L'Heure du Temps (Blog d'Information sur le Burkina Faso)

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Les cotonculteurs s’insurgent contre les agents de la SOFITEX

NIANKORODOUGOU

Les cotonculteurs s’insurgent contre les agents de la SOFITEX

Niankorodougou est une commune rurale de la Léraba, plus connue sous le nom Sobara. Dans cette localité située à environ 90 km de Banfora, les cotonculteurs se sont insurgés contre les agents de la SOFITEX mis à leur disposition. C’était le jeudi 5 avril 2007. Suite au mouvement d'humeur qu’ils ont entrepris, la société cotonnière s’est vue dans l’obligation de rappeler ses agents afin de leur éviter le couroux des villageois. Pour mieux comprendre le problème des producteurs de coton de la zone, nous avons rencontré quelques-uns d’entre eux à Sobara. Explications.

Drissa Ouattara, Moussa Ouattara, Abou Ouattara et Tiègouè Ouattara sont des producteurs de coton dans le département de Niankorodougou. Ils disent que les producteurs de coton de leur commune sont victimes d’abus de pouvoir de la part du Correspondant-coton (CC) et des Agents techniques coton (ATC) que la SOFITEX a mis à leur disposition. Selon eux, toutes les prestations de ces agents, à partir d’un moment donné, étaient devenues payantes. Par exemple, pour voir enlever son coton, le producteur doit donner de l'argent à l’agent SOFITEX. Mieux, pour que son coton soit classé 1er choix, il doit payer entre 25 000 et 50 000 F CFA au tandem ATC-conditionneur qui, lui, se trouve à l’usine d’égrenage à Banfora.

C’est Tiègouè Ouattara qui a déclenché les hostilités avec les agents de la SOFITEX ce jeudi 5 avril 2007. Son coton, qu'il estimait être de 1er choix et qui partait à Banfora, a été déclassé avant l’arrivée à destination. Selon Tiègouè, le déclassement de son coton est la conséquence logique de sa déclaration le 26 mars 2007 au cours d’une rencontre que la société cotonnière a tenue avec les cotonculteurs de Sobara. Au cours de la rencontre qui avait pour objet de porter certaines informations à la connaissance des producteurs, il a dit devant la mission, venue de Banfora, qu’il n’avait pas le moindre sous pour satisfaire les ATC et le CC afin que son coton soit bien classé. Cette sortie du vieux Tiègouè allait susciter des applaudissements chez les producteurs. Et depuis ce jour, tout coton qui a quitté Sobara a été classé 2e choix dès son arrivée à l’usine d’égrenage de Banfora. Plus de trente camions ont ainsi été traités, à en croire les cotonculteurs de Sobara. Et pour le transport de son coton, Tiègouè Ouattara dit qu’un camion a été dépêché spécialement à Niankorodougou alors que de coutume, il faut "graisser" les ATC pour cela. Très vite, les producteurs ont compris que quelque chose se tramait contre lui. C’est lorsqu’il apprit que son coton avait été déclassé à Banfora que Tiègouè s’est rendu au domicile de l’ATC mis en cause, qu’il aurait, aidé de ses enfants, ligoté et bastonné avant d’être appréhendé par les forces de sécurité. La furie des villageois contre les agents de la SOFITEX était si grande que celui de Zingnèdougou s’est refugié à la police. On a noté des dégâts matériels au domicile de ces agents.

L’arrestation de Tiègouè Ouattara a mobilisé toute la population de Sobara qui se rendit à la police pour exiger sa libération et la révision du classement de leur coton. Mise au courant de ce qui se passait dans la zone, la SOFITEX envoya des véhicules pour évacuer ses agents. Mais les cultivateurs horripilés s’y opposèrent dans un premier temps avant de permettre aux ATC d’embarquer avec le minimum d’effets. Le reste de leurs bagages, confisqué, ne leur sera remis qu’après la révision du classement de tout le coton qui a été transporté entre le 26 mars et le jour de la manifestation.

Les producteurs de coton de Sobara relèvent d’autres difficultés auxquelles ils font face dans l’exercice de leur métier. Il s’agit de l’imposition d’un insecticide dont la valeur financière pour toute la zone avoisinerait 250 millions, l’obligation d’avoir au moins 8 tonnes de coton pour espérer constituer un chargement direct sur Banfora et la complicité des conditionneurs avec qui les ATC auraient des codes pour le déclassement du coton dont le producteur ne satisfait pas à leurs volontés. A cela ils ajoutent que dans certains villages la société cotonnière voulait déposer les intrants de la campagne prochaine alors que la production de cette année n’est pas encore enlevée.

Pour les cotonculteurs de Sobara, c’est parce que la SOFITEX n’a pas de concurrent qu’elle les traite de la sorte. Toutefois, ils souhaitent que la société leur envoie d’autres agents qui, bien sûr, devront se départir du comportement de ceux expulsés.

Mamoudou Traoré

Le Pays du 11 avril 2007



11/04/2007
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