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Mauritanie : L’absence d’Ould Taya donne des appétits d’ogre

19 candidats à la présidentielle mauritanienne

L’absence d’Ould Taya donne des appétits d’ogre 

 

Irréversiblement, le peuple mauritanien est en train de sortir de la période de transition entamée au lendemain du 3 août 2005, date du coup d’Etat militaire qui a emporté le régime dictatorial de Maouya Ould Taya.

 

Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le Conseil militaire pour la justice et la démocratie (CMJD), sous le commandement du colonel Ely Ould Mohamed Vall, est en passe de réussir le pari de remettre le pouvoir aux civils au terme d’un processus électoral ouvert et démocratique. C’est dans cette dynamique que de nouveaux maires et députés ont été élus. Maintenant, tous les yeux sont rivés sur la présidentielle du dimanche 11 mars 2007.

 

Sur la ligne de départ, 19 candidats sont dans les starting-blocks. Jamais la magistrature suprême n’aura été briguée par tant de prétendants dans ce pays. A l’évidence, la nouvelle perspective démocratique donne beaucoup d’appétit à des hommes politiques qui avaient été mis longtemps à la «diète» (au pain sec et à l’eau) par l’ancien régime et qui veulent maintenant se refaire une santé politique.

 

Dans les Ecritures, il est dit que «beaucoup sont appelés, mais peu sont élus». Mais dans le cadre d’une présidentielle, c’est encore plus draconien, car, dans le cas mauritanien, on pourrait paraphraser en disant que : «19 candidats sont appelés, mais 1 seul sera élu président». Et cela, tous en ont pleinement conscience même si chacun espère être élus.

 

Il appartient donc aux électeurs de prendre d’assaut les 2375 bureaux de vote disséminés dans tout le pays pour départager les différents candidats. Chaque bureau de vote ne devra pas compter plus de 800 votants. La journée électorale, elle, débutera dimanche matin à 7 heures et sera close à 19 heures. Un millier d’observateurs veilleront sur ce scrutin pour se rendre compte de sa régularité. D’ailleurs, pour minimiser les fraudes, le bulletin unique a été adopté. En tout, l’organisation de ce vote aura coûté la bagatelle de 450 000 dollars américains.

 

Comme dans toute élection, il y a forcément des outsiders et des favoris. Et des 19 prétendants, 5 semblent émerger du lot. Il s’agit de Ahmed Ould Daddah, de Sidi Ould Cheikh Abdallahi, de Zeine Ould Zeidane, de Messaoud Ould Boulkheir et de Mahamed Khouna Ould Haïdlla.

 

Mais, selon les analystes de la scène politique mauritanienne, deux candidats auraient de fortes chances de tirer leur épingle du jeu et devrait atteindre de ce fait le second tour, si second tour il y a. Le premier, c’est Sidi Ould Cheikh Abdallahi. Il est soutenu d’une part par un regroupement de candidats indépendants (dans les mairies et à l’Assemblée nationale) et d’autre part par les partis politiques constituant l’ex-majorité présidentielle du temps de Ould Taya. De tels soutiens ne sont pas négligeables quand on sait que les candidats indépendants ont su se signaler sur le terrain lors de la législative et que les partis de l’ancienne majorité ont une certaine connaissance du terrain.

 

Le deuxième candidat, qui semble bien placé, est Ahmed Ould Daddah, leader de la Coalition des forces du changement démocratique (CFCD) qui est en fait un conglomérat de partis ayant roulé leur bosse dans l’opposition sous l’ère Maouya Ould Taya.

 

Ces deux prétendants, parce qu’ils sont portés à bout de bras par des forces structurées ayant déjà une grande expérience, devraient avoir la possibilité de jouer les premiers rôles à cette élection. Mais nous sommes en politique, où la vérité scientifique n’a pas droit de cité. Les supputations sont tirées d’analyses sociales, or il n’y a rien de plus inconstant et de plus incertain. Le fait social, doublé du fait politique étant perpétuellement en mouvement, en perpétuelle construction et recomposition.

 

C’est dire que tout peut basculer en faveur de l’un ou l’autre de ces deux grands favoris ou même au bénéfice d’un outsider.

Et quand on tient compte du fait que la pauvreté est aussi une réalité mauritanienne, on peut légitimement se demander quelle sera la place de l’argent dans le dénouement de cette joute électorale. C’est vrai que les dépenses de campagne sont plombées, mais des prétendants hommes fortunés comme l’homme d’affaires Rachid Moustapha et Zeine Ould Zeidane, gouverneur de la Banque centrale jusqu’en septembre 2006 pourront avoir leur mot à dire.

 

Il y a aussi la variable de Messaoud Ould Boulkheir, premier négro-mauritanien à occuper un poste ministériel. Saura-t-il ratisser large et au-delà de la classe négro-mauritanienne ? On ne peut rien dire pour l’instant. 

 

Comme on le voit, il est difficile donc de prédire qui sera l’élu du peuple. Mais dès dimanche soir, on devrait commencer à avoir une idée sur le profil de ce 7e président de la Mauritanie même s’il y a un second tour.

 

Il faut espérer que cette consultation électorale se déroule dans de bonnes conditions et que celui qui en sortira vainqueur travaille à trouver des solutions aux problèmes qui assaillent les Mauritaniens tout en continuant à œuvrer à sortir le pays dans l’isolement où le statut d’Etat-paria dans lequel le régime Ould Taya l’avait confiné.

 

San Evariste Barro



09/03/2007
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