L'Heure du Temps (Blog d'Information sur le Burkina Faso)

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Le 4-Août et le 15-Octobre contés par Blaise Compaoré

Le 4-Août et le 15-Octobre contés par Blaise

 

Dans le cadre des  "20 ans de la renaissance démocratique avec Blaise Compaoré», le chef de l’Etat, Blaise Compaoré, a rencontré, le 18 octobre 2007, 3 000 jeunes à Pô, localité située à 146 km au Sud-Ouest du Burkina. Il s’agissait d’expliquer un peu le 4 août 83, le 15 octobre 87,  de parler de la personnalité de Blaise, et de… l’avenir du pays.

Une rencontre qui a pris des allures de confidences ou de confessions, qui ne manquent donc pas d'intérêt même si c'est l'histoire telle que la raconte les vainqueurs.

 

Entre la ville de Pô et Blaise Compaoré, il y a une longue histoire d'amour. C’est en effet de là que tout est parti en août 83, et sans Pô, la Révolution  n’aurait pas existé, et de facto, le 15 octobre. C'est en effet de ce qu'on appelait jadis le "foyer incandescent de la révolution" qu'après l'arrestation de Thomas Sankara le 17 mai 1985, le capitaine Blaise Compaoré a organisé la résistance avec  le centre national d'entraînement commando (CNEC) pour marcher victorieusement 3 mois plus tard sur Ouagadougou. C’est pour cela d’ailleurs que le ministre de la Jeunesse et de l’Emploi, Justin Koutaba, a parlé de la Journée du 18 octobre comme celle d’une «historialité à nulle part égale… car c’est de là qu’est parti l’édifice de la société de progrès,...». Et cette Journée a été consacrée pour «célébrer le chemin par vous tracé, en savoir de vous et par vous». Pour ce dernier, l’histoire est faite par les hommes «mais est souvent tronquée, et parfois écrite à l’encre de la mauvaise foi».

En s’adressant à 3 000 jeunes, massés dans son pied-à-terre de Pô, le président du Faso a d’entrée de jeu signifié qu’il était «difficile pour un homme comme moi de parler de sa personne». avant de se lâcher quelque peu : «c’est la ville de Pô qui m’a porté, fait grandir, Pô m’a aidé à aider le Burkina Faso… Pô est entré dans l’histoire par le hasard de l’histoire… Pô a choisi ceux qui combattaient, il y a 25 ans pour la cause juste. Mon destin a été porté par cette jeunesse de Pô, dans le passé ; il y a une vingtaine d’années, je n’étais pas aussi vieux, j’étais plein d’enthousiasme et cet enthousiasme m’a permis, mes camarades et moi de mener des combats pour le peuple. Lorsque je me suis retiré à Pô, la jeunesse est venue me voir pour occuper la brousse, se former militairement pour se battre à nos côtés… mais dans les rues de Ouagadougou aussi, les gens sont sortis pour rejeter le Conseil de salut du peuple, CSP (du médecin commandant Jean-Baptiste Ouédraogo Ndlr). A Pô, j’ai eu aussi des rencontres avec des personnes-ressources qui m’ont témoigné leur engagement… Je ne suis pas un homme politique, je ne suis qu’un citoyen qui aime son pays, qui œuvre pour le progrès de son pays».

 

«J’ai choisi le treillis plutôt que la soutane»

 

Le chef de l’Etat confiera par ailleurs comment il a embrassé le métier des armes : son père (NDLR : Maurice Compaoré qui fut aussi militaire) lui avait dit de choisir entre le séminaire et le treillis ; «j’ai choisi l’armée, sinon j’aurais pu être le vicaire de Pô», a-t-il ironisé devant les jeunes. C’est ainsi qu’en 1975, il fut incorporé dans l’armée. En ces temps- là, l’ex-Haute-Volta vivait des moments difficiles : sécheresse de 73, conflit avec le Mali en 1974. Selon Blaise  c’est de cette époque que date l’idée qui a germé en eux les progressistes de faire quelque chose pour sortir le pays de l’impasse. Ainsi, la volonté de prendre le pouvoir, même si cette idée n’était pas encore claire dans les esprits révolutionnaires, date des années 70. Et d'ajouter : «ce soir j’ai invité d’anciens CDR qui pourront vous parler de certaines choses de cette époque».

 

«C’est l’absence des libertés qui a fait tomber le CNR»

 

Evoquant ce qu'il appelle l’échec du Conseil national de la Révolution (CNR), Blaise Compaoré lâchera un tantinet déçu  : «L’ambition était bonne, mais les orientations ont été pour beaucoup dans le désastre que nous avons connu, l’absence des libertés a manqué au CNR…». Il a déploré le fait qu’on a taxé certains citoyens de réactionnaires pour mieux les délaisser, tels les chefs coutumiers, qualifiés de «féodaux».

Après ce petit détour sur certains pans  de l’histoire contemporaine du Burkina, ce fut la série de questions réponses.

La question du SAMAE (syndicat du ministère des Affaires étrangères) s’est par exemple invitée à cette rencontre sous forme d’acte de contrition : «Nous demandons pardon, et souhaitons être réintégrés au ministère des affaires étrangères», a-t-on entendu de la bouche d’un jeune de ce ministère qui  été affecté après le mouvement à Ziniaré.

Sur la question, le chef de l’Etat fera dans l’esquive en plaisantant : «Quand vous avez marché, vous avez brandi  des pancartes, et vous avez dit que vous avez faim, alors on vous envoie où il y a à manger».

Pourquoi Blaise et ses commandos ont-ils maintenu leur marche sur Ouagadougou, le 4 août 83, malgré le fait que Thomas Sankara l’ait informé qu’il a trouvé un terrain d’entente avec Jean-Baptiste Ouédraogo ?

Voici la réponse de l’acteur principal de la Révolution d’août 83 : «Pour mieux comprendre le 4 août 83, il faut connaître ce qui s’est passé quelques temps auparavant. Vers le 15 juin, il y a eu une rencontre à Ouagadougou (NDLR : entre l’aile progressiste du CSP et les autres) dite de réconciliation ; nous y croyions tous, mais en juillet, une lettre dont nous avons eu possession faisait état de ceci : il faut neutraliser les révolutionnaires, parce que tant qu’ils n’auront pas atteint leur but, ils ne s’arrêteront pas». Pour Blaise, tout tient dans cette missive, car c’est elle qui a mis le feu aux poudres. Et il poursuit.

«…Pourquoi on est allé à Ouaga ? Il y avait à peu près 350 commandos partis de Pô dans 50 camions ; alors vous comprenez que lorsque nous étions au lieu dit  Namentenga, et que ces commandos avec des yeux rougis, ont aperçu la lumière de Ouaga, et qu’ils se disaient que peut-être c’est là où la vie de certains allait s’arrêter, on ne pouvait plus rien faire,  la machine était lancée.  Mais pour ce qui est de la présidence, c’était arrêté depuis que c’est Thomas Sankara qui serait à la tête».

 

Mais pourquoi ne parle-t-on pas souvent du  17 mai 83 ?questionna un jeune

 

Réponse de Blaise : «Le 17 mai 83, c’est l’arrestation de Thomas Sankara, ce n’est pas à nous d’en parler».

Sur bien d’autres sujets, Blaise, Gilbert Diendéré, François Compaoré, Bognessan Arsène Yé et bien d’autres acteurs sont intervenus. Des propos qui ne manquent pas d'intérêt et que nous avons rassemblés ci-dessous dans "les pépites du Nahouri et en vu et entendu".

 

Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana

Ouaga-Pô-Ouaga

L’Observateur Paalga du 22 octobre 2007



22/10/2007
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