L'Heure du Temps (Blog d'Information sur le Burkina Faso)

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Mathieu Bayala, maire de Réo : "Il n’y a pas de crise"

Mathieu Bayala, maire de Réo :

"Il n’y a pas de crise"

Suite à la rencontre dite de résolution de crise organisée le 19 août dernier par le chef coutumier de Réo, André Bagnini Bassolé, au cours de laquelle le maire Mathieu Bayala a été critiqué pour avoir initier ladite rencontre, le maire Mathieu Bayala et ses conseillers ont aussi tenu ce vendredi 24 août 2007 une rencontre pour, ont-ils dit, rétablir la vérité.

Une rencontre s’est déroulée au domicile du maire de Réo et a connu la présence de 35 conseillers sur un total de 46 élus, de quelques sages, et d'un nombreux public. C’est un maire qui avait la maîtrise de l’appareil communal qui, après avoir souhaité la bienvenue à tous, s’est longuement expliqué en langue gourounsi sur les différentes accusations portées contre lui par le P-DG d'une entreprise de forage burkinabè, Evariste Bassolé, et le chef coutumier de Réo, André Bagnini Bassolé. D’entrée de jeu, le maire a laissé entendre qu’il y avait eu beaucoup de rumeurs le concernant, qu’il n’était pas venu pour attiser le feu mais pour rétablir la vérité. "Cela fait plus d’un mois que les médias parlent des problèmes de Réo. C’est pourquoi nous avons jugé utile d’apporter des éclaircissements sur certains points, a-t-il déclaré. C’est ainsi que l’édile a dit n’avoir jamais réclamé un récépissé de chefferie au chef coutumier André Bagnini Bassolé, mais plutôt le récépissé de l’association des chefs coutumiers de Réo dont il se fait prévaloir. L’attribution de parcelles à la fondation Nantou a été aussi démentie. Selon le maire, aucune parcelle n’a été attribuée à qui que ce soit depuis 2003. L’information selon laquelle le maire aurait demandé 1,4 million de francs CFA comme indemnités de mission a aussi été jugée fausse par M. Bayala. Pour lui, si le percepteur est honnête, il ne peut affirmer une telle chose. Concernant le chauffeur qu’il aurait mis à la porte pour recruter un nouveau, le maire a affirmé que le chauffeur en question n’avait pas été révoqué de ses fonctions. "Il conduit mon 1er adjoint et perçoit toujours son salaire", a-t-il dit. Quant à celui qu’il aurait recruté, le maire a relevé qu’il s’agissait d’un chauffeur qui le conduisait il y a 10 ans de cela. Il est donc loin d’être un nouveau. S’agissant de la fixation du coût de l’organisation de Tango Tango à 6 000 F CFA, M. Bayala a soutenu que ce tarif avait été voté et approuvé en conseil, et avait même reçu 98 % de voix pour. Et la représentante des dolotières, Jacqueline Bakiono, d’affirmer qu’elles n’avaient jamais soumis une quelconque lettre au conseil municipal pour demander une baisse du tarif d’organisation de Tango Tango, comme Evariste Bassolé l’a fait croire.

Les arriérés des professeurs vacataires du lycée communal ainsi que des agents de la radio, La voix du Sanguié, n’ont pas été niés mais plutôt justifiés par le fait que les recettes générées par le lycée sont nettement inférieures aux dépenses : 4 millions contre 18 millions de F CFA. Mais, selon le bourgmestre, les professeurs perçoivent régulièrement leurs salaires. Le cas des agents de la radio est consécutif à des manquements de la part de ces agents, a-t-il ajouté. La location de villas a aussi été expliquée par le maire : "La société a voulu envoyer des maisons préfabriquées, mais nous n’avons pas voulu cela parce que cela ne bénéficie pas à la commune, nous avons donc souhaité qu’elle construise. Mais en attendant cela, il faut des maisons pour loger les cadres. C’est ainsi que des villas ont été louées." A en croire le maire, on a voulu simplement l’incriminer sinon il n’en est rien. Car, dit-il, "notre souci premier, c’est d’œuvrer pour le développement de la commune, contrairement à certains qui se réjouissent quand la commune a des difficultés". Le maire a réagi à la version selon laquelle il a toujours été débarqué à la sauvette à certains postes. De la SOFITEX à la SOSUCO , M. Bayala dit n’avoir pas fait moins de 4 ans de fonction. Mieux, à son départ de la SOSUCO, la production est passée de 24 mille tonnes à plus de 38 mille tonnes de sucre, selon lui. Toute chose qui lui a valu des primes. Pour le maire Mathieu Bayala, il ne s’agit ni moins ni plus qu’un faut procès qu’on veut lui faire.

Il n’a pas manqué de faire l’historique de son accession à la tête de la commune. Et le vieux Dominique Bationo de soutenir que c’est eux qui ont choisi le maire Mathieu Bayala comme leur conseiller qui a été par la suite élu maire par les autres conseillers et non imposé par Evariste, comme ce dernier le crie haut et fort. Le maire a rebondi en disant qu’Evariste, avait intimé l’ordre aux conseillers de signer une pétition pour le destituer. Mais les conseillers auraient refusé de le faire. Sur les 46 conseillers, il n’aurait réussi à convaincre que 5, certains ont même reçu des menaces, à l’image de Fulgence Béli Baky, qui a déclaré devant l’assistance qu’Evariste l’a menacé de signer la pétition sous peine de s’exposer à des représailles. Mais le conseiller Baky dit n’avoir pas cédé sous les menaces d’Evariste Bassolé.

N’ayant pas obtenu gain de cause, c'est-à-dire le nombre suffisant de conseillers pour démettre le maire, Evariste aurait tenté de susciter une désobéissance civile pour faire partir le maire. Au cours de cette rencontre, le maire a confié qu’il n’avait jamais tenu un conseil à son domicile mais plutôt des réunions. L'ancien maire de Réo Francis Bazié a fustigé le comportement du chef coutumier André Bagnini Bassolé. Après cet échange, les membres du conseil municipal ont rencontré une délégation de l'AMBF (Association des municipalités du Burkina).

Y a-t-il une crise au sein du conseil municipal de Réo ?

Il n’y a pas de crise au sein du conseil municipal de Réo mais plutôt des perturbateurs extérieurs qui disent qu’il y a une crise. La preuve en est que les deux derniers conseils se sont bien déroulés. La commune fonctionne correctement.

Peut-on dire qu’il y a une crise entre vous et le conseiller Evariste Bassolé ?

Lorsqu’on observe une réalité, chacun peut avoir son interprétation. Comme le dit la sagesse, celui qui a reçu la gifle, c’est lui seul qui peut donner sa signification, mais pas celui qui l’a donnée. La seule préoccupation du conseil, c’est de voir comment s’organiser pour gérer rigoureusement la commune afin de pouvoir sortir de la situation actuelle et progresser sur les plans, sanitaire et éducatif parce que notre ambition, c’est de permettre à la jeunesse de se développer, se promouvoir à travers des activités saines.

Pensez-vous que vous parviendrez à construire la commune sans l’adhésion de tous les fils de la région ?

C’est difficile de servir l’intérêt général mais avec l’ensemble des conseillers, des personnes ressources, les sages, ce sera difficile mais pas impossible.

Craignez-vous de ne pas pouvoir terminer votre mandat ?

Je place mon mandat sous l’engagement de bien faire pour contribuer un tant soit peu au développement de la commune dans la cohésion et la sérénité. Pour l’heure, l’horizon est clair, le ciel est bleu, tout est calme.

Que dites-vous des accusations portées contre vous ?

Je m’inscris en faux contre ce qui a été dit. Comme vous l’avez constaté, des contrevérités ont été énoncées. Dire que je prends des décisions tout seul, ce n’est pas vrai. J’ai été élu dans un secteur et c’est l’ensemble des conseillers qui m’ont élu. Dire que je vis de façon antisociale représente pour moi, des contrevérités qui ne m’empêchent pas de dormir parce que cela ne correspond pas à la réalité ni à la vérité.

Des agents ont quand même des arriérés ?

Sur cette question, il faut dire que nous avons un problème budgétaire. Depuis janvier 2007, nous n’avons enregistré que 4 millions au titre du budget du lycée communal, alors que nous avons couvert 18 millions de dépenses. Mais les gens sont régulièrement payés.

Qu’en est-il de la fondation Nantou, dont vous êtes membre ?

La fondation Nantou est une structure créée et mise en place par le PDG de la société d’exploitation minière de Perkoa pour servir d’interface aux interventions et aux réalisations au bénéfice des populations de la zone. C’est le patron de la société minière qui a mis en place la fondation, qui est un établissement pour aider à intervenir. Il est le mieux qualifié pour vous donner de plus amples informations.

Peut-on dire qu’on va vers une destitution du maire ?

Un maire a été élu. Si jamais ce maire doit être désavoué, cela ne peut se faire que dans un cadre légal : les conseillers se réunissent avec un certains nombre de griefs suite à des problèmes, pour prendre une décision.

Propos recueillis par Dabadi ZOUMBARA

Le Pays du 28 août 2007



28/08/2007
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