L'Heure du Temps (Blog d'Information sur le Burkina Faso)

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Il faut sécher les larmes de ces veuves en pleurs

 Retraités burkinabè de Côte d’Ivoire

Il faut sécher les larmes de ces veuves en pleurs

 

Depuis deux semaines, une délégation de la Caisse nationale de prévoyance sociale (CNPS) de Côte d’Ivoire, conduite par le directeur de l’Agence des prestations extérieures, François Koffi, séjourne à Ouagadougou. Le samedi 16 février 2008, elle a rencontré ses allocataires pour leur donner un certain nombre d’informations sur leurs pensions. On a saisi l’occasion pour avoir des points d’éclaircissements. Au sortir de cette rencontre, la CNPS va-t-elle sécher pour de bon les larmes de ces veuves en pleurs ? Espérons-le.

 

Ceux qui ont écouté le communiqué invitant les retraités de Côte d’Ivoire à se rendre le samedi dernier à la Direction régionale de Ouagadougou (DRO) pour une rencontre avec des responsables de la CNPS n’ont pas manqué le rendez-vous. Les pensionnés étaient plus nombreux que les veuves dont les époux défunts avaient cotisé à la Caisse nationale de prévoyance sociale. Mais on peut comprendre leur absence puisque certaines résident en province.

Dans la cour de la RDO, où on s’est un peu bousculé pour prendre place, cela sautait aux yeux. C’est après 9 heures que François Koffi et sa délégation composée du contrôleur des employeurs, Koua N’sieni, du chef de la section retraite, Mme Madialya Ouattara, et du chef de la section comptabilité, Mme Angéla Kiémoko, ont fait leur apparition accompagnés de Sary Baïlou et de Patrice Tapsoba, respectivement directeur central des prestations de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) et chef de service des prestations extérieures.                                   

Quand tout fut mis en place, c’est vers 10 heures que le directeur de l’Agence des prestations extérieures de la CNSP, François Koffi, a pris la parole pour saluer les pensionnés au nom du directeur général de cette institution. Selon lui, cela fait à peu près un an qu’ils ne sont pas venus au Burkina Faso. « Par le passé, dit-il, la CNPS se faisait le devoir de venir chaque année  pour voir si ses assurés sociaux se portent bien et leur demander s’ils n’ont pas de revendications ou de réclamations à faire par rapport à leur prestation ».  Pour ne pas rompre ce qu’ils avaient coutume de faire, ils sont venus cette année pour les rencontrer.

François Koffi a laissé entendre que le DG de la CNPS a chargé  sa délégation de donner certaines informations à leurs assurés. D’abord, il y a deux catégories  de bénéficiaires à la CNPS. Il y a ceux qui touchaient déjà leurs pensions à Abidjan et qui ont décidé qu’on les transfère au Burkina. La seconde catégorie concerne ceux qui ont travaillé en Côte d’Ivoire, et qui sont revenus après un certain nombre d’années pour travailler au Burkina. Avec la convention, après avoir totalisé leur période de travail, la partie ivoirienne paie un peu, de même que le Burkina Faso. Le directeur de l’Agence des prestations extérieures a précisé qu’on appelle ces travailleurs les assurés de l’Iprao (Institut de prévoyance retraite de l’Afrique occidentale). 

 

Les pièces à fournir pour éviter les désagréments

 

Revenant sur les pensionnés qui ont demandé qu’on les paie au Burkina, le chef de la délégation a dit qu’ils ont constaté que quelquefois leurs pensions sont coupées ou subissent des « coupes sombres ». Cela, a-t-il souligné, est dû au fait qu’il y a des pièces que la CNPS réclament pour que leurs pensions continuent d’être acheminées normalement au Burkina. Si les pièces ne sont pas fournies, l’ordinateur ne prend rien en compte. Ces pièces en question sont le certificat de vie qu’on fournit tous les six mois (le mois de mai et novembre), le certificat de non-remariage (une fois par an) et le certificat de fréquentation pour les enfants de moins de 16 ans. Trois seulement sont pris en charge et permettent au retraité d’avoir 30% de bonification selon un mode de calcul sur la pension. Quand un enfant a plus de 16 ans, on coupe 10%.  Quand une femme perd son mari, elle a droit à une pension de réversion si elle a par exemple un enfant de moins de 16 ans en charge. Mais si la veuve n’en a pas, elle est obligée d’attendre l’âge de  50 ans pour prétendre à la pension  de réversion. Mais elle peut, à 45 ans, faire une anticipation. Dans ce cas, elle constitue un dossier qu’elle dépose à la CNPS. On calcule et on prélève sur sa pension 5 % par année d’anticipation. Si elle doit percevoir par exemple 30 000 FCFA, elle aura finalement 22 500 FCFA jusqu’à sa mort. Mais si elle attend les 50 ans, elle touchera 30 000 FCFA jusqu’à la fin de sa vie, sauf si on revalorise. On entend des murmures partout. François Koffi demande : « est-ce qu’on s’est bien compris ». Des retraités se regardent.

Pour ne pas s’éloigner du sujet, il parle d’un homme qui travaille et décède  sans avoir 15 ans de service. Selon lui, pour avoir droit à la pension en Côte d’Ivoire, il faut 15 ans de cotisation. Patrice Tapsoba, qui est à ses côtés, intervient pour dire que c’est la même chose au Burkina Faso.

Le directeur de l’agence prend l’exemple de quelqu’un qui a travaillé 10 ans et  n’est plus de ce monde. Selon lui, la veuve peut avoir droit à une allocation unique ; c’est-à-dire qu’on peut lui payer quelque chose sans prétendre à la pension de réversion. Par contre, si le décédé avait 13 ans de service, sa veuve peut racheter les 2 ans pour avoir la pension. Cette loi, dit-il, est formidable parce qu’elle se rapproche de la veuve qui a souffert avec son mari. Il en est de même pour quelqu’un qui a travaillé pendant 13 ans et qui perd par la suite son emploi. Pour avoir une pension, il peut aussi la racheter. 

 

Les doléances de l’ARABCI

 

C’est le 19 septembre 1989 qu’un accord de paiement intercaisse a été signé entre la CNPS et la CNSS. Pour François Koffi, les deux institutions sont comme des frères et sœurs et tous leurs assurés doivent s’adresser à la CNSS. Quand ils reçoivent des pièces incomplètes, ils les retournent purement et simplement.

A cette rencontre, il y avait des membres du bureau de l’Association des retraités et accidentés burkinabè de Côte d’Ivoire résidant au Burkina Faso (ARABCI). Elle a soumis des doléances à la délégation de la Caisse nationale de prévoyance sociale. Le cas des veuves, qui n’ont pas perçu leurs pensions depuis plusieurs mois, a retenu l’attention de tous. Selon le secrétaire général de l’ARABCI, Julien Nikiéma, certaines sont venues en pleurs pour leur expliquer leur situation et qu’elles n’ont plus à manger. Cela a ému presque tout le monde. Des veuves étaient là, tenant en main les fameuses pièces qu’on ne cesse de leur réclamer pour avoir leurs pensions. Elles sont bien vivantes. Alors, que se passe-t-il pour que la CNPS qui veut être proche de ses assurés n’arrive pas à débloquer la situation qui perdure ?

Le directeur des prestations extérieures de la CNPS a dû faire un effort pour dire quelque chose. Répondant à ce qu’il vient d’entendre, il a déclaré qu’il y a des veuves qui  ont fait des réclamations et jusque-là, elles n’ont pas pu être satisfaites. La Direction générale, selon lui, a pris des dispositions pour que son service puisse répondre dans les délais aux réclamations qui sont venus de la part de leurs assurés sociaux. Au moment où ils étaient en train de mettre en place ces dispositions, l’ex-directeur central des prestations extérieures de la CNSS, Félix Traoré, était à Abidjan pour le même problème. Selon lui, la CNPS a pu débloquer plus de 400 cas. Ce qui veut dire qu’ils veulent aller de l’avant. Il a parlé de problème technique qui peut arriver  à tout moment et c’est pourquoi, la CNPS n’a pas hésité à présenter ses excuses à ses assurés. « On a commencé à prendre des dispositions pour que toutes les réclamations soient satisfaites. Nous prenons l’engagement de résoudre ces problèmes dans la limite de nos possibilités », a-t-il ajouté. Si 400 veuves ont été satisfaites, combien de pensionnées restent-ils à satisfaire ? A cette question, Patrice Tapsoba est intervenu pour dire que sur 60 veuves, elles sont une quinzaine qui remplissent les conditions. Quant aux autres, beaucoup ne les remplissent plus parce que leurs enfants ont dépassé l’âge de 16 ans. 

François Koffi a saisi l’occasion pour dire que la CNPS s’occupe de 7968 pensionnés au Burkina. Les veuves sont plus de 3000 et la CNPS envoie à la CNSS 2 milliards 500 millions de FCFA par an pour ses assurés. Chaque année, a-t-il précisé, le montant accroît parce que des Burkinabè qui rentrent demandent à être payés au pays.

 

La mensualisation de la pension

 

Dans l’accord qui lie la CNPS à la CNSS, il est stipulé que les pensionnés ont 45 jours pour venir toucher leurs pensions. Passé ce délai, on considère que ceux qui ne sont pas passés à la caisse n’existent plus. Mais les choses changent si le pensionné est par exemple en province. Si un bénéficiaire est à Boulsa et qu’il n’a pu se faire payer dans sa localité après 45 jours, il est obligé de faire le déplacement à Kaya ou à Ouagadougou. Des retraités ont demandé que le délai soit repoussé à 60 jours, mais la  CNPS ne veut pas entendre la chose de cette oreille.

Sur le retard de la pension qui ne permet pas souvent aux pensionnés d’avoir à temps leur argent pour  les fêtes de tabaski ou de Noël, François Koffi a dit que la CNPS paie à terme échu. Selon lui, le transfert des fonds est souvent à la base de ce retard et cela n’incombe pas à la CNPS. La durée de traitement prend des jours et il a révélé que la banque qui travaille avec la CNPS a vu ses cadres démissionner en cascade pour une autre banque. L’institution ivoirienne promet de régler les choses à l’avenir.

La mensualisation de la pension était aussi l’une des préoccupations des pensionnés qui ont demandé qu’on les paie au mois comme en Côte d’Ivoire. Pour François Koffi, il y a un certain nombre de dispositions à prendre et il faut avoir au moins un compte de 15 000 FCFA. Mais cela suppose qu’il faut revoir l’accord avec la CNSS. Un pensionné, qui décide par exemple d’aller s’installer à Abidjan, peut avoir la mensualisation. En ce qui concerne le Burkina, a-t-il dit, c’est une faisabilité et il faut laisser le temps faire les choses.

 

Justin Daboné

L’Observateur Paalga du 20 février 2008



19/02/2008
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