L'Heure du Temps (Blog d'Information sur le Burkina Faso)

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Inondation à Niofila : Plus d’un millier de sinistrés

Inondation à Niofila

Plus d’un millier de sinistrés

 

Après une pluie diluvienne dans la nuit du 27 au 28 août 2007, une inondation est survenue à Douna dans la Léraba, précisément dans la plaine irriguée de Niofila. C’est le barrage de Niofila qui a déversé son trop-plein dans la plaine, causant de la désolation : plus d’un millier de personnes sinistrées et d’importants dégâts matériels. Fort heureusement, on ne déplore pas de perte en vie humaine. Le gouverneur des Cascades, Youssouf Rouamba, s'est rendu dans la localité, le 29 août, pour constater l’ampleur du drame et témoigner la solidarité gouvernementale à l’endroit des victimes, en attendant des actes plus concrets pour les soulager. 

 

Le moins que l’on puisse dire, c’est que les Cascadais ont les pieds dans l’eau, les rivières et autres cours d’eau ayant du mal à contenir le liquide hydrique, qui déborde dangereusement de leurs lits. Conséquences :  les routes sont devenues plus que jamais impratiquables et certaines zones, inaccessibles. C’est dans une telle situation que le cortège du gouverneur des Cascades s’est ébranlé vers la zone sinistrée, dans le département de Douna à une quarantaine de kilomètres de Banfora. Il a fallu passer par Dakoro, Niankorodougou, Loumana, Sindou, soit un trajet de plus de 150 km et plus de 3 heures de route pour accéder à Niofila, car il était quasiment impossible de passer par Wolonkoto et Douna à cause de l’eau.

Arrivé aux environs de 13h sur la plaine irriguée de Niofila, le gouverneur des Cascades a vu les dégâts de même que les sinistrés. L’inondation est consécutive aux fortes pluies enregistrées dans la zone. Avant le mois d’août 2007, la zone avait enregistré 554 mm d’eau de pluie en 36 jours. Six jours avant l’inondation, c’est 377 mm de pluie qui ont été enregistrés. Dans la nuit du 27 au 28 août 2007, une pluie s’est encore abattue sur la localité aux environs de 2 heures du matin.

Conséquences : le barrage de Niofila, d’une capacité de 50 millions de m3, a déversé son trop-plein ;  il faut ajouter à cela le fait qu’en amont de celui-ci, un pont a cédé sous la pression de l’eau, rendant inaccessible la centrale hydroélectrique de Tourny.

En effet, selon Son Sawalmassé, un habitant installé juste à coté de la plaine et dont la concession et les biens ont été détruits dès les premiers moments, c’est par le déversoir du barrage que l’eau a envahi les concessions, les champs, les rizières, dévastant tout sur son passage et amenant les habitants, qu'ils fussent dans les rizières, dans les champs ou encore chez eux, à détaler. «Les maisons ont commencé à tomber, nous n'y pouvions rien et les autorités en ont été informées», explique ce dernier, qui avoue n’avoir jamais vu pareille inondation.

Certains ont eu la vie sauve grâce à la vigueur de leurs jambes. Fort heureusement, on ne déplore pas de perte en vie humaine. Si cela s'était passé en pleine nuit, le bilan aurait été plus catastrophique. On déplore d’importants dégâts matériels et le charriage des vivres. Selon un bilan encore partiel, on dénombre à Niofila environ 266 greniers détruits, 393 maisons tombées, 969 sinistrés dont 552 enfants. Le service de l’Action sociale et de la Solidarité nationale, qui a été l'un des premiers sur les lieux, ce 28 août vers 11 heures, poursuit ses investigations à Wolonkoto, Douna et Sindou, des localités également touchées, dans le but d’établir des données définitives. Les sapeurs-pompiers ont également joué leur partition ainsi que les forces de l’ordre, qui ont permis de loger les sinistrés de Niofila à l’école primaire de la localité et dans deux églises.

Ceux-ci sont logés dans des conditions encore précaires : pas de tentes ni de couverture. Pire : l'urgence qui est de faire manger les victimes n’était pas satisfaite et les enfants surtout souffraient de la faim. Car certaines victimes, logées depuis la veille, disaient n’avoir pas encore mangé. Le pire reste à venir, si rien n’est entrepris par le CONASUR au regard des dégâts causés sur les vivres et dans les champs.

Le directeur régional de l’Action sociale et de la Solidarité nationale des Cascades, Guingané Etienne, a reconnu que  pour le moment il y a des difficultés : «Les services techniques n’ont pas les premiers éléments pour répondre aux besoins spécifiques des gens». Le gouverneur des Cascades a expliqué qu’il est allé constater de visu la situation et apporter le soutien du gouvernement. Ce dernier entend rendre compte à sa hiérarchie afin que des dispositions utiles soient prises, de façon diligente, pour apporter le secours, le réconfort qui conviennent à ces populations, lesquels vivent vraiment une situation de précarité terrible, précise-t-il.

En attendant, sur le terrain, ce sont des conseils d’urgence que le gouverneur et l’équipe pluridisciplinaire qui l’accompagnait ont donnés.

Des conseils ont été donnés et des dispositions prises en faveur des victimes pour ce qui est des questions de santé, de sécurité, des consignes à observer en matière d’hygiène. Tout cela a été expliqué aux sinistrés, qui vivent pour la première fois une inondation dans la plaine.

Notons que ce n’est pas la première fois dans la région des Cascades qu’une inondation est enregistrée en saison de pluies. Il y a juste quelques jours, précisément le 22 août dernier, le village de Kouèrè, sur l’axe Banfora-Gaoua, était inondé, ce qui a transformé une quinzaine de familles en sans-abri.

 

Luc Ouattara

L’Observateur Paalga du 31 août 2007

 

                                                                           

Quelques réactions

 

Belem Patrice (secrétaire général de la mairie de Douna) : dès six heures, j’ai été alerté par un coup de fil du directeur de l'école de Niofila que le village en question était inondé et qu’il fallait dépêcher des gens pour essayer de sauver la population qui y vit. Aussitôt, j’ai tenté de joindre par téléphone le Haut-Commissariat. Il se trouvait que les premières autorités n’étaient pas là. C'est alors qu'après avoir alerté la police et la gendarmerie, j’ai tenté avec un des conseillers qui était là de traverser l’eau qui nous arrivait aux hanches. Nous avons pris d'énormes risques pour atteindre les lieux, et on a évacué les gens le plus rapidement possible par  pirogues avec l’aide des Bozos (les pêcheurs).

Nous avons entrepris de rejoindre l’école avec les sinistrés ; nous leur avons conseillé de quitter carrément leurs maisons pour éviter qu’elles s’écroulent sur eux. Certains ne voulaient pas quitter les lieux, et nous avons dû, avec la sécurité, les y contraindre. En moins de 45 mn, l’eau avait envahi presque toutes les concessions. C’est aux environs de 17h que l’eau s'est retirée jusqu’à un certain niveau. Malheureusement, quand on rentrait, il n’y avait pas de passage, et on était obligé à faire un détour, en passant par Sindou. Malgré tout, on avait l’eau à hauteur de  poitrine et cela, jusqu'à Douna.

Ce qu’il faut faire, c'est que les autorités sur place essayent de voir comment convaincre les gens de quitter les lieux, comment les évacuer. Ils sont trop attachés au barrage, et c’est une chance que l'eau soit venue d’un seul côté. Si c’était la digue qui avait cédé, ça aurait été plus dangereux. Tout le village eût inondé et ç'eût été  plus catastrophique.

 

• M. Soura  (chef du village de Niofila) : l’eau  a détruit complètement mon village. Tout le monde est venu s’installer à l’école et se  fait recenser. Nous avons demandé aux autorités de venir constater les dégâts et de nous aider. Les concessions ont été détruites, beaucoup de maisons sont tombées, les champs sont inondés, et certains n’ont même plus d’abri. C’est pourquoi ils sont à l’école.

Nous voulons de l’aide. Si les autorités nous aident avec des vivres, nous en serons très heureux. Tout ce que les autorités trouveront pour nous soutenir nous soulagera. En attendant, depuis hier (28 août), il y a la solidarité : ceux qui ont encore à manger le partagent avec les victimes.

 

Propos recueillis par

Luc Ouattara



31/08/2007
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