L'Heure du Temps (Blog d'Information sur le Burkina Faso)

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"Nous y sommes, nous entendons y rester" (Refondateurs du CDP)

Refondateurs du CDP

"Nous y sommes, nous entendons y rester"

 

Accusés, entre-temps, "d'ouvriers de la 25e heure", de "chasseurs de postes juteux" et de "courant minoritaire" du parti, le groupe de refondateurs du CDP revient à la charge.

Voilà, in extenso, sa réplique que nous vous annoncions dans notre édition d'hier.

Une sorte de mémoire en défense adressée aux militants et sympathisants du CDP et aux "Burkinabè de bonne foi et de bonne volonté.

 

 

 Adresse  aux :

- militants et sympathisants du CDP

- Burkinabè de bonne foi et de bonne volonté

 

Considération générale

 

Camarades militants et sympathisants du CDP, Burkinabè de bonne foi et de bonne volonté, il vous a été donné de prendre connaissance, par l’entremise des médias publics et privés, des échanges épistolaires entre le groupe dit des Refondateurs et la direction de notre parti. Notre intention a toujours été de provoquer des débats à l’interne autour des problèmes qui minent la santé de notre grand parti, le CDP.

Des commentaires malveillants et des insinuations injurieuses et calomnieuses du genre : «Pourquoi attendre douze (12) ans pour réagir ? Pourquoi attendre d’être débarqués des postes juteux pour commencer à critiquer la direction du Parti ? Pourquoi… ? Pourquoi ?», ont inondé les organes de presse ces temps-ci, sans que cela nous étonne outre mesure, et,  pour couper court à l’intoxication et à la désinformation, dont nos détracteurs sont les spécialistes, et surtout vous apporter l’information juste, nous nous sommes résolus à vous adresser ce message militant pour permettre à chacun(e) d’avoir un éclairage prospectif de la situation de crise que vit notre parti. Mais il faut toujours se rappeler que comme le camarade Pierre Tapsoba a eu à le dire dans l’Hebdo n°60 du 5 au 11 mai 2000, P.9, «Nous ne sommes pas de ceux qui braillent à tout va et à tout vent, qui s’exhibent pour un oui ou pour un rien».

 

De la question des ouvriers de la 25e heure

 

Il est bon de rappeler que le CDP n’est pas et n’a jamais été l’ODP/MT rebaptisée. Il est donc malsain et injuste de baptiser certains militants «ouvriers de la première heure», d’autres «ouvriers de la onzième» et d’autres, encore «ouvriers de la vingt- cinquième heure». Aucun de tous les membres fondateurs qui ont porté le CDP sur les  fonts baptismaux en février 1996 ne peut  être traité d’ouvrier de la 25e heure. Nous avons démarré, ensemble, en même temps, le CDP les 5-6 février 1996.

 

"Nous insistons, nous persistons et nous signons"

 

Il est bon de rappeler qu’en 1996 nous avons répondu positivement à l’invitation et à l’appel du Président du Faso, conscients de la responsabilité qui était la nôtre, et désireux d’éviter à notre pays et à notre peuple les souffrances que bien de pays et de peuples africains ont endurées et/ou continuent d’endurer du fait de la sécheresse des cœurs de certains de leurs fils, qui préfèrent brûler leur pays plutôt que d’accepter de discuter et de dialoguer avec leurs vis-à-vis pour rechercher des solutions, pourtant à leur portée, à ses questions existentielles.

Aujourd’hui encore, comme en 1996, des difficultés apparaissent. Il ne sert à rien de fermer les yeux et nier l’évidence. La mal cause, l’arrogance et le mépris des autres ne sauraient constituer la bonne thérapie. Et le CDP, en tant que parti majoritaire, c’est-à-dire celui a qui le peuple burkinabè a confié sa destinée, ne saurait  croiser les bras.

Nous insistons, nous persistons et nous signons : le CDP doit constituer une force de propositions. Nous maintenons que notre parti reste atone et aphone devant la crise actuelle, comme ce fut le cas en 1998, 1999, 2000 et au temps fort de la crise ivoirienne.

Même la grande mobilisation de soutien au président Blaise Compaoré à son départ pour Marcoussis et à son retour de Marcoussis a été le fait d’initiatives privées, de bonnes volontés, de jeunes patriotes, et non de la direction du CDP, même si de nombreux militants de notre parti, patriotes sincères et convaincus, ont pris une part très active à ces manifestations de soutien au Président Blaise Compaoré au moment où il en avait le plus grand besoin.

C'est pourquoi, dans une adresse au Secrétaire national du Congrès pour la démocratie et le progrès, datée du 22 mai 2003, René Emile Kaboré, alors député à l’Assemblée Nationale, et ancien Président du PACT-LS, écrivait :

«Le CDP n’est pas un parti de gestion du pouvoir. Deux exemples peuvent étayer cette assertion :  premièrement la crise de 1998. Le parti s’est montré incapable d’appréhender la gravité et l’ampleur de la crise dès le départ, d’anticiper et, partant, de prendre les décisions et de donner des instructions. Le résultat a été que, pendant les trois premiers mois, les militants étaient laissés à eux-mêmes, chacun réagissant selon son entendement et sans directive précise. Avec le recul du temps, nul doute que cette crise aurait pu être gérée autrement par le parti ; deuxièmement, la crise ivoirienne de 2002. Là, l’incapacité du parti a atteint des sommets ! Alors que le pays est l’objet des accusations les plus fantaisistes et des plus folles, que le Président du Faso est sous les feux de l’actualité internationale, qu’une certaine presse, alimentée par certains courants mal intentionnés, s’acharne à réduire sa marge de manœuvre, qu’il a visiblement besoin d’un appui, notre parti, le CDP, reste dans ses «starting blocks», comme hypnotisé, médusé ! Il aura fallu que d’autres, en dehors des structures du parti, comprennent, évaluent, aient le courage et prennent le risque d’une mobilisation de soutien au Président pour que le CDP leur emboîte le pas ! Ces jeunes sympathisants du Président se sont montrés plus patriotiques, plus soucieux de la protection du Président et de la stabilité de nos institutions que le CDP lui-même.»

Aujourd’hui, face aux nombreuses crises sociales nées de la hausse incontrôlée des prix des hydrocarbures et des denrées de première nécessité, les partis d’opposition parlementaires et extraparlementaires, les organisations de la société civile, les responsables des grandes confessions religieuses, toutes les forces vives de la nation, ont fait leur analyse de la situation nationale et internationale, et tous, selon leurs sensibilités, leurs visions et leurs convictions, ont fait des propositions de sortie de crise, où ils interpellent les pouvoirs étatiques et chaque citoyen à assumer, chacun, ses responsabilités. La direction de notre Parti, quant à elle, donne la désagréable impression qu’elle reste  insensible aux souffrances de notre peuple.

 

"Ceux-là qui se positionnent pour l'après-Blaise..."

 

Aujourd’hui, il est difficile de nier que les instances et structures du parti se trouvent comme plongées dans une léthargie intellectuelle. Comment comprendre que notre grand parti, le parti qui regroupe le plus grand nombre d’intellectuels, de penseurs, d’économistes, de sociologues, etc., et qui peut mobiliser la plus grande expertise nationale, semble incapable de formuler quelques propositions de sortie de crise ? 

 

Du reproche d’avoir attendu douze ans avant de réagir

 

Ce reproche est fort légitime, et ceux qui le font sont fondés à le faire. Cependant, ce reproche va à l’endroit de la direction du Parti, car nous n’avons pas attendu douze ans pour donner nos points de vue sur la vie  du Parti. Nous avons toujours eu le courage de nos opinions et de nos propositions au sein du parti.

Au contraire, c’est la direction du Parti qui a attendu douze ans pour sortir de son mutisme, pour tout juste  brandir des sanctions contre nous, au lieu de se pencher sur les problèmes graves, qui minent la santé du parti. Il arrivera un temps où ce sera trop tard. En effet, la réaction épidermique de la direction de notre parti ressemble fort bien à  celle d’un malade qui brise son thermomètre, tout simplement parce qu’il indique que la fièvre monte…, monte…, monte, au lieu d’aller consulter un bon médecin.

Déjà en 2000, Pierre Tapsoba, dans l’Hebdo n°60 du 5 au 11 mai 2000, p.9, mettait en garde contre certaines pratiques de hauts responsables du Parti : «Malheureusement, il se trouve qu’un certain nombre de réalités internes handicapent le développement  positif de ces remous dans le sens de l’unité d’objectifs du parti. Il en est ainsi, d’abord, des convictions idéologiques, refrénées, de certains militants de première ligne, qui, marxistes invétérés, n’ont emboîté le pas à la social-démocratie que parce que le Président Blaise Compaoré l’a voulu et que, hors du parti de Blaise Compaoré, ils ne seraient que l’ombre d’eux-mêmes. Ils sont là tapis, entretenant des velléités de remise à l’ordre du jour de certaines méthodes marxistes de direction de l’époque des CDR. Il en est ainsi, ensuite, de tous ceux-là qui se positionnent pour l’après- Blaise, qui considèrent qu’ils sont les seuls à avoir l’étoffe pour succéder à notre président, et qui s’entourent d’une clique d’inconditionnels, créant ainsi des baronnats. Si des baronnats d’animation plurielle de l’orientation du parti peuvent être constructifs, des baronnats de défense d’ambitions personnelles, souvent démesurées, ne peuvent que fragiliser le parti, chaque baron passant son temps à ourdir des chausse-trappes contre les barons adverses. Il en est ainsi, ensuite, enfin, du manque d’engagement militant réel de la plupart des adhérents du CDP».

Trois années plus tard, dans son adresse au Secrétaire national du Congrès pour la démocratie et le progrès  du 22 mai 2003, René Emile Kaboré donnait une bonne description des causes de la mauvaise gestion du pouvoir par le CDP, dont les principales sont : «une vision réductrice, le règne de la pensée unique, le déficit de démocratie interne, des décisions non exécutées, une mauvaise gestion des cadres du parti, etc.»

Il est bon et opportun de rappeler ici que certains aspects des problèmes et des insuffisances fonctionnelles du parti, objet de nos lettres et de nos mémorandums adressés à la direction de notre parti, avaient déjà du reste été identifiés et stigmatisés dans le Rapport sur le thème du premier congrès ordinaire du CDP, tenu du 30 juillet au 1er août 1999. Ce que nous disons n’a rien de contraire, comme vous pouvez le constater vous-mêmes en parcourant la synthèse ci-dessous des travaux de la Commission sur le thème :

«En dépit de ces acquis, éminemment positifs, qui ont stabilisé  la vie politique, économique, sociale et donné une image et un crédit importants à notre pays sur le plan international, il faut reconnaître que notre parti et le Gouvernement ne sont pas exempts de toutes critiques dans la conduite générale des affaires. Pire, il apparaît parfois que nous sommes nous-mêmes, militants du Parti, les artisans acharnés de notre propre ruine, tant certaines questions sont gérées avec laxisme et légèreté au niveau de l’Etat et du Parti… Il nous faut être clairvoyants, perspicaces et hautement conscients des enjeux actuels.

 C’est pourquoi notre parti doit tout mettre en œuvre dans le calme et la sérénité pour agir avec maîtrise et objectivité sur les évènements, en leur trouvant les solutions les meilleures. Il faut, pour cela, que le parti, lui-même, soit solide, lucide et qu’il aborde les questions internes de gestion, d’organisation et de direction avec la conscience la plus aiguë et l’objectivité la plus rigoureuse. (P.5 et 6 du Rapport)

Abordant les problèmes  du parti au point 2.2. du Rapport du premier congrès ordinaire de juillet  de 1999, la synthèse suivante a été faite :

«Il n’est un secret pour personne que notre parti, en dépit de ses innombrables succès (succès électoraux, mobilisation accrue, implantation sociale large et diversifiée), connaît des difficultés d’organisation, de gestion et de direction... Différents maux, qui nécessitent des remèdes vigoureux, minent sa santé :

- manque de cohésion interne ;

- insuffisance de démocratie interne dans le fonctionnement ;

- manque de coordination dans l’action du Parti en matière de gestion des affaires publiques ;

-insuffisance d’information et de formation des militants ;

- léthargie des structures aussi bien en province qu’au centre ;

- nombre pléthorique des structures dirigeantes ;

- conflits de compétence des structures ;

- absence de politique syndicale et associative claire et efficace ;

- non-application stricte des textes fondamentaux ;

- manque de politique adéquate de gestion des cadres.» (P. 6 et 7 du Rapport)

Après donc avoir identifié les maux qui minent le parti, le Rapport fait la recommandation suivante :

«Il nous faut réfléchir profondément à ces maux, car ils ne sont pas apparus soudainement, comme par génération spontanée ; il nous faut non seulement les décrire, mais aussi les analyser et surtout y trouver des solutions justes, sans subjectivisme et sans agressivité. Quels sont les principaux maux, quelles sont leurs causes réelles, et comment les solutionner ? Pour répondre à ces questions, il est fort opportun d’analyser le type de parti qu’est le CDP, comment il est né et a évolué, et de répondre à la question de savoir de quel type de structuration du parti nous avons besoin dans la situation actuelle. Comment l’obtenir ? De quels types de direction politique avons-nous besoin ? De quel type de militant avons-nous besoin ? C’est dans l’examen critique, qui met au centre la critique et l’autocritique franche, directe et ouverte que nous répondrons aux questions urgentes de l’heure.» (P. 7 du Rapport)

Quant aux valeurs que notre parti doit défendre et promouvoir, (Cf. point 3.1.1 du Rapport), on retient :

- «Le Patriotisme : il est la base de notre appartenance au Parti. Le militant qui n’aime pas son pays, ne se bat pas pour lui et est prêt à la compromission pour des intérêts égoïstes et personnels face à la défense de son pays ne mérite pas le titre de membre du Parti. Epouser la social-démocratie dans un pays sous-développé, c’est lutter contre l’injustice, entre Etats et entre les hommes dans un même pays.

- L’intégrité morale : … La libéralisation aidant, la vie sociale et économique burkinabè a connu des bouleversements profonds avec, en toile de fond, la course effrénée au profit et à l’enrichissement.

Dans cette recherche d’accumulation, la devise la plus sournoisement déployée est «enrichissons-nous». Ce mot d’ordre, qui tend à devenir le phare de la société, fait fi de toute moralité. Ainsi, l’intégrité morale n’est plus de mise, et bien de difficultés de gestion sont engendrées de cette manière.

- L’Esprit de sacrifice : dans la tourmente sociale, amplifiée par les difficultés politiques, la tendance au développement solitaire et séparé, égoïste et personnel est forte. On oublie souvent qu’en tant que militant du Parti, l’esprit de sacrifice, de solidarité et d’entraide est un ciment, qui doit unir l’ensemble des militants et guider leurs actions. (P. 8 et 9 du Rapport).

 

"Des faits troublants et inquiétants"

 

Comme, une année après le congrès, aucune suite n’a été donnée aux recommandations, pourtant pertinentes, adoptées par la plénière, nous avons adressé un mémorandum de rappel à la direction de notre parti en date du 15 février 2000, dont voici quelques points saillants :

 «Dans son message à la nation en date du 19 octobre 1987, le chef de l’Etat invitait tous les patriotes et progressistes de notre pays à s’investir politiquement dans le processus de démocratisation, qu’il entendait instaurer en vue de mettre fin à plusieurs années de régime d’exception.

En dépit de la situation de peur généralisée, qui prévalait à l’époque, cet appel a été entendu par des patriotes convaincus qui ont décidé de contribuer à la nécessaire et indispensable démocratisation de notre vie nationale. Ainsi naquit la Convention nationale des patriotes progressistes/Parti social-démocrate (CNPP/PSD).

Nonobstant les difficultés inhérentes à l’instauration de tout processus de démocratisation et faisant fi de toutes sortes d’intimidations et de menaces, les dirigeants de la CNPP/PSD prirent leur responsabilité devant l’histoire, en adhérant au Front Populaire, malgré l’appréhension de nombre de ses militants et sympathisants. Avec courage et détermination, elle y a tenu à défendre ses convictions politiques, au prix de son exclusion du même Front Populaire.

Avec abnégation, elle a démontré sa maturité politique par la poursuite de son combat pour l’instauration d’une véritable démocratie, en participant activement et pleinement à la rédaction de l’avant-projet de Constitution.

A l’avènement de la Quatrième République, la CNPP/PSD, convaincue de la fragilité de notre processus démocratique, continua à participer activement à sa consolidation, par sa présence effective à l’Assemblée Nationale et au Gouvernement.

Malheureusement, cette clairvoyance n’a pas été comprise par certains de ses militants, qui prêchaient le radicalisme  et quittèrent ses rangs.

La recherche de l’intérêt national, qui s’imposait à la CNPP/PSD comme la seule bataille qui méritait la mobilisation des énergies politiques, allait connaître sa concrétisation en 1996. Ainsi, le 6 février 1996, alors même que les déchirements politiques de 1991 étaient encore fumants de divisions, de haines et de tensions sociales aussi graves les unes que les autres, la CNPP/PSD s’est fait violence avec douze autres formations politiques pour créer un parti de l’unité : le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP).

L’option sociale-démocrate du CDP a déterminé grandement l’adhésion de la CNPP/PSD à l’appel lancé par le président du Faso en vue du rassemblement des patriotes et progressistes pour le combat de la démocratie et du développement. Toutes les conditions semblaient réunies pour engager notre parti vers des lendemains meilleurs.

La création du CDP, par la fusion de plusieurs partis d’horizons divers et sous la bannière de la sociale- démocratie, a suscité beaucoup d’espoir au sein des populations des villes et des campagnes, soucieuses de voir enfin la classe politique burkinabè abandonner les luttes multiformes pour s’orienter résolument vers l’élaboration et la réalisation de véritables programmes de développement économique et social qui situe l’homme au centre des préoccupations, comme le dicte notre profession de foi.

L’acceptation des structures provisoires, dirigées par les secrétaires généraux de l’ex-ODP/MT, traduisait les renoncements acceptés par les autres partis fusionnés dans le CDP pour prendre le même chemin et regarder dans la même direction.

Au regard de la situation qui prévaut au sein de notre parti, force est de constater qu’une catégorie de militants perpétue certaines pratiques, aux antipodes de notre idéal politique. Tant et si bien que de nombreux camarades, notamment issus de l’ex- CNPP/PSD, ne se retrouvent plus dans certaines pratiques, qu’ils ont toujours rejetées. Le CDP, à n'en pas douter, était l’alternative la plus indiquée à un moment où le pays avait besoin d’une paix sociale pour son développement. Avec les apports de ceux qui, hier, faisaient de la lutte des classes leur credo, avec l’apport de ceux qui prônaient la rigueur et l’intégrité morale et le combat contre la corruption à tous les niveaux, nous étions convaincus que le CDP tenait le bon bout.

Après quatre années d’existence et de vie politique au sein du CDP, les constats suivants constituent des faits troublants et frustrants, qui perturbent de plus en plus l’engagement, sans réserve, des militants de l’ex-CNPP/PSD :

- la persistance de refrains du genre «vous nous avez rejoints, contentez-vous de nous suivre», serinés par des militants de l’ex-ODP/MT ;

- les méthodes de travail et le manque de transparence dans la gestion du Parti ;

- la marginalisation sélective des dirigeants et cadres de l’ex-CNPP/PSD dans les nominations aux hautes fonctions politiques et administratives ;

-l’absence, quasi-totale, d’anciens responsables de l’ex-CNPP dans les structures locales dites consensuelles.

Au vu de ces quelques constats résumés, il apparaît indispensable que le Parti écoute cette frange de notre électorat, en prenant en compte les principes cardinaux de notre profession de foi, en associant les hommes et les femmes ayant à cœur l’exécution du programme de développement solidaire tel que prôné par le chef de l’Etat.

La direction du Parti devra donc envisager des mesures hautement politiques permettant à tous les militants CDP, sans exclusive, de se sentir considérés et pris en compte dans l’intérêt général de notre parti, le CDP». (Ouagadougou le 15 février 2000).

Une fois encore, en 2005, dans un deuxième mémorandum, les inquiétudes exprimées dans celui de 2000 ont été reprises et adressées au Président du Parti. Il n’ y eut aucune suite.

 

Du combat pour les postes juteux

 

Il faut reconnaître que les militants de l’ex-CNPP n’ont jamais eu l’œil gourmand, et c’est là leur moindre défaut, comme Pierre Tapsoba le reconnaissait en 2000 :

«Nous n’avons pas exigé, comme cela est de coutume dans ce genre d’opération, de postes de quelque niveau que ce soit dans les hautes sphères de l’administration.» (l’Hebdo n°60 du 5 au 11 mai 2000 P.8)

Nous avons participé au gouvernement du Front Populaire avec d’autres partis en 1991. Mais moins de trois mois après notre entrée au gouvernement, les représentants de la CNPP/PSD ont démissionné du gouvernement pour non-prise en compte de leurs convictions. (Cf. Forum de Réconciliation Nationale.) Nous avons une haute idée de la participation à un gouvernement : on n’y va pas pour une quelconque soupe ou pour des morceaux viandeux ; on y va par conviction, foi, compétence, patriotisme et volonté de faire quelque chose pour son pays. S’il s’agissait de gens affamés qui accourent à la soupe, comment comprendre que des camarades comme Pierre Tapsoba et Oubkiri Marc Yao, après une période de «dégagement» de huit (8) ans, c’est-à-dire huit (8) ans sans salaire, quittent, à l’époque, la «table du banquet» avant d’avoir pris une cuillerée de soupe ?

De la même manière, en 2007, malgré la certitude d’être élus, pour une question de principe, les camarades Boly Moussa, Pierre Tapsoba et Oubkiri Marc Yao ont refusé d’être sur la liste nationale, avec le classement qui leur a été imposé.

 

De l’indication de la porte de sortie

 

Nous voudrions rappeler à certains jeunes, qui écrivent contre nous dans la presse, «au  hasard», sans discernement, sans esprit de suite, et quelques fois sans intelligence, que nous avons fondé le CDP avec d’autres partis politiques en 1996, par conviction et par libre choix. Nous y sommes par conviction et par libre choix. Nous y sommes parce que nous sommes attachés à la maison commune, que nous avons peiné à  construire. Nous y sommes parce que nous sommes conscients que nous constituons aussi quelques «poteaux porteurs», dont le retrait volontaire ou la dynamisation peuvent causer l’effondrement de l’édifice. Nous y sommes et nous entendons y demeurer, parce que nous ne voulons pas détruire ce que nous avons construit au prix de mille sacrifices et renoncements. Nous y sommes et nous entendons y demeurer, parce que nous avons été témoins d’hémorragies qui, si elles devaient être suivies d’autres de même magnitude et amplitude, provoqueraient, à coup sûr, la mort de notre parti par asphyxie, c’est-à-dire par manque d’air et d’oxygène.

Les militants qui n’ont pas une mémoire de poule ont certainement à l’esprit ce que des camarades et anciens camarades ont souffert de la pratique du sectarisme, de l’intolérance, de la pensée unique qui gangrène notre parti : au Houet, à la Comoé, au Yatenga, au Goulmou, au Sahel, au Boulgou, au Zoundwéogo, au Boulkiemdé, au Nayala, au Zondoma, etc.

Nous y sommes et nous entendons y demeurer, parce que nous sommes fondateurs du CDP. La seule personne qui peut prétendre à une paternité au-dessus de la nôtre, c’est le président Blaise Compaoré, pour en avoir eu l’idée et l’initiative en 1996.

Quitter ou ne pas quitter le CDP n’est pas la question. Observez toute la galaxie de partis se réclamant de la mouvance présidentielle : ils sont animés par d’anciens militants ou sympathisants du CDP qui ont été poussés à la sortie par les pratiques antiparti de hauts responsables de notre parti. Tous les «mouvanciers» ont un dénominateur commun : l’attachement à la démocratie et le soutien au Président Blaise Compaoré. Et ça, ça doit nous faire réfléchir.

Il n’est pas superflu de rappeler, ici, ce que Pierre Tapsoba déclarait dans l’Observateur Paalga n°6530 du jeudi 1er décembre 2005 :

«De toutes façons, nous disons que nous sommes au CDP, non pour des individus, mais pour une idéologie. Nous sommes au CDP parce qu’il y a pratiquement le vrai patron du CDP, qui est le Président Blaise Compaoré, et que ce dernier n’est pas comme ces autres, qui sont là et qui briment leurs semblables. Le Président Compaoré, lui, est honnête ! Lorsqu’il est au courant des choses qui se passent et quand on les lui dit, il y réagit immédiatement. Je répète donc que nous sommes au CDP pour le Président Blaise Compaoré, et non pour ces individus qui ne nous aiment pas.»

 

"Le président Compaoré, véritable fondateur du parti"

 

Aujourd’hui, comme hier, il nous faut écouter la voix de la sagesse. (Cf. Lettre pastorale et homélies ciblées des Evêques du Burkina Faso, les prises de paroles de certaines autorités coutumières et de responsables d’Eglises protestantes, etc.). La sagesse nous enseigne justement que la recherche de la paix sociale passe par le dialogue constructif, la recherche du consensus et du dénominateur commun. Et notre parti, parti majoritaire, parti au pouvoir, doit en donner l’exemple. La sagesse nous enseigne qu’il faut bannir les fuites en avant, les recours systématiques à la violence verbale, physique ou intellectuelle, au dénigrement, aux injures grossières, à la stigmatisation, à la marginalisation d’une partie des citoyens, etc.

 

De la non-représentativité de l’ex-CNPP/PSD

 

Quant à tous ceux qui gesticulent aujourd’hui, prétendant que la CNPP/PSD ne représentait rien, nous les invitons à relire le bref aperçu historique publié par le bulletin spécial du 1er Congrès ordinaire du CDP (du 30 juillet au 1er août 1999),  le «Sursaut», organe du CDP, en page 3 :

«Le CDP est né le 5 février 1996 de la fusion, principalement, du parti majoritaire de l’époque, l’Organisation pour la démocratie populaire/Mouvement du travail (ODP/MT), et d’un des plus significatifs partis de l’opposition, la Convention nationale des patriotes progressistes/Parti social-démocratique (CNPP/PSD). Une myriade de partis se situant entre ces deux pôles tels que le RDD/RDA et le PACT-LS avaient été de l’opération. Véritable coup de tonnerre dans le microcosme politique, cette fusion transfigurait le paysage politique national au point que certains analystes en avaient mangé leur chapeau, surpris qu’ils ont été. La conséquence première de cela a été le coup de massue asséné à  l’opposition, qui perdait, avec le départ de la CNPP/PSD, l’une de ses mamelles nourricières et, surtout, quelques-uns de ses ténors les plus crédibles aux plans national et international.

Cette fusion avait été concoctée au plus haut sommet et avait fait l’objet de grands débats houleux au niveau des directions de ces deux partis. Quant aux autres, ils trouvaient, dans le CDP naissant, l’affirmation d’une identité, qu’ils avaient du mal à cadrer entre les actions hégémonistes de l’ODP/MT et le large rassemblement du Président Compaoré, le véritable fondateur du parti

 

De la  fuite des informations dans la presse.

 

Comme il vous a été donné de le constater à travers notre développement, nous avons adressé des correspondances à la direction de notre parti en 2000, 2003, 2005, 2007 et 2008. Tout cela est resté entre nous et la direction du parti. Si notre intention était d’étaler le linge sale du parti au marché, nous l’aurions fait depuis fort longtemps. Nous avons toujours recherché les débats à l’intérieur du parti, vainement.

Comment comprendre alors le refus systématique de la direction du parti d’aller au fond des questions soulevées depuis 2000, et de prendre comme prétexte la fuite  dans la presse pour motiver notre suspension des instances du Parti, comme si l’on recherchait une «bonne» occasion pour ce faire ? Nous voulons simplement que la direction de notre grand parti veuille se pencher sur des questions d’organisation et de gestion du Parti, bien identifiées depuis 1999. Il ne s’agit,  ni plus ni moins que de cela.

 

En conclusion

 

Nous tenons à rappeler, ici, à l’intention de ceux qui écrivent, par ignorance ou par méchanceté, que nous avons «attendu d’être chassés de certains postes pour nous en prendre à la direction du parti» que, par exemple, en 2000, date d’envoi de notre premier mémorandum, Pierre Tapsoba et René Emile Kaboré étaient membres du gouvernement, Oubkiri Yao Marc, Ambassadeur à Accra, Moussa Boly 2e vice- président à l’Assemblée nationale. En 2003, au moment où René Emile Kaboré adressait sa correspondance au président du Parti, il était toujours député à l’Assemblée nationale, ainsi qu'Amadé Taho et Pierre Tapsoba, Oubkiri Marc Yao était 1er vice-président et Boly Moussa questeur, pendant que Rakissouiligri Mathieu Ouédraogo était au Gouvernement.

Nous n’avons donc pas attendu d’être écartés ou exclus du Parti ou de quelques «postes juteux» pour dire tout haut ce qui ne va pas dans le parti, qui est nôtre. En 2008, comme en  2007, 2005, 2003, 2000, assumant pleinement nos responsabilités, nous avons  écrit à la direction du parti pour rappeler les problèmes graves de dysfonctionnement de notre parti. Par la suite, nous avons adressé un mémorandum donnant plus de substance à ce que nous suggérons à la direction du parti. Tous les militants de bonne foi reconnaissent la justesse et la pertinence des questions et problèmes soulevés.

Contrairement à ce que certains veulent faire croire, en nous traitant d’ingrats, nos écrits n’ont jamais été adressés à des personnes physiques, mais à la direction du parti. Nous ne sommes pas coutumiers des attaques personnelles.

Notre intention n’a jamais été de déstabiliser le parti dont nous avons été cofondateurs. Bien au contraire, notre souci a toujours été d’attirer l’attention de la direction du parti sur les vrais dangers de déstabilisation, qui menacent sérieusement les fondements du CDP.

 

 

Ouagadougou, le 15 juillet 2008

 

Pour le Groupe des Refondateurs,

Le Chargé de communication,

René Emile Kaboré

Militant de base du CDP

 

L’Observateur Paalga du 18 juillet 2008


18/07/2008
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