à rendre la vie encore plus chère. En effet, les hydrocarbures constituent la principale, sinon l'unique source d'énergie pour les industries et les différentes unités économiques du pays. Par ailleurs, les hydrocarbures influencent fortement le coût du transport des marchandises et des hommes.

 

Analyse et constats sur la politique pétrolière au Burkina Faso :

* La gestion des hydrocarbures est un monopole de la SONABHY, une société d'Etat chargée de l'importation, du stockage et de la mise à la consommation ;

* La distribution est assurée par des marketteurs (sociétés pétrolières, grossistes) et les gérants de stations (détaillants);

*  Les prix des produits pétroliers sont fixés par l'Etat et ont une incidence très forte sur la vie socio-économique ;

* Les produits pétroliers sont frappés de diverses taxes (TVA, Droits de douanes, Taxe sur les produits pétroliers) et très fortement taxés ;

* Les marges accordées aux distributeurs et aux détaillants sont élevées, bien au-dessus de celles de pays comme le Niger ou le Sénégal  ;

*  La politique de révision mensuelle des prix des hydrocarbures, en lieu et place de l'ancien système de péréquation est peu pertinente en ce qu'elle induit théoriquement une révision mensuelle des prix de tous les biens et services, en particulier du transport et de l'électricité ;

* Des trois (3) taxes appliquées aux hydrocarbures, la taxe sur les produits pétroliers (anciennement appelée taxe unique sur les produits pétroliers) est la plus élevée ;

*  La stabilisation des prix des hydrocarbures relève du rôle régalien de l'Etat.

 

Propositions pour une révision de la structure des prix des hydrocarbures

 

A court et moyen terme

- Une politique de stabilisation des prix des hydrocarbures facilitée d'une part par l'existence de stocks de sécurité et d'autre part, par le fait que la SONABHY s'approvisionne essentiellement par des commandes à terme ; 

-  Privilégier autant que possible le transport ferroviaire et faire jouer à fond la concurrence au niveau des camions citernes tout en allégeant les procédures de chargement et de déchargement des produits (les bons d'enlèvements et de dépôt);

- La suppression de la taxe sur les produits pétroliers qui s'élève à 125 F CFA par litre ;

- La réduction de 5 F CFA des prix dépôts côtiers qui sont de façon inexplicables au-dessus de ceux des pays de la sous-région ;

- La réduction des charges dépôts côtiers de 4,5 FCFA au même niveau que celles du Niger ;

-  La réduction de la marge bénéficiaire de la SONABHY (12 milliards en 2005 !) -50% x 27,43= -13,71 F ;

- La baisse de 25% des marges des distributeurs et des détaillants (-15F) avec fixation d'une fourchette en lieu et place d'un montant unique en vue de faire jouer la concurrence.

Total  4 baisses + suppression = 211,19 FCFA

693 F - 211F = 482 F

 

A long terme

• L'évolution des prix du pétrole au niveau international commande que des mesures soient prises pour amoindrir la dépendance vis-à-vis de ce produit, notamment à travers la recherche et le développement de sources d'énergie alternatives. Cela peut être envisagé au niveau sous-régional et même régional par le biais d'institutions telles que l'UEMOA ou la CEDEAO.

• Au regard de l'incidence des  produits pétroliers sur la vie socio-économique des différents Etats, les pays membres de l'UEMOA pourraient envisager une défiscalisation de ce produit, plus précisément une exonération de l'essence, du gasoil et du pétrole, en escomptant des effets positifs induits notamment une amélioration de la production économique, une augmentation de la consommation, toute chose qui contribue à un accroissement de la contribution fiscale intérieure (TVA, BIC, etc.).

  Au regard de l'importance des stocks de sécurité, la SONABHY pourrait fonctionner comme la SONAGESS et constituer également un pôle d'approvisionnement pour certains pays voisins comme le Mali et le Niger avec la construction de dépôts régionaux importants à Bobo-Dioulasso, à Fada et à Ouahigouya et aussi un pôle d'approvisionnement régional spécial en kérosène pour l'Afrique de l'Ouest du fait de sa position stratégique d'escale pour les avions. 

 

Conclusion

Si dans la politique de prix des hydrocarbures, rien n'est fait pour prendre en compte le pouvoir d'achat des populations, les recettes escomptées par l'Etat perçues comme des recettes sûres du côté du commerce de ces hydrocarbures vont connaître de plus en plus des baisses significatives pouvant conduire à terme à une diminution de la consommation des ménages, à la fermeture des unités industrielles avec pour conséquence une dégradation encore plus poussée de la situation économique et sociale.

 



11/09/2007
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