L'Heure du Temps (Blog d'Information sur le Burkina Faso)

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"Journalistes crispés, petits progrès de Blaise Compaoré"

Entretien du président du Faso

"Journalistes crispés, petits progrès de Blaise Compaoré"

Norbert Tiendrébéogo, député de l'Union des partis sankaristes (UPS) et Me Bénéwendé Stanislas Sankara, député et président de l'Union pour la renaissance/Mouvement sankariste (UNIR/MS) donnent ici leur point de vue sur l'entretien qu'a eu, le jeudi 9 septembre dernier, le chef de l'Etat avec des journalistes.

Norbert Tiendrébéogo, député UPS

"Journalistes crispés, petits progrès de Blaise Compaoré"

"J'ai suivi l'entretien que le chef de l'Etat a accordé à la presse, à 3 journalistes d'organes différents. Je voudrais faire l'analyse de cet entretien au moins sur 3 plans. D'abord sur la prestation des journalistes, j'ai noté qu'il y a une légère amélioration de ces journalistes par rapport à ce que nous avons connu avant. Mais cela n'empêche pas que l'on constate que malheureusement les journalistes restent toujours crispés lorsqu'ils ont à affaire à Blaise Compaoré. On ne sait pas si ce sont des consignes qui leur sont données avant qu'ils n'aillent à ce genre d'exercice ou pas, toujours est-il que l'émission a manqué de punch, de repartie. C'est timidement que la réplique est faite pour ramener l'interviewé sur le chemin. En ce qui concerne le chef de l'Etat lui-même et sur la forme, je pense personnellement qu'il fait de petits progrès ; ce n'est pas le Blaise Compaoré que nous avons connu en 87, ce n'est pas non plus celui que nous avons comme il y a 2, 3 ans donc il y a de petits progrès. Mais comme l'élève n'était pas parmi les premiers, il est clair qu'il lui reste beaucoup à apprendre pour devenir le meilleur. Ceci dit je pense que quant au fond il a beaucoup joué au dilatoire comme d'habitude, la fuite en avant comme il l'a toujours pratiqué, refusant de répondre directement à des questions précises, renvoyant même certaines questions aux journalistes eux-mêmes. Ce n'est pas du tout le but de cet exercice et là je suis resté sur ma faim. Sur la question précise de l'invitation que Roch aurait envoyé à maître Sankara , cette honnête aurait voulu que l'on dise que maître Sankara a envoyé aussi une invitation à son homologue. Cela n'a pas été fait; on a laissé Blaise balayer d'un revers de main, tout comme il balaie d'un revers de main toute la fraude organisée par le CDP lors des différents scrutins pour dire que c'est parce que le CDP construit bien le pays que les masses votent CDP. Mais c'est faux. Tout le monde sait très bien qu'il y a la fraude là-dedans , les achats de conscience. Lorsque l'on parle des ponts, des routes qui tombent, qui se désagrègent quelques 6 mois, 1 an après, il dit que ça se passe dans tous les pays du monde; mais est-ce que Blaise Compaoré sait seulement depuis combien d'années on a construit les ponts qui sont en train de tomber aux Etats-Unis ? Je crois que tout cela ne fait pas sérieux pour un responsable de son niveau. Pour rester dans le même ordre d'idées, vous avez vu qu'il ne peut pas dire oui. Il se plaisait à dire ouais, mais ouais ; mais c'est pour l'homme de la rue, ce n'est pas le langage d'un chef , je crois que ça doit être un peu plus sérieux quand même il faut respecter le Burkinabè, il faut faire respecter le Burkina Faso d'autant plus que notre télévision nationale est suivie à travers le monde, je pense que ce n'est pas sérieux. Pour tout dire je suis resté sur ma faim. Je me demande pourquoi avoir organisé cette émission surtout quand les journalistes ne sont pas allés sur certains sujets tels que le dossier Norbert Zongo, le dossier Thomas Sankara, qui sont là, la question Touareg parce que au Niger et au Mali ça chauffe. Il est évident qu'au Burkina ça va bientôt chauffer et pourquoi pas. Tout cela devrait nous inquiéter, nous interpeller. Je passe sous silence la fuite en avant qu'il a faite lorsqu'on a parlé de son ami Charles Taylor, on a senti plein d'agacement, plein de nervosité dans sa voix, dans sa façon de répondre, je crois que là aussi, cela nous permet de nous renforcer dans la conviction que c'est un homme qui n'aime pas la vérité, qui n'aime pas qu'on lui dise la vérité, qui n'aime pas la contradiction, qui veut que tout se ramène à lui.

 

Me Bénéwndé Satanislas Sankara, président de l'Union pour la renaissance/Mouvement sankariste (UNIR/MS)

"J'ai été très déçu"

"J'avoue franchement que j'ai été très déçu parce que le chef de l'Etat, M. Blaise Compaoré comme le dit le député du CDP, Achille Tapsoba , "c'est quelqu'un qui ne s'adresse pas habituellement au peuple". Il parle très peu et quand une telle opportunité se présente , on s'attend à des choses merveilleuses. Je ne dirai pas trop exceptionnelles connaissant un peu ce pouvoir d'Etat. J'avoue que les réponses données aux questions posées étaient véritablement en deçà de mes attentes. Sur les premières questions qui concernaient donc la vie politique de ce pays, le chef de l'Etat s'est pratiquement dérobé. J'en voudrais pour preuve revenir sur la réponse qu'il a donnée au sujet de la commémoration du 15 octobre 2007 qui coïncide avec ses 20 ans d'arrivée au pouvoir par un coup d'Etat et que le CDP, qui est le parti majoritaire, son parti qui l'a porté au pouvoir, veuille dans un Etat de droit commémorer et fêter ses 20 années d'accession au pouvoir ; je pense que ce n'est pas une question à balayer du revers de la main . Je pense que c'est une question essentielle de l'unité même des Burkinabè. Comme le professeur député Etienne Traoré l'a relevé, je pense qu'aujourd'hui après les événements de 1998 consécutifs à la mort du journaliste Norbert Zongo avec la grande crise socio-politique que le Burkina a connue et qu'il y a des propositions comme la Journée nationale de Pardon et bien sûr d'autres événements dont les élections, je pense qu'on devrait mettre de notre côté, du coté du peuple burkinabè tout ce qui peut faire le ciment de l'unité nationale et poser les préoccupations de ce peuple. Je pense qu'en tant que chef de l'Etat, il ne s'agit pas de dire que les partis politiques sont libres de faire ce qu'ils veulent, parce que ce que c'est lui qui est le garant de l'unité nationale. Quand son parti à lui pose des actes à l'encontre de cette unité, je pense qu'il devrait avoir le courage de répondre clairement aux journalistes parce que l'invitation qui m'a été faite est pour nous une provocation. On en peut pas fêter l'assassinat d'un homme politique et prétendre que ça fait 20 ans qu'on est au pouvoir. Et les élections qui sont intervenues après le référendum constitutionnel de 1991 ? Qu'est-ce qu'on en fait ? Bref, il y a d'autres chapitres. Sur la question de la gouvernance, le chef de l'Etat a été trop laconique. Quand il analyse le rapport de la Cour des comptes et quand il prend des exemples sur les bitumes notamment la route de Boromo, c'est comme si l'impunité était tout à fait normale dans ce pays. Je veux bien qu'on me dise que pour faire un km de route bitumée, il faut peut-être 200 millions de F CFA et si on en utilise 30 c'est normal que ce goudron ne résiste pas. Mais, pourquoi le faire quand je sais que ça fait des milliards qu'on jette par la fenêtre ? Pourquoi ne pas faite de très bonnes études et les réaliser les choses convenablement ? De toutes façons nous avons des normes qui sont bien connus. Le chef de l'Etat ne semble même pas le savoir. Il y a des sujets sur lesquels il avoue carrément sa carence. Vous l'avez vu de façon lapidaire quand il abordait les événements de Gogo. Egalement sur la cherté de la vie, j'ai eu l'impression que le chef de l'Etat se met exactement dans la peau de Mobutu vers la fin de ses jours. M. Blaise est à des années lumières par rapport à son peuple. Il ne connaît pas les réalités du peuple burkinabè et c'est illustratif quand on voit effectivement un chef de l'Etat encadré de panthères dans un salon luxuriant qui frise l'insulte à son propre peuple. C'est normal qu'aujourd'hui il ne puisse pas connaître les réalités de vécu quotidien de ce peuple. Un peuple confronté véritablement à des questions existentielles comme la flambée des prix des denrées de première nécessité. On nous bourre les oreilles chaque jour de cette fameuse gratuité de l'enseignement alors que c'est un faux-fuyant, il y a d'autres réalités, nous avons vu le prix du ciment et la manière dont le gouvernement a géré les différentes catastrophes qui sont arrivées et qui étaient pourtant prévisibles. Et le chef de l'Etat ne semble du tout s'émouvoir. Le gouvernement vient de faire sa rentrée après de belles vacances que les ministres se sont grassement offertes encore sur le dos du contribuable burkinabè. Et pour une rentrée politique, je pense que le chef de l'Etat devrait aborder avec sérénité les questions qui ont été posées par les journalistes, qui sont en réalité des préoccupations essentielles. Je dis que ça été un exercice à la limite écoeurant. En abordant le dossier ivoirien, vous voyez que le chef de l'Etat se glorifie beaucoup plus de ses victoires personelles que des aspirations des Burkinabè vivant en Côte d'Ivoire, dont les préoccupations essentielles n'ont pas été abordées."

Propos recueillis par Parfait SILGA et Gontran ZOUNGRANA

Le Pays du 11 septembre 2007



11/09/2007
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