L'Heure du Temps (Blog d'Information sur le Burkina Faso)

Missive à mon oncle

Cher oncle,

Lorsqu'il n'y a pas très longtemps, tu me parlais de l'artiste musicienne Joëlle C. qui a fait une prestation fabuleuse à Ouagadougou en fin Octobre 2007 dans le cadre du dernier SITHO (Salon international du tourisme et de l'hôtellerie de Ouagadougou), tu ignorais sans doute qu'elle allait être rappelée à Dieu dans ces jours-ci. Elle était jeune et si talentueuse ! Bien qu'il ne la porte pas dans son coeur à cause de ses paroles qu'il trouvait xénophobes au temps fort de la crise ivoiro-ivoirienne, ton neveu Koswéogo qui a assisté de bout en bout à ce SITHO dont la Côte d'Ivoire était le pays invité d'honneur, a applaudi longtemps le passage de Joëlle C. Du reste, quand cette dernière a pris la parole pour relever la chaleur de l'accueil des Burkinabè et les liens séculaires qui les unissent aux Ivoiriens, ta tante que vous avez surnommée Foronto (priment en Dioula) à cause de ses accès de colère, est simplement tombée sous son charme. Lorsqu'elle a été informée du décès, le 14 février par son époux Soumaïla qui lui amenait en même temps de l'agouti braisé en guise de cadeau de Saint Valentin, Tantie Foronto était réellement abattue. Elle s'est même demandé pourquoi la mort frappe autant dans le milieu des artistes ivoiriens ces derniers temps. "C'est Dieu qui a donné, c'est Dieu qui a repris" a signifié le vieux Bassirou qui venait de rentrer d'un meeting politique qui a drainé presque tout le quartier dans la cour de l'école.

Aussitôt après avoir mangé son plat d'igname pilé (foutou) arrosé de son bandji, ton oncle Bassirou s'est mis à chanter les louanges du parti qu'il soutient et dont il pense que le leader sera bientôt le président de la Côte d'Ivoire à l'issue de la présidentielle qui pourrait se tenir dans quelques mois. En tout cas, tous les états-majors politiques sont sur le terrain et la Commission électorale indépendante que préside Robert Beugré Mambé multiplie les séances de travail avec les acteurs impliqués dans le processus électoral. C'est ainsi que le lundi dernier, le patron de la CEI et ses collègues ont eu une importante séance de travail avec le Premier ministre Guillaume Soro et son cabinet. Il s'est agi, au cours de cette rencontre de 5 heures d'horloge, de s'entendre sur certaines modalités pratiques de l'organisation de l'élection présidentielle que toute la Côte d'Ivoire et ses partenaires extérieurs espèrent pour bientôt. Ce lundi 18 février n'a pas été de tout repos pour le Premier ministre qui s'entretenait également avec Djibrill Bassolé. Ce dernier, dont la calvitie est très avancée, devient incontournable dans le paysage politique ivoirien du fait de son statut de "sherpa" de Blaise Compaoré, facilitateur dans le dossier ivoirien. Lui et Guillaume Soro ont évoqué plusieurs sujets dont la remise à jour de la commission mixte Côte d'Ivoire/Burkina Faso. Ce fut l'occasion pour le ministre burkinabè des Affaires étrangères de relever que dans le processus de sortie de crise, rien ne coince, pas même le désarmement.

Sambo, notre voisin qui a baptisé son maquis, "Espoir" a dit toute sa confiance dans les propos de ton oncle Bassolé, tout en nous rappelant qu'il faut, à l'instar de Guillaume Soro, appeler la presse à jouer un rôle vraiment positif dans le processus électoral. Car, comme le relevait ton oncle Boureima Jérémie Sigué, directeur général des Editions "Le Pays" lorsque son personnel lui présentait ses voeux le samedi dernier, les journalistes ont entre leurs mains un instrument qui peut construire et détruire. "Un seul support médiatique peut faire plus de mal que mille baïonnettes" a confié à ses collaborateurs, ce professionnel dont la réputation a traversé les frontières. Cher oncle, ceci pour te dire que les échos de ces retrouvailles annuelles entre les agents des Editions "Le Pays" et leur DG nous sont parvenus jusqu'ici.

Ton neveu

Le Pays du 20 février 2008