L'Heure du Temps (Blog d'Information sur le Burkina Faso)

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Nouvelle carte d’identité nationale : Ce n'est pas encore la grande affluence

Nouvelle carte d’identité

Ce n'est pas encore la grande affluence

L'office national de l'identifidation a lancé une vaste campagne pour la délivrance de nouvelles cartes nationales d'identité le 2 août dernier. Une semaine après le démarrage de l'opération, notre équipe est partie sur les traces de la CNI, adieu la CIB.

Selon le chronogramme de l'ONI, tous les commissariats de la ville de Ouagadougou sont aptes à recevoir les demandes de CNI. A Boulmiougou, le commissariat du troisième arrondissement fait office de centre de collecte. Assise à l'ombre d'un grand arbre au milieu de la cour, une vingtaine de personnes attend, un papillon jaune numéroté en main. Ce papillon est le sésame qui permet d'accéder à la section identité du commissariat. Deux agents sont commis à la tâche. L'un vérifie les renseignements, pose des questions pour s'assurer de la qualité des informations. L'autre agent s'occupe de la prise de la photo d'identité et de la taille. Ceux qui passent devant ces agents sont de petits privilégiés. Car pour obtenir ce précieux sésame, certains étaient au commissariat depuis 5 heures du matin. Chaque jour, 50 personnes sont retenues. Trop peu, diront certains. Mais selon le commissaire de police de Ouaga 2000, Boukaré Roger ouédraogo : "nous avons limité le nombre pour nous permettre de bien traiter les dossiers.

Un des changements avec la nouvelle carte réside au niveau des renseignements. Ils sont plus fournis, détaillés et en plus, les agents contrôlent les informations qui sont fournies par le demandeur. Les fiches étant toutes numérotées, toute erreur sur une fiche va coûter 2500 F CFA à l'Etat.

On comprend dès lors la "lenteur" dans le remplissage des fiches et la mine pas du tout réjouie de ceux qui attendent leur tour. Avec l'ancienne carte, la CIB, les délais étaient moins longs. Pour le commissaire Ouédraogo, limiter le nombre d'enregistrement permet de travailler là-dessus l'après-midi. En effet, tous les dossiers doivent être visés par le commissaire de police avant d'être transmis au centre de traitement de l'ONI.

Au commissariat de Boulmiougou, tout comme à celui de Ouaga 2000, les premières cartes sont en attente d'être délivrées. L'ancien ministre Yacouba Touré qui accompagnait ses deux filles à l'identification, n'avait pas encore la sienne.

Sur les sites de Boulmiougou et de Ouaga 2000, on constate un certain engouement avec une moyenne de 50 personnes par jour.

L'on regrette cependant que les usagers soient trop pressés de recevoir leurs nouvelles cartes. Les délais vont de deux à trois semaines selon les cas.

Cette situation est anormale selon le directeur général de l'ONI, Pierre Tiendrébeogo. La capacité de traitement de sa structure est de 8 à 10 mille cartes par jour. Les retards actuels sont liés, selon M Tiendrébéogo, au problème de transmission. Au niveau de Ouagadougou, les dossiers transitent par un centre provincial, intermédiaire avant d'arriver à l'ONI. Sur place, la carte est prête dans un temps record.

Une centaine d'agents est mobilisée pour le traitement informatique des données. La section saisie et la section contrôle qualité travaillent en tandem dans une grande salle au rez-de-chaussée de l'immeuble de l'ONI. Des provinces qui ont entamé l'opération, deux navettes hebdomadaires rapatrient les dossiers à l'ONI. Bientôt le nombre d'équipes va passer à trois, selon le directeur de la production, Anthyme Kaboré.

Par Abdoulaye TAO

Le Pays du 10 août 2007

Encadré 1

Des usagers apprécient

Anatole S. Banworo (administrateur civil) : "Au niveau du commissariat de Boulmiougou, tout se déroule assez bien à mon avis. Je déplore cependant que les usagers viennent trop tôt pour les formalités. Je suis ici depuis 5h 30 afin d'être parmi les premiers à se faire établir la Carte nationale d'identité. Le nombre de personnes à recevoir n'étant que trente d'où l'obligation faite à tous demandeurs de se réveiller très tôt. Je ne peux pas parler actuellement de lenteur puisque les services fonctionnent depuis 8 heures."

Sakira Banworo (ménagère) : "Je suis arrivée très tôt dans la matinée avec mon époux. Nous sommes là depuis 5h 30 et j'avoue que c'est un peu lent selon moi. Il est presque 10 heures et nous attendons toujours. Je souhaite que l'on se hâte quelque peu afin de faciliter la tâche aux usagers. Dans l'ensemble, les choses se déroulent bien et les agents de la Police sont assez courtois."

Pascaline Oviya (élève) : "Je suis ici depuis 5 heures. Imaginez que je n'ai pas encore pris mon petit déjeuner. C'est vous dire que les conditions sont difficiles à supporter et on est obligé de suivre le mouvement d'ensemble en attendant que l'on nous fasse appel. Mais quand? Je suis en quinzième position et l'attente se fait longue."

Amado Ouédraogo (mécanicien) : "Je suis arrivé dans ce commissariat de Boulmiougou depuis 7 heures. Je ne trouve pas l'opération si lente contrairement à ce que d'autres disent. J'apprécie positivement l'accueil des usagers par les policiers qui sont très courtois. Pour ma part je tiens, malgré tout, à disposer à présent de la nouvelle carte nationale d'identité afin d'éviter les embouteillages avec la grande affluence qu'il y aura dans les mois à venir.

Saran Traoré (étudiante) : "Nous sommes arrivées à 9h en compagnie de notre père. Les choses se passent bien. Ma soeur et moi avons vite rempli les formalités et devons attendre comme tout le monde. J'encourage ceux qui sont hésitants à se rendre le plus tôt dans un commissariat afin de disposer de leur Carte nationale d'identité qui est une pièce très indispensable pour tout citoyen. Les conditions sont dans l'ensemble réunies pour la délivrance de la Carte et il n'y a pas lieu de trop se plaindre."

Idrissa Diandé (Commerçant) : "Je salue les efforts des autorités pour faciliter la tâche aux usagers. Ici, au commissariat de Ouaga 2000, tout se passe bien. Je suis arrivé à 8 heures et il est actuellement 11h 30. Je ne pense pas que ce soit lent surtout quand je me rappelle les conditions pour obtenir l'ancienne Carte d'identité burkinabè : je devais me réveiller à 5h par exemple. J'ai déjà rempli les formalités et j'attends d'être reçu."

Adams Ouédraogo (informaticien) : "Je viens de récupérer ma carte après quelques heures d'attente. Franchement, je n'ai pas noté de difficultés particulières. Il y a un mois de cela que j'ai rempli les formalités à l'Université. J'aurais pu obtenir ma carte deux semaines après, seulement je n'ai pas eu le temps pour ce faire. Je dirai RAS c'est-à-dire rien à signaler pour obtenir la nouvelle carte nationale d'identité."

Encadré 2

Pierre Tiendrébéogo, DG de l’ONI

" Tout le monde sera servi"

Le directeur général de l'Office national de l'identification (ONI) fait le point de l'opération "Burkina identité" depuis son lancement le 2 août dernier.

Quel constat faites-vous au bout de deux semaines d'opération ?

Pour l'instant, c'est le changement d'habitude qui pose problème. Les gens étaient habitués à aller au commissariat pour se faire établir une carte d'identité qui pouvait se faire sur place. Avec cette nouvelle formule, tout est différent dans le processus qui va de la collecte à la confection de la carte d'identité. Le processus est long et prend quelques jours. Et certaines personnes ne s'adaptent pas à cela. Il faut que les gens s'en accommodent. Avoir une carte d'identité aujourd'hui, c'est quelque chose qui se prépare. On va au commissariat, on se fait enregistrer et on attend sa carte. Dans le fond, ce sont les mêmes étapes qu'avant. Ici, c'est la vitesse dans le traitement qui change. La vitesse dans la collecte n'est pas la même que celle de la confection. Et dans une opération d'identification, la collecte est une étape très importante. Nous demandons aux populations de bien s'informer afin d'éviter les désagréments éventuels.

Faites-nous le point du nombre de personnes déjà enregistrées à Ouagadougou.

A partir des demandes de formulaires des agents collecteurs-photographes, on sait que par jour la demande est de 200 formulaires dans les 7 arrondissements de la police.

Des difficultés ne sont-elles pas constatées au niveau des commissariats ?

La façon de travailler a changé. Il y a les renseignements à prendre, la photo à faire et l'argent à récupérer. A ce niveau, ils encaissent et rendent compte aux agents de l'ONI, aux percepteurs de la localité. C'est un travail pour lequel ils ont été formés.

Qu'en est-il de l'engouement du public ? Des échos vous sont-ils parvenus ?

Le dispositif technique est en place pour neuf mois. Et ce n'est pas demain qu'on va dire aux gens que s'ils ne possèdent pas la nouvelle carte ils seront en situation irrégulière. A partir du lancement, les populations ont trois ans pour se mettre à jour. Pour ce qui est de l'engouement, c'est une nouvelle carte et nous avons invité les gens à l'acquérir lors de notre campagne de sensibilisation. L'engouement est donc justifié. Mais je rappelle que le dispositif est installé pour un bon moment.

Sur la fiche, il est demandé beaucoup d'informations. Quelle en est la raison ?

Nous voulons une base de données fiable et les agents ont été formés pour démasquer ceux qui fourniront de mauvais renseignements, de même que les fraudeurs. C'est pour cela qu'il est posé beaucoup de questions malgré les pièces que le demandeur aura fournies.

Y a-t-il un dispositif pour démasquer les citadins qui iront en zone rurale pour se faire établir la carte à 500 F CFA au lieu des 2500 F CFA ?

En zone rurale, c'est une subvention que l'Etat accorde aux populations afin de leur permettre d'accéder facilement à la CNI. Si quelqu'un quitte la ville pour aller le faire au village, nous n'avons aucun moyen technique pour le démasquer. Mais les agents que nous avons dépêchés en zone rurale ont des consignes qui leur permettent de démasquer ces cas. Je pense que le jeu n'en vaut pas la chandalle si l'on tient compte du coût en matière de déplacement, l'essence pour y aller deux fois.

Des personnes qui ne veulent pas se débarrasser de leur ancienne carte se feraient établir une déclaration de perte. Est-ce légal de disposer de deux pièces d'identité en même temps ?

Non. Un citoyen qui a les deux cartes, dont l'ancienne en cours de validité, peut se la faire subtiliser. Quelqu'un peut alors l'utiliser à de mauvaises fins. Ce sont des problèmes si quelqu'un l'abandonne sur les lieux d'un crime, par exemple. Notre souci est de pouvoir récupérer toutes les cartes au fur et à mesure. Ceux qui font de fausses déclarations de pertes le font à leurs risques et périls. Disposer de deux cartes d'identité est une infraction. L'intérêt de l'opération actuelle est de doter chaque citoyen d'une et une seule carte d'identité. Nous avons les moyens techniques pour cela.  Nous invitons donc les populations à adhérer à l'opération. Elle va nous permettre de disposer d'une base de données sur l'identité nationale. Ce sera une bonne contribution dans le cadre de la bonne gouvernance dans le traitement des dossiers de lotissements, par exemple, des scrutins électoraux, etc. Cela va augmenter la transparence dans la gestion administrative. Je rassure les Burkinabè que tout le monde sera servi. Ce n'est pas une opération qui prendra fin de sitôt. Nous comptons sur la bonne compréhension des populations et les invitons à suivre les instructions des agents collecteurs-photographes.



10/08/2007
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