L'Heure du Temps (Blog d'Information sur le Burkina Faso)

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Ma nounou est allée à Loumbila

Prise en charge des orphelins

Ma nounou est allée à Loumbila

 

Du 13 au 15 août 2007, une formation assez originale s’est tenue dans l’enceinte de l’orphelinat Sainte- Thérèse de Loumbila. Une trentaine de nourrices, officiant  dans des centres pour orphelins du Burkina, ont reçu une formation pratique pour une meilleure prise en charge psychosociale des enfants dont elles ont la charge.

 

«Orphelinat Sainte-Thérèse de Loumbila», peut-on lire sur le panneau affiché en bordure de cette voie bitumée menant à Ziniaré, à Kaya et à Dori. L’endroit est plus connu des Ouagavillois  pour son délicieux pain. Dénommé «pain Shalom», ce produit, toujours imité mais jamais égalé, qui sort d’un four à vapeur, provoque une ruée de la part des citadins qui ont certainement marre du pain "génétiquement modifié" qu’on leur sert en ville. Mais comme le centre n’a pas été surtout construit pour cet objectif tout aussi louable qui fait le bonheur des fins gourmets, le plus important est qu’à l’intérieur, des orphelins  sont hébergés. Devant une des portes d’entrée du vaste domaine, se tient debout le jeune Marcel Ilboudo. Âgé de 17 ans, il passe le BEPC l’année prochaine. Il joue le guide et indique aux visiteurs le meilleur chemin pour parvenir à la salle de formation sans entrer dans la flotte en cette pleine saison des pluies. Il connaît bien les lieux, ce jeune Ilboudo-là ; puisqu’il y a grandi, de l’installation  de l’orphelinat dans son premier site à Guiloungou à Loumbila aujourd’hui. Quand on l’observe lire paisiblement son dépliant en attendant les "étrangers", on se conforte dans l’idée que l’on peut bien être orphelin et ne pas porter ce statut comme une stigmate sur la peau. Tout est une question d’encadrement.

C’est donc dans cette vaste propriété bien boisée qui pousse à la méditation que la représentation au Burkina de la structure danoise Adoption Center (AC international), en collaboration avec la Direction de la promotion de l’enfant et de l’adolescent (DEPEA), a rassemblé pendant trois jours une trentaine de dames pour une formation de nourrices. On peut citer, entre autres, Mme Zeba née Kamené, qui  est venue de son Garango natal où elle officie au Centre des orphelins Saint-Vincent dans ladite ville, Mlle Louise Ouédraogo, qui suit pour la première fois une formation dans le domaine et travaille au centre Joscheba sis à Tanghin (Ouagadougou). Quant à Apolline Sanou qui est venue du Houet, elle est à l’orphelinat l’Arbre d’En Face, à Bobo-Dioulasso. Cela pour dire que ces femmes, dont la mission qu’elles se sont assignée est d’offrir un havre de paix et un avenir aux petits enfants qui ont connu l’adversité, sont venues des quatre coins du pays des hommes intègres.

 

Surtout, éviter les mots qui "tuent"

 

Avec le dépaysement, la fatigue du voyage et ce qui peut être considéré comme un saut vers l’inconnu pour beaucoup, la timidité, pour ne pas dire la nervosité, était un peu perceptible sur le visage des participantes qui attendaient le début des travaux en cette matinée pluvieuse du 13 août 2007. Mais très vite, l’angoisse s’est dissipée, avec, avouons-le et n’ayons pas peur des mots, le ton enjoué et le sens de la pédagogie de la formatrice, Jocelyne Lengani en service à la DEPEA. La confiance s’est aussi installée entre elle et le groupe, surtout avec ces petits jeux qui permettaient à chacune de s’affirmer. La communication, qui portait sur la prise en charge psychosociale de l’enfant, a mis l’accent sur la nourrice, qui, pour être efficace, doit d’abord avoir une confiance en soi et une bonne estime d’elle-même. Mieux, dans la première journée de formation, un documentaire canadien, intitulé : "Les mots qui tuent" et qui parle d’un certain  style de langage qu’il faut éviter d’avoir avec l’enfant, a visiblement édifié les nourrices présentes. C’est le cas de formules comme «Tu ne vaux rien» ; «Fainéant» ; «Tu es nul» ; «Tu es bête», ou quand on fait allusion au passé de l’enfant.

L’initiateur de cette formation pas du tout banale est Kalifa Ouattara, représentant d’une structure danoise, Adoption Center international, qui se décline aujourd’hui sous le label anglais International child support  (Aide à l’enfance déshéritée). Fondée en 1969 au Danemark, elle a pour objectifs le placement d’enfants, l’aide aux enfants délaissés et aux organisations d’assistance des enfants. «Nous avons voulu marquer notre reprise des adoptions par le financement de cette formation, qui, je l’espère, va améliorer le niveau de connaissance de ces braves femmes qui sont aux côtés des enfants dans les différents orphelinats», avait-il précisé pendant la sobre cérémonie d’ouverture. Et les participantes, qui pour la plupart ont avoué être à leur première formation, étaient comme des exploratrices qui découvraient un nouveau monde, de nouvelles potentialités. L’accent ayant été surtout mis sur l’aspect affectif, elles seront encore plus professionnelles… pour le plus grand bonheur des orphelins dont elles ont la charge.

 

Issa K. Barry

L’Observateur Paalga du 16 août 2007

 

Etre nourrice ; un métier ou une passion ?

 

La "nounou", c'est un mot gentillet qui désigne l'assistante maternelle ou encore la nourrice. Si l'on remonte un peu dans le temps, c’est la femme qui allaitait de son lait l'enfant d'une autre, moyennant une rétribution. La fin du 19e siècle et le début du 20e voient la disparition progressive des nourrices (le dernier bureau de placement en France ne fermera qu'en 1936) et leur remplacement progressif par des biberons plus sûrs donnés dans des lieux de garde plus proches des parents. De nos jours, la nounou garde les bébés ou petits enfants à son domicile, au domicile des parents ou dans les orphelinats. La nounou garde, soigne, surveille, nourrit les enfants. La vraie nourrice compte particulièrement dans le coeur de l'enfant qu'elle a en garde et c'est souvent la famille de la nounou qui fait office de seconde famille  pour l'enfant qui grandit dans cette famille. Elles doivent donc être des personnes qui aiment profondément les bébés et les enfants en général, car il est très difficile de penser autrement. En effet, lourdes sont les responsabilités d'une nourrice. En dehors des soins "matériels" prodigués, qu'ils soient sanitaires ou alimentaires, il y a aussi le rôle d'éducation, qui est sans doute difficile à assumer. C'est la nounou qui va établir les "règles" de ce que l'on peut faire et de ce que l'on ne peut pas faire ou dire. Il va falloir aussi à la nounou apprendre certaines règles basiques de la vie, la politesse, dispenser quand cela s'avère nécessaire de petites leçons de morale, expliquer à l'enfant le pourquoi du comment, et  se mettre à la portée constante de l'enfant, par une grande disponibilité, etc. Pour être nounou ou plus précisément, assistante maternelle, il faut aussi aimer les enfants, pouvoir leur donner beaucoup d'amour, comme si l'enfant en garde était son propre enfant. Sans la passion pour les bébés ou les enfants, on ne peut pas assumer le "métier" de nounou.



15/08/2007
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