L'Heure du Temps (Blog d'Information sur le Burkina Faso)

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L'officialisation d'un secret de polichinelle

Rapport de la Cour des comptes

L'officialisation d'un secret de polichinelle

 

Le rapport 2004-2005 de la Cour des comptes, qui est tombé le 13 juillet 2007 avec sa remise au chef de l'Etat, continue de faire des vagues. En atteste la réaction de Tahirou Barry qui revient, avec un ton visiblement remonté, sur les institutions épinglées par la haute juridiction. L'auteur de la déclaration tire surtout à boulets rouges sur la Mairie de Ouagadougou et le Médiateur du Faso.

 

Le vendredi 27 juillet 2007, la Cour des comptes, dans son rapport sur les lois de finances, gestion 2003 et 2004, a officialisé ce qui, jusque-là, n'était qu'un secret de polichinelle au Faso : la mauvaise gestion des fonds publics de certains établissements.

Il y a lieu de rappeler que la Cour est une juridiction chargée de juger la régularité des comptes publics, d'en contrôler l'usage par les gestionnaires et d'en informer le Parlement, le gouvernement et l'opinion sur la régularité desdits comptes.

Il examine en outre l'efficacité des activités de l'Administration dans un souci de bon emploi des fonds publics.

Ce rapport est venu nous rappeler que la morale est toujours agonisante au Faso, et ce, malgré les discours lénifiants sur la bonne gouvernance. Les gestionnaires interpellés étaient fatigués de faire cacher leur dos dans l'eau et le peuple las d'attendre qu'ils sortent de l'eau pour montrer leur visage. La Cour a relevé dans la gestion des établissements publics des irrégularités graves, des entorses à la légalité, qui vont du non-respect de la réglementation des achats publics et de la fiscalité à l'absence ou à la mauvaise tenue des livres et documents comptables en passant par la non-application des règles déontologiques relatives par exemple aux professions comptables.

Plusieurs structures publiques ont été épinglées ; mais la plus surprenante reste la mise en cause du Médiateur du Faso et de la mairie centrale de Ouagadougou.

Comment le plus illustre artisan de la rigueur économique voltaïque à l'ère de la "Garangose" ait pu se compromettre dans la gestion de la "maison rose" à travers des faits dignes d'une légende ? Jugez-en vous-même : 44 000 FCFA de frais de mission pour accompagner le Médiateur à l'aéroport de Ouagadougou, une paire de chaussures à 39 000 F CFA pour chauffeur, frais d'habillement du directeur de cabinet à 703 000 F CFA (1).

 

Les masques sont tombés

 

Pour reprendre cette interrogation de Laurent Bado au plus fort moment des débats sur l'affaire des 30 millions, "le solide peut-il brutalement se transformer en l'état gazeux sans passer par l'état liquide ?".

Quant au maire central, son acharnement au travail et son dynamisme contrastent fortement avec la sombre gestion de la réfection de l'hôtel de Ville central. C'est à ne rien comprendre !

Le peuple veut savoir ce qui s'est passé. Il est inconcevable que la Cour n'ait pas enregistré d'explications de la part de la plupart des structures mises en cause.

Dans l'histoire des nations, il y a des obligations auxquelles un responsable ne peut se soustraire sans porter l'estampille d'un discrédit éternel.

En France, la Cour des comptes a publié, en avril 2007, un audit sévère sur la gestion du Comité d'entreprise d'EDF, l'un des plus riches de France. Dès que ce fleuron du modèle social français a été épinglé, les dirigeants ont répondu sans attendre. Une explication de quatre pages a même été envoyée par la poste à quelque 290 000 salariés et retraités.

Alors, pourquoi c'est au Pays des hommes intègres que le silence veut triompher ?

La justice doit réagir. Beaucoup de rapports accablants ont été certes rangés dans les tiroirs.

Même si le chien ne change pas sa manière de s'asseoir, j'ose croire cette fois que les choses bougeront. Le peuple doit savoir si les différentes fautes de gestion ont servi les intérêts des différents gestionnaires pendant la période concernée. Ce travail doit être fait pour éviter que nos responsables et autres ordonnateurs s'autorisent à ramer à contre-courant des vertus d'intégrité et d'honneur.

Le peuple demande à tous ceux qui ont été démasqués de dire simplement ce qui s'est passé avec son argent. Il ne veut pas que certains individus règnent en véritables conquistadores sur ses maigres richesses. Les observateurs avisés disent que les Burkinabè sont très patients, mais tel un crocodile, ils dorment les yeux ouverts. Evitons donc de nous moquer du peuple et justifions l'emploi de ce qu'il a bien voulu nous confier.

 

Tahirou Barry,

Juriste

L'Observateur Paalga du 8 août 2007

 

(1) NDLR : A propos des frais d'habillement du directeur de cabinet du médiateur du Faso en 2001, un rectificatif s'impose.

En effet, contrairement à ce que nous avons pu laisser entendre dans notre relation de la conférence de presse (cf. L'Observateur paalga n°6938 du lundi 30 juillet 2007), le général Tiémoko Marc Garango, premier Médiateur du Faso, n'était plus en poste à l'époque, puisqu'il a quitté ses fonctions en octobre 2000. "N'alourdissez pas mon dossier", nous a-t-il gentiment fait remarquer alors.

 



08/08/2007
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