L'Heure du Temps (Blog d'Information sur le Burkina Faso)

L'Heure     du     Temps (Blog d'Information sur le Burkina Faso)

Les fausses pistes d’un développement de l'Afrique

Afrique

Les fausses pistes d’un développement

 

On se demande parfois comment s’organisent les responsables du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale pour que les dirigeants africains et leurs proches échappent aux "fourches caudines" de ces institutions de Bretton Woods qui semblent, par contre, n’avoir aucune compassion pour les peuples africains. Sur un continent où la grande majorité souffre des affres de la faim, de la soif, de la maladie, de l’analphabétisme, il apparaît indécent que l’Occident et ses organisations "bienfaitrices" soient si aveugles et insensibles face au dépeçage calculé des économies nationales par une minorité de gens dont l’opulence est inversement proportionnelle à l’état d’indigence des peuples qu’ils s’étaient pourtant engagés à extirper des marécages du non-développement.

Pourquoi se gargariser d’être traité de "bon élève" du FMI et de la Banque mondiale ? Cette notion bien relative traduit la soumission aux directives antisociales des deux institutions internationales. Mais autant la pilule est amère, autant son application a toujours manqué de rigueur sous nos cieux. Il s’en est toujours suivi des résultats fort mitigés.

Le néo-libéralisme auquel sont soumis les pays africains se traduit par une plus grande ouverture des marchés, la non-intervention de l’Etat et une prédominance de la loi du marché, la libre concurrence, le rapatriement des bénéfices, la délocalisation, entre autres. Ses conséquences sont aussi bien connues : privatisation à outrance, licenciement et compressions, fermetures d’usines, évasion fiscale, etc.

Toutefois, sur le terrain, le schéma mis en place dans la plupart des pays africains n’est, en rien, conforme au principe même du libéralisme économique. Jamais, les dirigeants africains n’ont été capables d’honorer leur signature ni de s’assumer. Cette non-conformité des principes même du libéralisme a favorisé le développement de l’affairisme (fonctionnaires commerçants, ampleur des prête-noms, concurrence déloyale : on dispute le moindre marché aux honnêtes hommes et femmes du métier) et on privilégie la politique politicienne comme méthode de gouvernement. Les conséquences sont là : ascencion des médiocres, gabegie, absentéisme chronique dans les services, développement du clientélisme, du favoritisme, du népotisme, de la corruption et de la répression sous tous les angles, fraudes, inflation des prix, etc. La situation est donc bien loin de profiter au consommateur. Ce dernier, pris en étau entre des dirigeants cupides et des opérateurs économiques peu soucieux du bien-être général, est devenu, de nos jours, le seul et véritable perdant d’une économie en déroute.

La souveraineté de l’Etat devrait pourtant s’exercer en faveur du plus grand nombre. Comme le recommandent justement ces engagements internationaux qu’on se montre fier d’avoir signés. En attendant de sortir des pièges d’un libéralisme douteux, il convient de faire observer le respect strict du jeu de la libre concurrence.

Non contents de s’être mués en véritables potentats, des dirigeants africains ont tendance à devenir de véritables guichets uniques : par personnes interposées, c’est en effet eux qui contractent et signent les engagements internationaux, encaissent, dépensent, contrôlent, évaluent pour finalement se délivrer des satisfecits. Il faut y mettre fin. Au nom de la démocratie républicaine et du bon sens.

Différents rapports, dont ceux en provenance d’experts indépendants et même des milieux du FMI et de la Banque mondiale, ont montré que les remèdes de cheval n’avaient pas toujours atteint les objectifs escomptés. Bien souvent au contraire, l’on a recommandé la suppression de ces mesures drastiques dont l’application essoufle les économies nationales et plonge les familles dans une misère effroyable.

N‘est-il pas déplorable que des dirigeants africains assistent imperturbables à l’agonie de leurs propres peuples sous la pression de l’étranger? Sans doute ont-ils tissé des liens de complicité en dehors des frontières pour garantir leurs jours !

C’est le propre des républiques bananières, conduites pour la plupart par des dirigeants davantage préoccupés par leur mieux-être et la pérennité de leur pouvoir que la survie de leurs concitoyens. Leur gestion se traduit le plus souvent par la malgouvernance : confiscation des libertés démocratiques, répression féroce, baillonnement de l’opposition et des médias, défaut d’alternance, mégalomanie, vie à scandales sur fond d’évasion en numéraires, progéniture et proches pataugeant dans un luxe insultant à l’intérieur et à l’extérieur, véhicules dernier cri, "tout terrain" avec des incidences élevées en matière de factures pétrolières, "dépenses de souveraineté incompressibles", etc.

Tour à tour, les Programmes d’ajustement structurel (PAS), les ambitieux programmes basés sur des objectifs visant la santé et l’éducation pour tous, les Cadres stratégiques de lutte contre la pauvreté (CSLP), entre autres, montrent leurs limites. Ne faudrait-il pas revoir sa copie? DSK le socialiste et sa nouvelle formule du FMI pourront-ils y changer quelque chose? Face à la détresse des peuples africains, songeront-ils un instant à agir sur le ralentissement du train de vie de l’Etat ?

L’Asie bouge, l’Amérique latine aussi. L’Afrique, elle, stagne. Par la faute de ses dirigeants. Bientôt 50 ans, et le continent connaît les mêmes piétinements. La preuve est faite que jamais nos pays ne se développeront dans le respect des règles d’autrui, en l’occurrence celles imposées par les pays occidentaux. De mémoire d’homme de média, c’est bien la première fois, par exemple, que surviennent des émeutes de la vie chère au Faso.

Aussi faut-il saluer au passage l’initiative du Bénin qui a mis en place une structure de "développement concerté" pour mieux gérer la gouvernance. Il faut également soutenir la création d’une Banque du Sud, laquelle bénéficie de l’aval du président vénézuélien Chavez.

Il faut mettre un terme à la gestion calamiteuse des biens publics. Adeptes de la politique politicienne, de nombreux chefs d’Etat sont plus soucieux de la conservation de leur pouvoir, quel qu’en soit le prix, que de réelles politiques de développement durable, axées sur le consensus. On ne se développe jamais avec le génie des autres, de ceux qui aspirent à vous dominer éternellement.

 

Le Pays du 26 févier 2008



26/02/2008
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 1021 autres membres