L'Heure du Temps (Blog d'Information sur le Burkina Faso)

L'Heure     du     Temps (Blog d'Information sur le Burkina Faso)

Le fonds commun de la discorde

 

Cher Wambi,

 

Souffre que je doive entamer la présente sur une triste note, tant pour le catéchiste que pour toute la communauté chrétienne du village.

Ils étaient certainement heureux à l'annonce du départ des pèlerins catholiques le 04 février dernier pour la Terre sainte, Israël; Lourdes et Rome.

C'est l'âme vraiment en peine que, cette fois-ci, je leur apprends que, hélas, dans la cité d'Abraham, la mort, cette visiteuse invisible attendait un des leurs.

Il s'appelait Samuel Kaboré, jadis cadre de la Banque nationale de développement (BND) et supporter devant l'Eternel de l'ASFA-Yennenga, reconverti dans les affaires à travers son entreprise de Bâtiment et Travaux publics (BTP) S. Le Grand, pour ne pas dire "Le Seigneur est grand".

Mille fois hélas, cher cousin, car ils n'entendront plus son rire sec et saccadé qui était une invite à sa jovialité contagieuse.

Oui, Oncle Sam ne rentrera pas de Jérusalem ; frappé par une attaque cardiaque aux conséquences dévastatrices.

Tu imagines sans aucun doute  la peine qui est celle des cinquante autres pèlerins, mais quand on réalise qu'Oncle Sam a choisi de tirer sa révérence dans la cité qui a vu naître le fils de Dieu, il y a de quoi se consoler.

Pour l'instant, je suis dans l'ignorance de la date du retour de la dépouille mortelle, mais, pour sûr cher cousin, en temps opportun vous en serez informés.

Enfin ! Tournons cette page sombre et voyons à quel rythme va le Faso.

 

On le croyait parti, mais nous voici obligés de le subir encore quelques jours avant qu'il ne fasse place à la canicule.

Oui, tu as bien compris, cher Wambi, il s'agit de cette vague de froid qui accompagne la farandole de l'harmattan au Faso en ce mois de février.

Il n'y a pas lieu de paniquer, car ce brusque changement climatique n'est pas sans vous rappeler au village le froid du néeré, "rôosen-kil waodo" comme dirait le patriarche Gom-laalé, ce froid léger qui annonce la chaleur, et qui fait le bonheur des plantes en floraison.

Mais prudence quand même, cher cousin, car il est souvent aussi le lit de maladies opportunistes et vagabondes.

 

Cela ne fait plus l'ombre d'un doute, cher Wambi, ton journal, l'Observateur paalga, fêtera en cette année 2008, et en fanfare alors, son 35e anniversaire.

Ainsi que je te l'annonçais dans ma dernière lettre, le comité d'organisation mis sur pied à cet effet s'attelle à réussir le pari de l'innovation et de la perfection.

Après la sortie prospective le 03 février sur Kienfangué, où aura lieu le gala champêtre, le cap a été mis le 09 février sur Laye, point d'arrivée des marathoniens qui partiront  de Ouagadougou pour braver les 42,1 km.

D'ores et déjà, cher cousin, je puis t'assurer que l'engouement des partenaires institutionnels, des sponsors  et des confrères d'ici et d'ailleurs autour de cette manifestation inédite me nourrit d'un espoir justifié quant à sa réussite.

J'attends de vous, en tout cas, que la mobilisation soit celle des grands jours à Laye, comme cela se verra sur tout le trajet.

Ainsi, à défaut d'être aux jeux olympiques de Pékin, j'ai hâte de savoir lequel de nos marathoniens montera sur le podium à Laye en ce 35e anniversaire de l'Observateur paalga.

 

On est tenté de croire que désormais tout se vend et s’achète au Burkina Faso. Même les places sur les listes d’attente des concours directs de la Fonction publique, notamment ceux donnant accès aux écoles de formation professionnelle. Et le Directeur général de l’Ecole Nationale d’Administration et de Magistrature (ENAM) est bien payé pour le savoir, lui qui s’arrache les cheveux depuis un bon bout de temps, confronté qu’il est à d’énormes difficultés dans la gestion des listes d’attente de son école.

De quoi s’agit-il ?

Comme chaque année, il arrive qu’un candidat soit admis à plusieurs concours à la fois (ENAM, ENAREF et Douanes par exemple). Dans quelle école alors aller ? Tel est le choix cornélien auquel sont souvent confrontés les heureux candidats. En général, le choix est fait avant la rentrée d’octobre, après moult réflexions et  les conseils plus ou moins avisés des parents et amis.

En tout cas, comme le prévoient les textes portant organisation des concours directs de la Fonction publique, toute absence constatée quinze jours après la rentrée dans une école est considérée comme une démission, et d’autre part tout  candidat qui s’inscrit dans une école peut entre-temps se désister. Dans ce cas de figure, il a trente (30) jours après la rentrée pour le faire et par lettre adressée au Directeur général de l’école qu’il quitte.

Dans les deux cas, on fait alors appel à la liste d’attente.

Et c’est là le hic, parce que depuis un certain temps, les candidats admis dans plusieurs écoles s’adonnent à un exercice peu catholique qui consiste à s’inscrire dans toutes les écoles auxquelles ils sont admis, histoire de multiplier par deux ou trois le présalaire auquel ont droit les élèves fonctionnaires, et dont le montant par mois dans toutes les écoles du pays est de 54 435 F CFA pour les élèves du cycle «A», 31 000 F CFA pour ceux du cycle «B» et 23 000 F CFA pour le cycle «C». Et parfois, ce manège peut durer plusieurs mois avant qu’on ne détecte le fautif.

Le tout, au détriment du budget de l’Etat bien sûr, mais aussi et surtout au grand dam des malheureux candidats admis sur les listes d’attente et qui attendent avec espoir et angoisse qu’on les appelle. Or le délai limite prévu par les textes pour faire appel aux candidats sur les listes d’attente est de deux mois après la rentrée.

Ainsi, on a par exemple un élève admis et inscrit en même temps à l’ENAM à Ouagadougou et à l’ENSP de Fada N’Gourma, qui a pu  toucher donc deux présalaires pendant plusieurs mois avant qu’on ne mette le grappin sur lui, dénoncé qu’il fut par un candidat sur la liste d’attente qui lorgnait la place.

Mais le comble du cynisme a été atteint par cet élève-inspecteur du travail : admis à trois concours, il choisit de devenir inspecteur du travail et va donc à l’ENAM,  mettant les deux autres places en  vente en affichant au tableau son numéro de téléphone à l’intention des candidats sur les listes d’attente. Prix proposé pour un désistement : 60 000 FCFA !

Alors, que faire pour éviter ces abus ? A cette question, ils sont nombreux, ceux qui pensent que l’Administration y a sa part de responsabilité, elle dont les textes contiennent de nombreuses et grosses failles dans lesquelles s’engouffrent allègrement les élèves indélicats.

Il urge donc de revoir ces textes pour permettre de sévir et de réprimer sévèrement les élèves pris en flagrant délit d’inscriptions multiples.

Certains même proposent que dans ces cas-là, les fautifs soient purement et simplement exclus et remplacés par les candidats sur les listes d’attente, avec à la clé une interdiction de passer tout concours de la Fonction publique pendant au moins cinq (05) ans.

D’autres pointent du doigt le manque de concertation et de collaboration entre les responsables de nos écoles de formation en la matière.

 Il y en a aussi qui proposent que tous les concours se passent le même jour et que les rentrées dans les écoles se déroulent aussi le même jour pour éviter les multiples inscriptions.

Une chose est sûre : la situation est grave et il est plus qu’urgent d'y faire face, car si des aspirants fonctionnaires agissent de la sorte, c’est toute l’Administration qui est en péril.

Et que dire de ces malheureux candidats sur les listes d’attente, qu'on prive ainsi de la chance d’avoir du  travail, au nom du gain facile ?

 

Cher Wambi, dans ma lettre du vendredi dernier, je te faisais cas de l'opération de recensement général du matériel roulant de l'Etat que vient de lancer le ministère de l'Economie et des Finances (MEF). Cette opération, qui vise à faire le point et l'état des engins à 4,3 ou 2 roues de l'Etat burkinabè, de ses démembrements et des Projets, devrait à terme permettre aux autorités de rationaliser la dotation des ministères et institutions en moyens de locomotion et surtout en carburant, lubrifiants et crédits d'entretien. Seulement, voilà : les comportements et les méthodes de travail de certains responsables de la structure mise en place par le M.E.F. et installée par le ministre délégué Lucien Marie Noël Bembamba mettent en péril les  différentes phases de cette opération. En effet, d'après certains membres de l'équipe chargée de son exécution, réquisitionnés depuis le mois de novembre 2007, ils n'ont reçu aucune goutte d'essence pour leur déplacement ; aucun moyen de déplacement ; aucun service de café ou de thé. De quoi avoir le moral aux talons. La goutte qui va faire déborder le vase, c'est qu'ils sont en train de s'entendre dire qu'ils ne seront pas pris en charge.

Les conditions dans lesquelles ils travaillent depuis novembre (impréparation des décisions, improvisations, manque de concertation, confusion, instabilité) font qu'ils s'interrogent chaque jour que Dieu sur le succès de cette importante opération.

Pourtant de mon point de vue, elle ne doit pas échouer.

Déjà, avec le contrôle instauré par le Premier ministère en ce qui concerne l'utilisation des fonds rouges, une certaine satisfaction se lit sur les visages des gens. Si par cette opération, on arrivait à empêcher certains responsables de posséder à eux seuls quatre véhicules de service ; de consommer à eux seuls toute la dotation en carburant de leur direction ; à permettre à certains services publics de disposer du minimum, le gouvernement aurait fait un pas de géant en avant. Malheureusement, pour le moment, je suis inquiet.

 

Restons dans ce même ministère de l'Economie et des Finances, cher Wambi, pour dire que Jean-Baptiste Compaoré, le grand argentier du Faso, doit dormir d'un seul œil ces jours-ci, du fait que ses agents ne chantent pas tous le même Ditanyè, pour ne pas dire le même hymne national.

Sans doute l'as-tu déjà appris, le fonds commun censé stimuler  les agents des régies de recettes comme les Impôts, le Trésor, les Douanes, etc., est aujourd'hui source de discorde, certains s'estimant lésés.

Un phénomène nouveau, car, dit-on, c'est du jamais vu du temps où l'économie et le développement relevaient de départements ministériels différents.

Il me revient, en tout cas, que les mécontents, sans crier gare, ont improvisé un sit-in vendredi dernier, qu'ils ont reconduit le mardi 12 février, pour se faire entendre.

C'est ce qui aurait valu la descente de la Compagnie de sécurité républicaine (CRS) sur les lieux parce que, dit-on, les manifestations n'auraient point respecté les règles du jeu en la matière. Vrai ou faux ?

En tout cas, au building Lamizana, on ne désespère pas de trouver un terrain d'entente dans les meilleurs délais.

 

Et avant de t'ouvrir le carnet secret de Tipoko l'Intrigante, cher Wambi, je te fais ampliation de cette invitation du Conseil municipal de Ouagadougou à trois baptêmes de rues ce week-end.

Tout d'abord ce vendredi 15 février à 8 h 00, a lieu le baptême de la rue Emile-Nobila-Damiba, à côté du jardin du 8-Mars (non loin d'Oscar Yaar au secteur 1).

Si tu l'ignorais encore, Emile Nobila Damiba n'est autre que ce grand notable de Koupèla qui donna deux ministres à la République.

Notamment Pierre Claver Damiba, l'aîné, et Béatrice Damiba, aujourd'hui ambassadeur en Autriche.

Ensuite, à 9 h 30 ce même vendredi, interviendra celui de la rue Dim Waga Paul Diabré à Koulouba, l'avant-dernière rue à gauche à côté de l'Archevêché.

Pour la petite histoire, Dim Waya Paul Diabré,  ex-chef du canton de Yakala, département de Gombousgou dans le Zoundwéogo, pour ne rien t'apprendre, est lui le géniteur de notre ancien ministre du Commerce ; de l'Economie et des Finances ; président du Conseil économique et social (CES), administrateur associé du PNUD, aujourd'hui chairman Afrique et Moyen-Orient de la société française AREVA, Zéphirin Diabré.

Et enfin ce samedi 16 février, à 8 h 00, interviendra le baptême de la rue Alimata-Salembéré, côté ouest de la Résidence de l'ambassade de Côte d'Ivoire (prolongement de l'avenue du président Saye-Zerbo). Elle n'est autre que cette battante qui laissa ses empreintes, toujours indélébiles, à la tête du département ministériel de l'Information de notre pays.

 

La saga Telecel Faso, telles celle des telenovela, va de rebondissement en rebondissement. Et l'on se demande si un jour cette affaire de gros sous connaîtra un dénouement.

Dans ce dossier, le nouveau ministre de la Justice a fait le pari de sortir par le haut en donnant à la Justice toute la liberté.

L'effet immédiat de cette recherche de la vérité pour que le droit soit dit est la nomination d'un nouvel administrateur provisoire en la personne de madame Françoise Toé, expert-comptable, par Ordonnance de référé n°115/2007 du 14 janvier 2008.

Cette revendication, faite par PLANOR Afrique d'Appolinaire Compaoré a été jugée recevable et fondée.

Ainsi les sociétés ETIJALAT, TELECEL FASO SA Atlantique Telecom, ont été condamnées à payer à la société PLANOR Afrique SA la somme de trois millions (3 000 000 F) au titre de frais, non compris dans les dépens, en application de l'article 6 de la loi n°28/2004/AN du 08 septembre 2004.

 

La douane s'invite de nouveau au palais de justice. On se souvient encore de cette sombre affaire de falsification et d'exonérations en douanes qui avait commandé au président du tribunal de décerner un mandat de dépôt contre le tout nouveau directeur général, Ousmane Guiro, en début décembre 2007.

Si, par miracle, ce dernier n'a point intégré la Maison d'arrêt et de correction de Ouagadougou (MACO), et vaque en toute quiétude à ses occupations, nombre de ses agents méditent aujourd'hui sur leur sort au frais.

C'est le cas de ces gabelous déférés la semaine dernière.

Car dans cette affaire où l'actuel Directeur général des Douanes était plaignant au départ, il se serait révélé une imitation, si ce n'est un scannage, de signatures et de cachets.

Qui sont vraiment les auteurs de cette trouvaille, et à qui le crime a-t-il profité ?

Mystère et boule de gomme.

 

Si jamais son agenda ne nous trahit pas, le 24 février prochain, le tout nouveau directeur général du Fonds monétaire international (FMI) honorera le "Pays des hommes intègres"  d'une visite.

En tout cas au ministère de l'Economie et des Finances, on a hâte de voir ce que Dominique Strauss-Khann, puisque c'est de lui qu'il s'agit, transporte dans  ses valises.

Le calendrier de son séjour nous situera sur le poids réel du Burkina Faso au sein de cette institution financière mondiale.

 

Il souffle comme un vent de soulagement dans le secteur des opérateurs du gaz.

La guerre des marques semble avoir fait place à une paix des braves.

C'est, en effet, la résultante d'une réunion tenue le mercredi 13 février par la Direction générale du commerce ; l'Inspection générale des Affaires économiques ; le ministère de l'Energie, des Mines et des Carrières ; le BUMIGEG ; GPL Service ; TOTAL et la SONABHY.

En tout cas, le consensus aurait été trouvé pour une exploitation à titre exceptionnel par GPL Service de ses bouteilles, en attendant que celles des sociétés désireuses d'avoir le monopole sur leurs marques le manifestent. Ce n'est pas le consommateur qui s'en plaindra.

 

L’Observateur Paalga du 15 février 2008



15/02/2008
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