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Logements sociaux au Burkina : Un début de réponse à la forte demande

Logements sociaux au Burkina

Un début de réponse à la forte demande

10 mille logements sociaux et économiques. Le gouvernement, le Premier ministre en tête, a lancé l’opération en grande pompe le 24 juillet dernier. Enfin ! est-on tenté de dire. Et le Burkinabè lamda se remet à rêver d’un "chez-soi", aspiration somme toute légitime. Auparavant, il y avait un obstacle majeur à la concrétisation d’un tel rêve : le coût exorbitant des loyers proposés par les promoteurs immobiliers privés. Les citoyens aux petits revenus se contentaient jusque-là d’une baraque dans un "non-loti" ou de vivre en location où près de la moitié du salaire est consacrée au loyer. Une vraie saignée financière. Ceux qui tentaient de construire par eux-mêmes le faisaient brique après brique avec quelquefois le risque de ne jamais achever l’ouvrage. Combien de chantiers sont restés en jachère dans les communes ? Combien de terrains ont été abandonnés par des propriétaires plus préoccupés à survivre qu'à investir dans un logement ? Le yoyo observé sur les prix des matériaux de construction n’est pas fait pour encourager le boom de l’habitat privé.

Le gouvernement a donc ouvert une brèche dans sa politique du logement en permettant à une frange de la population de devenir propriétaire. C’est une possibilité supplémentaire pour se loger.

En attendant les premiers propriétaires de ce nouveau programme, on peut entrevoir la fin d’une certaine forme d’exclusion et cela est tout à l’honneur du gouvernement. Selon les chiffres officiels, ils sont 54 000 dans le public et plus de 100 000 salariés dans le privé en quête de leur première habitation. Le programme répond donc à un besoin pressant.

Il faut espérer également que ce programme fera baisser la spéculation foncière dans les grandes villes. L’urbanisation galopante a développé le phénomène des habitats spontanés qui enlaidissent la cité. Et le code de l’urbanisme adopté en 2006 vise à mettre de l’ordre dans le secteur. Il s’agit donc de maîtriser le développement urbain de nos cités. Ainsi, les maires de nos communes verront la pression baissée sur leurs chantiers de lotissement, devenus au fil des années une véritable caverne d’Ali Baba pour des individus en mal d’enrichissement illicite.

On a vu également que la forte demande sociale en logement a engendré une inflation du loyer jamais enregistrée dans notre pays. Dans ce contexte, les spéculateurs et les faussaires de tous acabits n’ont pas hésité un seul instant à plumer d’honnêtes citoyens en quête d’une parcelle pour y bâtir leur maison d’habitation. Cela dit, sur les conditions de la location-vente proposées par la CEGECI, on peut trouver à redire.

20 ans pour devenir propriétaire, c’est peut-être long, mais c’est mieux que rien du tout. Il est vrai que le plafond de 100 mille francs pour les salariés qui vont y prétendre couvre plus de 80% des travailleurs du Burkina. Cela traduit l’idée de ne laisser personne sur le bas-côté puisque concerant la majorité des Burkinabè. Un calcul rapide sur la base des 6 millions sur 20 ans donne une mensualité de moins de 25 mille F CFA. Que veut le peuple ? De l’eau, du pain et un toit pour se loger.

Dans le principe, le coup est jouable. Mais, on est au Burkina et l’expérience a montré que la mise en oeuvre pratique des programmes a souvent été déviée de son objectif initial. On se souvient encore de l'amère expérience des tracteurs pour les paysans. Ils sont donc nombreux, les Saint Thomas dans notre pays.

Le gouvernement est donc attendu sur le respect du cahier des charges. Faire bénéficier ces logements aux plus nécessiteux et ne pas céder à la tentation de faire profiter les amis et les môgô-puissants. Le gouvernement devra constamment garder ce cap. En affirmant solennellement que ceux qui sont déjà propriétaires d’une maison ou d’une parcelle sont exclus de l’opération, il surprend agréablement. Toutefois, on se demande comment les services techniques vont trier le bon grain de l’ivraie.

Autre inquiétude légitime : la qualité des travaux. Les services techniques devront y veiller scrupuleusement pour ne pas faire de la contre-publicité au programme. Il serait terriblement insultant pour les nouveaux propriétaires de constater que les travaux diligentés n'ont pas été faits dans les règles de l’art. Un logement social, aussi modeste soit-il, doit être conforme aux règles de sécurité en matière de construction.

En Côte d’ivoire et au Mali, la politique de l’habitat à loyer modéré pour les ménages modestes est un succès. Le Burkina ne part donc pas du néant et les errements qui vont survenir ne seront pas excusables.

Le Pays du 26 juillet 2007



25/07/2007
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