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Meurtre de Brahim Déby : Et on reparle des enfants de présidents !

Meurtre de Brahim Déby

Et on reparle des enfants de présidents !

 

Un fils du président tchadien, Idriss Déby Itno, a été retrouvé sans vie étendu dans son sang dans le sous-sol de son immeuble à Courbevoie en France le lundi 2 juillet dernier. Brahim Déby, âgé de 27 ans, serait mort par asphyxie résultant de l’absorption de la poudre blanche de l’extincteur. La brigade criminelle de Paris et le parquet de Nanterre ont conclu au meurtre prémédité.

Fils unique de la première femme du président de la République du Tchad, Brahim, né en 1980, naviguait en eaux troubles et carburait à la cocaïne. Son profil et ses activités douteuses en France orientent l’enquête vers un règlement de comptes. Grand amateur de virées nocturnes, ce fils à Papa était bien connu des milieux de la justice française pour avoir eu plusieurs fois maille à partir avec la police notamment pour détention d’armes à feu  et de  stupéfiants. Ses déboires avaient contraint son président de père à l’éloigner du palais et à resserrer les cordons de la bourse.

La vie de ce « gamin » est à l’instar du comportement de beaucoup d’enfants de chefs d’Etat qui, au lieu de leur donner une éducation exemplaire, les laissent aller à une vie libertine. On a encore en tête les agissements de Bilal Khadafi Hannibal, le fils du guide de la Jamahiriya libyenne. Il a fait parler de lui en septembre dernier après une bagarre sur les Champs-Elysées qui a valu à trois policiers français d'être envoyés à l’hôpital. Ce dernier a également fait du 140 km/h en plein centre de Paris après avoir grillé plusieurs feux rouges. Il n’hésitait pas, en outre, à porter la main sur ces compagnes. Ils sont d’ailleurs nombreux, ces fils et filles d'hommes d'État qui ont eu affaire à la justice. Parfois pour des délits très graves.

Or, la morale nous enseigne que «qui aime bien châtie bien». Quand on aime ses enfants, on doit leur donner la meilleure éducation possible. Mais si dès le berceau, ils sont laissés à leur bon vouloir, ils ne peuvent que grandir avec des écarts de comportement. Si ce n’est pas  dans des affaires de mœurs, c’est dans la dilapidation de fonds qu'ils trempent. C’est le cas du fils du président Obiang Nguéma de la Guinée équatoriale, qui défraie la chronique à chacune de ses sorties publiques. Il détourne les ressources et s’achète dans les luxueuses boutiques parisiennes tout ce qui lui passe par la tête. 

La proximité avec les cercles décisionnels, tant politiques qu'économiques, favorise sans nul doute les tentations de corruption de ces enfants du pouvoir. Et le népotisme demeure une réalité indéniable dans la plupart des milieux dirigeants. Le cas du fils de Kofi Annan dans l’affaire pétrole contre nourriture en Irak est très patent. Cela a même failli causer préjudice à son père, alors secrétaire général de l’ONU.

Si c’était des enfants de richissimes commerçants qui dilapidaient les billets de banque à leur guise, il n’y aurait rien à redire, car il s’agirait d’un patrimoine privé. Mais   que   des rejetons de ministres ou de dignitaires de régime s’adonnent à du gaspillage, la presse, l’opposition et les syndicats ne peuvent que monter au créneau pour dénoncer cela. Certains de ces mômes se promènent avec des millions plein les poches, se livrent à la débauche, fument la drogue, vivent continuellement dans le lucre et le scandale, sans être inquiétés ; la Justice ayant souvent démissionné. 

Il existe néanmoins des contre-exemples, dont on parle moins. Les médias et les partis d'opposition s'intéressent peu aux gens honnêtes. On peut évoquer à ce sujet le cas de l’ancien président ivoirien, Félix Houphouët Boigny. Pour lui éviter les aléas de la vie politique, il a simplement éloigné sa progéniture des affaires politiques.

A défaut de cacher ses enfants à l’arrière-cour du palais, ceux-ci doivent être des modèles politiques. Bush fils n’est-il pas devenu président des Etats-Unis huit ans après la fin du mandat de son père ? Encore que là-bas, la succession de père en fils respecte les principes fondamentaux de démocratie. Malheureusement, c’est loin d’être le cas en Afrique où les populations vivent l’ère des successions préparées dans le sillage des dictatures et du pouvoir à vie.

 

Kader Traoré

L’Observateur Paalga du 4 juillet 2007



04/07/2007
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