L'Heure du Temps (Blog d'Information sur le Burkina Faso)

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Mathieu Bayala, maire de Réo : "Moi pas bouger"

Mathieu Bayala, maire de Réo

"Moi pas bouger"

 

 Nous nous demandions, à la Une de notre édition du mardi 21 août 2007, si on s’acheminait vers la destitution du maire de Réo Mathieu Bayala  suite à la rencontre tenue le dimanche 19 août 2007 dans la cour du chef coutumier de Réo André Bassolé. Ce jour-là, en effet, les responsables traditionnels de Réo et le PDG de Forage Burkina, Evariste Yibour Bassolé, avaient clairement affiché leur désir de voir l'édile, accusé de tous les péchés du Sanguié, quitter son fauteuil. Une rencontre en appelant une autre, nous avons assisté à une autre réunion organisée cette fois-ci par l'incriminé à son domicile le vendredi 24 août dernier. A ses côtés, les conseillers municipaux et les personnes acquises à sa cause.

 

Alors que nous avons essayé vainement de le joindre entre le lundi 21 et le mardi   22 pour avoir son son de cloche, c'est finalement le jeudi 23 août que le maire Mathieu Bayala nous a contacté pour donner sa version des faits.  Nous voici donc de nouveau à Réo où nous sommes arrivé à 10h45mn ; l’attente ne fut pas longue puisqu’à 11h pile le bourgmestre faisait son  entrée. 15 mn après nous voilà dans son bureau pour l’entendre dire qu'une rencontre doit se tenir à son domicile dans le but d’apporter des éclairages sur les accusations portées contre lui et ses deux adjoints. Cap donc sur son domicile où patientait une foule des grands jours.

Avant le début des échanges, le maire s’est offert un petit bain de foule, histoire de se convaincre qu’il n’était pas en terrain hostile. Entouré de ses deux adjoints et flanqué à sa gauche d’une rangée de vieux sages, il commença son mémoire en défense.     

Pour Mathieu Bayala, l’objectif de la rencontre est de rétablir certaines vérités et d'éviter qu’on mette le feu à Réo. Ils ne sont donc pas là pour enflammer ou envenimer les choses. Il a apprécié la forte présence des vieux sages et leur a dit qu’ils doivent être des conseillers pour les jeunes. «Les mauvaises nouvelles véhiculées ça et là ternissent l’image de notre ville comme cette fausse rumeur distillée entre-temps et qui faisait état d’une marche des jeunes sur la mine de Zinc de Perkoa», a prévenu Mathieu Bayala.

 

   Ce n’est pas celui qui crie le plus qui dit la vérité   

 

Il a fait remarquer que depuis plus d’un mois c’est le nom de Réo qui est dans tous les médias et il est de leur devoir de monter au créneau pour prouver que tout ce qui se dit  est faux car pour lui, ce n’est pas celui qui crie le plus qui dit la vérité. Mathieu Bayala a dit, concernant les chefs coutumiers, qu'il n’a jamais remis en cause leur existence ; seulement, dans l’invitation qu’on lui a envoyée, il était question d’Association de chefs coutumiers. N’ayant jamais entendu parler d’une telle association encore moins vu son récépissé, il aurait tout simplement exigé qu’on lui montre ce récépissé avant qu’il n’aille à cette rencontre. «C’est le récépissé de l’association que j’ai demandé à voir et non celui des chefs coutumiers», a précisé le principal animateur de la rencontre. Sur sa destitution, Mathieu Bayala a informé l’assistance que son principal détracteur, Evariste Bassolé, a menacé des conseillers pour qu’ils signent une pétition afin de le destituer.

Après avoir expliqué le processus d’élection et de destitution d’un maire, il a martelé : «Ce n’est pas un individu qui installe un maire encore moins qui le destitue, fût-il Evariste Bassolé». Il estime que tous les fils de Réo doivent s’unir autour du conseil municipal pour développer la commune. S’il est vrai que le présent conseil a déjà quelques réalisations à son actif, les défis restent énormes et l’heure n’est pas à la division et à la diversion, foi de Mathieu Bayala.

Le premier citoyen de Réo a remis en cause les allégations l’accusant d’avoir pris 1,4 million de francs avec le percepteur. De même, selon Mathieu Bayala, si les agents de la radio et les professeurs vacataires accusent des arriérés de salaire c’est dû aux problèmes de trésorerie que connaît la commune et ceci est loin d’être le fruit d’une mauvaise gestion du maire. Concernant son chauffeur qu’il aurait recruté aux frais du budget de la commune, Mathieu Bayala a indiqué que c’est son propre chauffeur qui le conduit depuis 10 ans. Le chauffeur de la mairie n’a jamais été mis à l’écart et c’est lui qui véhiculerait le 1er adjoint au maire Adama Jean Baptiste Moda.

 

 Le "Tango tango" qui divise

 

Autre grief : la décision prise par le conseil pour réglementer le "tango tango", entendez par là les marchés de dolo où les gens s’éclatent (au propre comme au figuré) jusque très tard dans la nuit. Là-dessus, Mathieu Bayala trouve inadmissible que des mineurs de moins de 15 ans veillent si tard et se foutent en l’air à fortes doses de dolo et de liqueurs frelatées. A défaut de les supprimer, le conseil a décidé que les "tango tango" s’arrêteront à 19 heures et les organisatrices seront astreintes à verser une taxe de 6 000 FCFA par édition. Selon le maire de Réo, Evariste Bassolé aurait amené au cours d’une rencontre une lettre censée être écrite par les dolotières avec la signature de leur présidente demandant que soient revues les conditions d’organisation des "tango tango". Mais celles-ci  ont dit n’être pas les auteurs de la lettre. L’une d’entre elles, Mme Bakiono Jacqueline, aurait même affirmé qu’elles ne se sentent pas liées à cette correspondance et qu’elle serait l’œuvre du PDG de Forage Burkina. Pour le maire, ces "tango tango" sont un danger pour Réo et sapent l’éducation de leurs enfants.   

Concernant la Fondation Nantou, il a été clair. C’est le président de la société Nantou Mining, chargée de l’exploitation de la mine de zinc de Perkoa, qui a créé la Fondation afin de capitaliser ses retombées pour la province du Sanguié à moyen et long terme. Les missions de la Fondation ne sont pas de gérer de l’argent mais de définir les priorités pour la province. Des précisions ont été données sur la location des villas par les responsables de la société, en attendant la construction de la cité ; sur les propos qui l’accusent d’être distant de la population ; sur la prétendue distribution illicite de parcelles et sur le parrainage qui est loin de profiter aux enfants et dont des propositions de réglementation ont été faites. «Mon souci est de développer Réo. Ce qui n’est pas le cas pour tout le monde», s’est exclamé le mis en cause qui, tout en reconnaissant que la gestion de la mairie n’est pas chose aisée, affirme leur détermination à outrepasser les insultes, les paroles blessantes et les manigances de toutes sortes. De son passage à la SOFITEX, du secrétariat général de la primature et à la SOSUCO, Mathieu Bayala garde de bons souvenirs contrairement à ce qu’avancent certains. La preuve ? Cette Prado 4 x 4  lui a été offerte par le consortium qui a repris la SOSUCO, à son départ, en signe de reconnaissance pour ses bons et loyaux services.

 

Le procès des frères Bassolé

 

Il faut dire qu’à ce rassemblement, le premier magistrat de la ville, bien qu’ayant conservé le plus le crachoir, n’a pas été le seul à s’expliquer devant l’assistance qui buvait les paroles  et qui n’économisait en rien les applaudissements. Son 1er adjoint, Jean Baptiste Moda, est intervenu dans ce qui est devenu, au fil du temps, un procès contre Yibour Evariste Bassolé. Pour monsieur Moda, c’est ce dernier qui aurait orchestré cette histoire de destitution du maire. «Il a voulu enrôler un tiers des 46 conseillers, nécessaire à la révocation. Comme il a échoué il veut abuser de la rue et de la population pour parvenir à son dessein» a affirmé le 1er adjoint qui précise que là aussi le DPG de Forage Burkina n’aurait glané que cinq signatures pour la pétition qu’il a initiée.  

Selon  Moda, la rencontre du dimanche 19 août a été un échec puisqu'aucun ministre, ancien ministre, député, ou personnalité de Réo n’était présent. Il s’est réjoui de la cohésion et de la solidité de leur groupe. Là-dessus, à la fin de ce qui a pris des allures de meeting, il nous a remis fièrement la liste de présence se trouvaient 35 noms de conseillers municipaux sur un total de 46. Si les absences en partie sont voulues ou à mettre dans l’effectif des fidèles à Evariste Bassolé, les animateurs de la rencontre ont dit que certains se sont excusés où ont été retenus par la pluie matinale qui est tombée dans les environs.    

L’assistance ne s'est pas contentée d'écouter. Il en est ainsi de Jean Baptiste Bamouni, membre du comité CDP, qui a dit que c’est eux qui ont choisi et voté Mathieu Bayala et non Evariste Bassolé, ou Fulgence Bali Baki. Et de confier qu'Evariste serait venu en personne chez lui pour lui faire signer la pétition mais qu’il aurait refusé. Le chef coutumier de Réo, André Bassolé, n’a point été épargné. Nous passons sous silence les grossièretés, injures et autres méchancetés qui ont été dites sur lui. Un vieux, visiblement emporté, a même suggéré aux Bassolé de donner leur chefferie à une femme s’ils n’ont plus d’homme digne de ce nom pour en assumer la charge.

 

 Vivement une médiation

 

Franchement la rencontre à la fin a pris un ton beaucoup plus méchant et les piques succédaient aux piques, le tout en direction de Bassolé Evariste et de son oncle André. En lieu et place d'explications sur des allégations mensongères au départ c’est à un vrai procès à charge contre les deux hommes qu’on a assisté à la fin. D’une fissure au début,  c’est maintenant une crevasse qui sépare le maire de son ancien parrain (même si le premier ne le reconnait pas) et il devient urgent que des voix neutres s’en mêlent pour apaiser les relations entre ces deux frères, ne serait-ce que pour la tranquillité de cette municipalité qui vient de se farcir une délégation spéciale lors du mandat 2000-2005 .     

 

Cyrille Zoma

L’Observateur Paalga du 27 août 2007



27/08/2007
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