L'Heure du Temps (Blog d'Information sur le Burkina Faso)

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Je t'aime, moi non plus (Wade et la presse privée)

Wade et la presse privée

Je t'aime, moi non plus

Ce n'est pas le parfait amour entre le président sénégalais, Abdoulaye Wade, et la presse privée de son pays. Le n°1 sénégalais ne rate pas l'occasion de dire tout le mal qu'il pense des journalistes des organes de presse privés. Ainsi, il n'a pas hésité à dire que les deux reporters sportifs tabassés courant juin par des policiers à l'issue d'un match de football ont mérité ce qui leur est arrivé. La raison avancée par Abdoulaye Wade est que ce sont les reporters qui ont provoqué la rixe. Comme si cela ne suffisait pas, il a enfoncé le clou en affirmant haut et fort, au cours d'un déplacement aux Etats-Unis, que les reporters en question ne sont pas des journalistes mais des politiciens. Sacré Wade !

Sans doute galvanisés par ces sorties présidentielles, certains de ses partisans se sont aussi mis de la partie. Ainsi, son ministre et secrétaire national du Parti démocratique sénégalais (PDS, parti au pouvoir), Farba Senghor, a très officiellement appelé les militants du parti à boycotter les organes de presse soutenant, à ses yeux, l'opposition et, plus grave, demandé aux entreprises du secteur public et à l'administration de suspendre leurs contrats publicitaires avec ces mêmes organes. Mais qu'a bien pu faire la presse privée pour être jusqu'à ce point dans le collimateur des autorités ? Paie-t-elle un refus de se laisser caporaliser ? En d'autres termes, la presse privée paie-t-elle pour avoir voulu garder jalousement son indépendance ?

Dans tous les cas, on ne reconnaît pas le Sénégal, pionnier de la démocratie et de la liberté sur le continent, avec ce qui s'y passe. Le pays de Senghor ne nous a pas habitués à ce genre de situation. Mais depuis l'arrivée du célèbre opposant au pouvoir, beaucoup de choses ont changé malheureusement pas forcément dans le bon sens. "Wade a déréglé le Sénégal", comme nous l'avons écrit dans une de nos éditions. On se demande quelle leçon de liberté de presse il peut donner à ceux qui, sur le continent, la bafouent à partir du moment où lui aussi ne donne pas le bon exemple.

Le "Je t'aime, moi non plus" entre le président sénégalais, ses partisans et la presse privée marque la fin des bons rapports noués surtout au moment de l'élection présidentielle de 2000 remportée par le célèbre opposant. A l'époque, l'apport des organes de presse en général, et des radios privées FM en particulier, à l'avènement de Abdoulaye Wade, avait été unanimement reconnu. Aujourd'hui, les partisans du Sopi ont sans doute oublié cette mobilisation qui leur a permis de se faire une place au soleil. Si c'est tout à fait leur droit d'être reconnaissants ou non envers leurs bienfaiteurs d'hier, il est au moins de leur devoir, en tant que dirigeants, de mettre un point d'honneur à garantir et assurer les libertés en général, reconnues d'ailleurs par la Constitution, et celle de la presse en particulier. Sinon, ils risquent de figurer dans le tableau peu glorieux des prédateurs de la liberté de la presse régulièrement dressé par l'ONG Reporters sans frontières.

Séni DABO

Le Pays du 4 août 2008



04/08/2008
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