L'Heure du Temps (Blog d'Information sur le Burkina Faso)

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Nana Thibaut et compagnie à la barre depuis vendredi dernier

Manifestations contre la vie chère à Ouaga 

Nana Thibaut et compagnie à la barre depuis vendredi dernier

Le procès des 184 personnes interpellées le 28 février 2008 à Ouagadougou, lors des violentes manifestions contre la vie chère, a débuté le vendredi 7 mars devant la chambre correctionnelle du tribunal de grande instance de Ouagadougou.

 

Cette première audience, focalisée sur l’audition des prévenus, a duré jusque tard dans la nuit. Suspendue pour cause de la journée fériée du 8 mars, cette audience reprend ce matin.

Bobo-Dioulasso, Banfora et Ouahigouya, en manifestant violemment contre la vie chère, ont tracé un sillon dans lequel, moins d’une semaine plus tard, les manifestants de Ouagadougou ont marché. On se souvient tous de ce jeudi noir, 28 février 2008, lorsque des hordes de révoltés contre l’inflation des prix des produits de grande consommation ont commencé à saccager la capitale burkinabè : feux tricolores détruits, pneus enflammés sur des voies bitumées, pillages de certains commerces, etc. Les forces de l’ordre et même de sécurité déployées dans la ville avaient pu interpeller 184 personnes, chiffre fourni par le gouvernement lors d’un point de presse.

Au nombre des appréhendés, figure l’emblématique Nana Thibaut, celui-là même qui avait auparavant appelé à une marche-meeting de protestation le 28 février avant de se raviser en exhortant plutôt les Ouagalais à observer une journée ville morte, car, affirmait-il, son mouvement est infiltré et on risque de lui faire porter le chapeau des casses qui pourraient survenir. Ce sera peine perdue. En effet, le 28 février, en milieu de matinée, des manifestants ont commencé à saccager la ville. Comme au procès des casseurs de Bobo-Dioulasso, les charges suivantes pèsent sur les prévenus : manifestation illégale sur la voie publique, vol et destruction de biens publics et privés.

Vendredi dernier, la chambre correctionnelle du tribunal de grande instance de Ouagadougou a entamé dans la matinée le procès des 184 prévenus. Toute la journée et même une partie de la nuit, on a assisté au défilement ininterrompu des mis en cause à la barre. Au cours de cette journée d’audience, le tribunal a pu auditionner un peu plus d’une cinquantaine de personnes sur les circonstances de leur interpellation, les faits qui leur sont reprochés, leur programme en cette journée noire, etc.

Le tribunal a dû se résoudre à suspendre l’audience avant minuit pour ne pas déborder dans la journée du 8-Mars, qui est une journée fériée au Burkina Faso. La raison est qu’il est interdit de juger une personne au cours d’une journée officiellement déclarée chômée ou fériée. C’est ainsi donc, cette audience qui a été suspendue, reprend ce lundi matin. Tout naturellement avec la suite des auditions des prévenus. Vraisemblablement, ce procès sera marathon aujourd’hui et il est fort possible que le tribunal donne son verdict ce soir ou au plus tard demain.

Rappelons que le procès des 153 casseurs de Bobo-Dioulasso a eu lieu le 29 février 2008. Au terme d’une audience de plus de 17 heures, le tribunal a condamné 29 prévenus à des peines allant de 3 ans ferme à 6 mois de prison avec sursis. Les 124 autres personnes ont été purement et simplement relaxées, faute de charges suffisantes contre elles. Aurions-nous droit à Ouagadougou à un verdict calqué sur celui de Bobo-Dioulasso ? Probablement, mais on ne peut jurer de rien en la matière. En effet, l’application des textes répressifs et surtout l’intime conviction personnelle sur laquelle se fondent les juges pour rendre une décision est forcément fluctuante.

San Evariste Barro

L'Observateur Paalga du 10 mars 2008



10/03/2008
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