L'Heure du Temps (Blog d'Information sur le Burkina Faso)

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Intoxication alimentaire à Ouagadougou : 5 morts au secteur 28

Intoxication alimentaire

5 morts au secteur 28

En quelques heures, la nouvelle a fait le tour de la ville. Des personnes ont été victimes d'une intoxication alimentaire le vendredi 31 août dans la zone non lotie du secteur 28, dans l'arrondissement de Bogodogo. La rumeur fait état d'une dizaine de morts. Notre équipe s'est rendue sur les lieux le 3 septembre 2007. Le drame a plutôt emporté 5 personnes au lieu de 10, comme annoncé par certains médias. Ce sont des enfants pour la plupart. La famille Sawadogo est en deuil, car trois de ses enfants ont succombé à l'intoxication samedi nuit.

Salif est un des aînés de la famille Sawadogo. Le samedi 1er septembre, il a vécu les pages les plus noires de sa vie. Successivement, ses deux soeurs Safiatou et Adjara, et son petit frère Oumar sont passés de vie à trépas. La première n'a que 10 ans. Après avoir consommé une bouillie à base d'une farine offerte par une voisine, Safiatou ressent un malaise vers 4h du matin. Evacuée à l'hôpital pédiatrique, elle entre dans le coma. Pendant que la famille s'activait pour honorer les examens de la fillette, Oumar, 12 ans, pique une crise plus grave que celle de sa soeur Safiatou. Il est 9h ce samedi matin. Il est évacué à l'hôpital Yalgado. Pendant que la famille faisait la navette entre les deux hôpitaux, Adjara, âgée de 18 ans, est, elle aussi, victime d'un malaise. Elle rejoint son frère à l'hôpital Yalgado dans un état comateux. Les analyses et les bilans médicaux demandés n'auront pas le temps d'être exploités. Adjara rend l'âme à 20h 21, Safiatou à 21h 45, et le petit Oumar à 23h 45. Dimanche 2 septembre, les trois membres de la famille sont portées en terre par une famille meurtrie et des voisins qui s'interrogent toujours sur l'origine d'un tel drame.

Pour la famille Sawadogo, le bilan aurait pu être plus lourd. Deux personnes ont mangé la bouillie contaminée, mais en très petite quantité. Il s'agit d'une fillette de 5 ans et une autre fille, Aïcha. Traitées et prises en charge, elles ont rejoint le domicile dimanche à 18h.

La bouillie meurtrière

Le drame débute par un don de la vieille Adissa Maïga, voisine de la famille Sawadogo. Elle remet à l'amie (Adjara) de sa fille Fati, de la farine (d'aucuns parlent de grumeaux) pour faire de la bouillie. Dame Maïga, tout comme la famille Sawadogo, a bu de cette bouillie. Dame Maïga et un de ses neveux, Judicaël, ont succombé à l'intoxication le lendemain. Selon certaines sources, la vieille dame est décédée vers 1h du matin. Son neveu, quant à lui, sera évacué à l'hôpital pédiatrique où il succombera. Dans la famille Sawadogo, on compte trois décès. Tout le monde se pose la question de savoir quelle est l'origine de la farine contaminée. Est-ce une contamination localisée ou généralisée ? La sécurité publique est interpellée.

Dimanche, les services de la police ont perquisitionné les deux familles et ont emporté le reste de la farine et quelques ustensiles pour des analyses minutieuses, nous a fait savoir le patriarche de la famille Sawadogo. Celui-ci a regretté le fait que des médias n'ont pas relayé le bon chiffre, toute chose qui a créé la panique au sein des familles.

Encadré

Salif Sawadogo 

"Nous ne sommes pas encore situés sur la nature du produit consommé"

"Le Pays" : Qu'est-ce qui s'est passé ?

Salif Sawadogo : Samedi matin, les voisins sont venus m'informer du malaise de ma petite soeur (Safiatou). Elle vomissait et faisait de la fièvre. Je l'ai amenée à l'hôpital pédiatrique Charles de Gaulle. Lorsque nous sommes arrivés, elle était déjà dans le coma. A la pédiatrie, elle a été hospitalisée. Aux environs de 9h, on m'informe que Oumar souffrait du même malaise que sa soeur. Je l'ai évacué d'abord à la pédiatrie. Là-bas, on m'a signifié que son cas était grave. Je l'ai donc évacué au CHU Yalgado. A 18 h, on m'informe que Adjara, âgée de 18 ans, connaît les mêmes crises que les autres. Je l'ai envoyée d'urgence au CHU Yalgado. Elle aussi était dans le coma. Malgré tous les soins, analyses et bilans, elle est décédée. Je reviens retrouver morte celle qui était hospitalisée à la pédiatrie. Le petit garçon, Oumar, succombera également dans la nuit du samedi. Selon Aïcha (sa cousine), c'est la voisine qui a donné de la farine à Adjara. Et c'est la bouillie de cette farine qui a causé ces dégâts meurtriers.

La voisine qui a donné la farine et son neveu sont aussi décédés après avoir consommé la farine. Au total, cinq personnes ont laissé leur peau dans cette affaire de farine périmée, selon ce que rapportent les gens.

Pour le moment, on ne sait pas si c'est de la farine qu'ils ont consommée ou bien ce sont des produits toxiques qu'elle a ramassés croyant que c'était du lait. Jusque-là, nous ne sommes pas encore situés sur la nature du produit consommé.

Abdoulaye TAO et Issiaka KABORE (Stagiaire)

Le Pays du 4 septembre 2004



04/09/2007
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