L'Heure du Temps (Blog d'Information sur le Burkina Faso)

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Oubkiri Marc Yao : "Je préfère me mettre à l’écart en attendant..."

Oubkiri Marc Yao, 1er vice-président de l’AN

"Je préfère me mettre à l’écart en attendant que le parti m’explique"

Comme un couperet, la nouvelle est tombée. Oubkiri Marc Yao, 1er vice-président de l’Assemblée nationale et vice-président du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), s'est retiré, avec deux de ses anciens camarades, de la liste nationale des candidats CDP aux législatives de mai prochain. Qu’est-ce qui a bien pu pousser ce diplomate de carrière à adopter cette attitude ? En exclusivité, il a choisi le chef-lieu de son fief et votre journal, "Le Pays", à qui il dit accorder beaucoup de crédit, pour s’expliquer.

Quelle appréciation faites-vous de la mise en place d’une association des ressortissants de la Boucle du Mouhoun ?

C’est un sentiment de satisfaction, parce que, comme vous le savez, la Boucle du Mouhoun est une région qui a le plus d’atouts au plan économique mais qui se trouve dans le peloton de queue en matière de développement. Qu’est-ce que cela veut dire ? Cela veut dire qu’il n’y a pas de mobilisation suffisante des ressortissants de la Boucle du Mouhoun pour le développement de leur région. En conséquence, cela veut dire aussi un manque de mobilisation au niveau de l’Etat, de nos partenaires économiques et financiers, d’ONG pour pousser notre région sur le chemin du développement. Dès lors, il était important que les fils et filles de la région se retrouvent pour mettre sur pied une association qui va élaborer un programme de développement qui servira de feuille de route aux élus et à toutes les personnes ressources de la région pour faire avancer cette région et rattraper notre retard par rapport aux autres régions, et contribuer à une marche harmonieuse du Burkina vers le développement. Parce qu’en matière de développement, lorsque les autres avancent pendant que d’autres traînent, il n’y a pas de développement. C’est comme quelqu’un qui se dit sain et qui marche en boitant.

Pourquoi avoir attendu aussi longtemps pour la mise en place d'une telle structure ?

Je dois vous dire franchement que je ne pourrai pas répondre personnellement parce que j’ai passé la plus grande partie de ma vie à l’extérieur du Burkina en tant que diplomate de carrière. Mais je crois que la régionalisation même vient de démarrer. Auparavant, c’était des associations de développement des différentes provinces et de départements. Maintenant que nous sommes au stade de la régionalisation dans le cadre de la communalisation intégrale, je crois que la nécessité de mettre en place une structure régionale s’est faite sentir. Parce que la région aura une compétence en matière de développement économique, social, culturel etc…Il est apparu donc nécessaire aux yeux de tous les ressortissants qu’à côté des structures étatiques, aussi bien que les structures communales la nécessité de mettre sur pied cette structure non gouvernementale, une organisation à but non lucratif, apolitique, mais dont le seul objectif est de contribuer, grâce à la cohésion de tous les fils et filles, au développement.

Qu’est-ce qui explique l’absence du nom de Marc Yao sur la liste des candidats CDP aux élections législatives de mai prochain ?

Je crois que ce n’est pas une question très importante. J’ai été élu 3 fois, et je crois que nous avons assez de compétences pour assumer les fonctions de député. Pour le reste, il y a peut-être quelques malentendus au sein de notre parti, qui ont fait que j’ai profité me mettre à l’écart pour que des plus jeunes frères puissent eux aussi faire leurs preuves sur le terrain. Mais cela ne veut pas dire que je sors du combat politique.

Oui, mais quelle est la pomme de discorde entre vous et vos camarades du CDP ?

J’ai toujours dit que le linge sale se lave en famille. Ce ne sont pas des problèmes très graves. Je dois dire que ce sont plutôt des malentendus. Parce que j’ai estimé, pour ma part, qu’on aurait pu faire les classements autrement. Mais comme ma vision apparemment était minoritaire à la tête du parti, j’ai préféré laisser la place à des militants, à des frères beaucoup plus jeunes pour mener le combat sur le terrain.

Cela voudrait-il dire que vous allez scruter vers d’autres horizons politiques, ou est-ce une décision comme celle de 1991 lorsque vous aviez démissionné du gouvernement alors que vous étiez secrétaire d’Etat à l’organisation du monde rural ?

Je vous rappelle que je suis membre dirigeant du parti. En ce qui me concerne, je vous ai toujours démontré que je ne suis pas venu en politique pour des raisons de postes. Comme vous l’avez relevé, en 1991 je suis entré au gouvernement alors que j’étais licencié depuis 7 ans. Au bout de 2 mois, j’ai démissionné du gouvernement. J’ai préféré retourner au chômage plutôt que d’être membre d’un gouvernement dont les prises de position ne rencontraient pas mon assentiment. Lorsque nous avons créé le CDP avec d’autres formations politiques, à l’époque notre tendance ne souhaitait même pas être au gouvernement qui devrait être mis en place après cette fusion. Et si vous le constatez aujourd’hui, aucun de nos camarades de cette époque ne figure au gouvernement. Avez-vous entendu une protestation de notre part ? Non. Nous ne sommes pas allés au CDP pour des postes. Nous sommes venus au parti pour défendre une option idéologique et pour défendre des principes, à savoir qu’un parti fonctionne selon des règles et des principes clairs. Voilà notre position.



Vous vous êtes cependant retiré de la liste des candidats avec deux de vos camarades de l’ex-CNPP/PSD …

Mais nous n’avons démissionné de nulle part.

De la liste nationale du CDP quand même…

Non. On nous a positionné sur une liste. Nous avons trouvé que nous ne comprenons pas dans quelles conditions et sur quels critères cette liste a été confectionnée.

Cela voudrait dire qu’en tant que vice-président du parti vous étiez absent de l’établissement des listes qui est une décision aussi importante de la vie du parti ?

A ce niveau, je dois vous dire franchement qu’à la décision finale, ni moi, ni les autres camarades de notre tendance n’ont été associés. Je l’avoue franchement. Là n’est pas le problème. La sélection a été faite selon quel critère ? Voilà la seule question que nous avons posée. J’ai eu des fonctions claires au niveau du parti. Je pense bien avoir accompli les missions qu’on m'a confiées avec tout ce qu’on pouvait espérer. Si malgré cela on décide que je ne mérite pas d’être classé là où ma situation au niveau que la hiérarchie me confère, mais ailleurs, dans ce cas-là, je dis que je ne suis pas partant.

Vous vous attendiez à quel rang ?

Vous n’avez qu’a regarder la hiérarchie du parti. Vous saurez normalement à quel rang on peut s’attendre à me trouver.

Est-ce le classement qui vous a poussé à jeter l’éponge ou y a-t-il d'autres raisons cachées ?

Vous savez que chaque parti a une organisation. Et si pour une raison ou une autre on ne respecte pas la hiérarchie, il faut au moins expliquer pourquoi. Vous aviez suivi ce qui a été fait sur le terrain depuis que je suis à la tête du parti dans la région. Les compétitions électorales ont eu lieu. Les résultats sont édifiants. Je dis simplement que je suis surpris par cette attitude de mon parti. Je préfère me mettre à l’écart en attendant que le parti m’explique ce qui s'est passé.

Votre attitude ne vous expose-t-elle pas à des sanctions disciplinaires ?

Cela dépend du parti. Je pense que lorsqu’on vous confie une mission et que vous jugez que les conditions dans lesquelles on vous confie cette mission ne vous permettent pas de l’accomplir avec tout le succès que vous espérez, vous avez aussi le droit de dire au parti de confier cette mission à d’autres militants. Si pour cela on doit me sanctionner, je me soumettrai à cette décision suprême du parti.

Quelles sont les chances de votre pari aux prochaines élections législatives dans la région de la Boucle du Mouhoun ?

Le CDP conserve toujours les mêmes chances à ces élections législatives. Je dois vous dire franchement que ce n’est pas parce que je ne suis pas partant que je quitte le combat. Je reste vice-président du parti, commissaire politique régional de la Boucle du Mouhoun. Et je suis sur la position de départ pour le combat.

Ca veut dire que vous allez soutenir sans rancune vos camarades ?

Absolument. Non seulement soutenir, mais aussi je vais assurer la supervision de la campagne pour une victoire de mon parti. Je serai aux côtés de mes camarades qui sont candidats.

Quel est le parti que vous craignez le plus sur le terrain politique dans la région ?

Depuis la fusion, le CDP n’a pas craint beaucoup de partis.

Quelques-uns peut-être…

La Boucle du Mouhoun a tous les partis. Les résultats des dernières municipales sont révélateurs.

Un pronostic ?

Sur les 11 sièges à pourvoir, mon parti aura 8 députés. Aux dernières municipales, sur les 47 communes, nous en avons remporté 44.

Les 3 autres sièges, vous les attribuez à qui ?

Au PAI, à L’ADF/RDA et à L’UPR.

Le PAI semble hors compétition …

Si tel est le cas, ajoutez-nous un siège.

Propos recueillis par Serge Coulibaly

Le Pays du 20 mars 2007



20/03/2007
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