L'Heure du Temps (Blog d'Information sur le Burkina Faso)

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Pasteur Pascal Israël Paré : "9 millions, ce n'est pas une dîme royale"

Pasteur Pascal Israël Paré

"9 millions, ce n'est pas une dîme royale"

 

Fondateur de l'Union internationale des chrétiens, l'homme était connu dans les milieux évangéliques pour son zèle au service de celui en qui il a cru et surtout pour son franc-parler. En octobre 2003 pourtant il a été mêlé à une tentative de putsch avec quelques-uns de ses fidèles comme le capitaine Ouali Diapagri Luther  (le cerveau du putsch) ; le caporal Bassana Bassolet et le sergent Bako Baliboué. Paré Israël venait ainsi de connaître une de ses dizaines d'épreuves majeures de sa vie et l'image de l'Eglise burkinabè en a pris un coup. Si ses brebis ont été condamnés le 16 avril 2004 par le Tribunal militaire à des peines d'emprisonnement  ferme, l'homme de Dieu s'en est tiré avec 2 ans  avec sursis. Mais il n'en bénéficiera pas pour longtemps parce qu'il connaîtra par la  suite la prison  pour avoir causé la mort par accident de voiture d'un jeune de  Gonsé. C'est un homme qui se dit averti que nous avons rencontré à Ipelcé, département de la province du Bazèga situé à 40 km de Ouagadougou le vendredi 28 septembre 2007.

Comme on le dit dans la culture moaga "le beurre sommeille mais n'est pas avarié". Lisez plutôt.

 

 

Pour nos lecteurs qui ne vous connaîtraient pas, dites en deux mots qui vous êtes.

 

• Je me nomme  Paré Pascal Israël, je suis marié et père de 5 enfants dont 3 filles. Je suis né en 1963 à Siena dans le département de Toma, province du Nayala.

 

Ceux qui vous ont connu dans les années 80 parlent seulement de Paré Pascal, comment est intervenu le nom Israël ?

 

• Le nom d'Israël est intervenu précisément en 2001 après mon épreuve d'opération d'abcès du foie. Pendant que j'étais à l'hôpital, le Seigneur m'a dit qu'il me guérirait, j'étais à ma 14e année de ministère. Il m'a dit de porter ce nom parce que j'ai lutté pendant tout ce temps avec lui et il combattra pour moi.

 

Comment s'est effectuée votre rencontre avec  Jésus ?

 

• Je suis né dans la foi d'un père et d'une mère profondément ancrés dans le Seigneur, que je tentais d'imiter. Mais j'ai perdu ma foi sur le plateau mossi et les choses du Seigneur étaient loin de ma vie. Ma passion à l'époque était le jeu de scrabble. En avril 87, après avoir joué avec mon ami Ousmane Cissé, préfet à Gjibasso, jusqu'à 2 heures du matin, je me suis couché et pendant que je priais dans un rêve, un ange du Seigneur m'a interpellé ainsi : "Arrête, ta prière n'est pas entendue et prie en ces termes : l'Eternel mon père ne permets plus jamais à quoi que ce soit de m'empêcher de te voir".

Après ma prière, une boule de feu est tombée du ciel dans ma bouche, suivie d'un éclair foudroyant qui m'a électrisé sur ma natte. Le lendemain, le Seigneur m'en a donné l'explication à travers le passage biblique d'Esaie 6 versets 1 à 7 qui m'expliquait que mes iniquités étaient pardonnées et que je devais aller au service du Seigneur. C'est ainsi que j'ai commencé l'œuvre de Dieu cumulativement avec ma fonction d'enseignant.

 

Le pasteur a-t-il été un bon instituteur ?

 

• En ce qui concerne ma profession d'enseignant, je peux dire que j'ai connu une brillante carrière. Avec mon attestation de BEPC, j'ai réussi en 1981 au concours des instituteurs adjoints alors que j'étais âgé seulement de 18 ans. La même année, j'ai été affecté à Markoye dans le Sahel. Malheureusement, ma première année de fonctionnaire s'est soldée par un accident avec une fracture ouverte à mon membre inférieur gauche. J'ai ainsi été muté à Ipelcé à 40 km de Ouagadougou pour mieux suivre l'évolution de ma santé. Dans toutes les étapes des concours professionnels, le Seigneur m'a assisté.

Deux ans après, j'ai réussi au CEAP, puis au CAP en 1989. En 1985, j'ai ouvert l'école de Sandeba.  Sous un arbre au temps de la révolution. Les enfants utilisaient des briques comme table-bancs. C'est dans ces conditions que j'ai travaillé et à la 6e année, seul un élève sur les 42 a échoué au CEP. Les parents d'élèves n'ont pas voulu que je quitte le village et j'y suis resté.

En 1993, alors que je préparais le concours des conseillers pédagogiques, j'ai été contraint d'y renoncer pour une conférence spirituelle en Côte d'Ivoire. C'est à l'issue de cette rencontre que je me suis engagé à plein temps pour le Seigneur, en renonçant à ma profession d'enseignant, à travers laquelle j'ai servi mon pays de toutes mes forces.

 

Vous avez sans doute connu des épreuves dans votre vie ainsi que dans votre ministère ecclésiastique. Quelles furent les plus marquantes à vos yeux ?

 

• Des épreuves, j'en ai eu aussi bien sur les plans physique que spirituel. Je peux vous dire que depuis mon enfance, j'ai échappé à 12 épreuves de mort.

Il sera fastidieux de les citer toutes, mais on peut en retenir principalement quatre.

La première fut mon accident en février 1982, que j'ai évoqué plus haut. J'en ai souffert et jusqu'à présent, je marche avec des fers dans le corps.

La deuxième, c'était mon abcès du foie, qui a nécessité une intervention chirurgicale en 2002.

La troisième a été mon inculpation dans la tentative de coup d'Etat en octobre 2003 suivie de mon emprisonnement 7 mois durant à la gendarmerie.

La quatrième épreuve a été mon accident de voiture qui m'a conduit à la Maison d'arrêt et de correction de Ouagadougou, où je suis resté pendant 8 mois.

 

Parlons justement de ce putsch. Comment un homme de Dieu s'est retrouvé dans une telle affaire ?

 

• Là, c'est une question difficile que vous me posez, en ce sens que tous ceux qui m'ont connu savent que je ne suis pas un homme violent.

Cela fait plus de 20 ans que je suis ici à Ipelcé et personne ne peut témoigner que j'ai eu des écarts de langage envers quiconque. Permettez-moi de vous dire que cette situation a été commanditée par le monde des ténèbres.

En effet, après avoir fait une prière de délivrance pour une Togolaise, le démon, en la quittant, s'est adressé à moi en ces termes :  "Pasteur Paré, nous avons tout fait pour te détruire par l'argent et les femmes,  en vain ; mais cette fois-ci tu n'échapperas pas". Je lui ai demandé à savoir comment cela serait possible. "Par un gros mensonge, nous détruirons ton ministère", m'a-t-il répondu. Je n'ai pas accordé du crédit aux paroles d'un esprit qui venait d'être vaincu. Mais je peux vous dire franchement que quand on est venu dire à tout le peuple burkinabè et même au monde entier que c'est moi qui veut renverser le Président du Faso de concert avec des militaires et ma photo a été publiée dans les journaux, j'ai subi un choc inimaginable. J'ai été d'autant plus touché que je venais d'organiser une conférence pour la paix des nations, qui nous a coûté plus de 12 millions de nos francs. C'est près de deux semaines après cette conférence qu'on est venu m'arrêter. Et depuis la gendarmerie jusqu'au procès, j'ai dit et je le répète que je n'ai jamais eu dans ma tête l'idée de renverser qui que ce soit. Je persiste et je signe devant Dieu que moi, je n'ai pas eu l'intention de faire du mal à un Burkinabè. La politique ne m'intéresse pas, je suppose que ce que Dieu m'a donné est suffisant. Les militaires Ouali Luther, Bako Baliboué et Bassolé Bassana étaient de fidèles chrétiens de mon assemblée. Pour cela, nous prions ensemble, mais au-delà, dire que j'ai préparé le coup avec eux, c'est un gros mensonge mal calculé par le monde des ténèbres.

 

Les brebis n'ont-elles pas parlé au berger de leur projet ?

 

• En tant que serviteur de Dieu, je ne peux pas mentir sur eux. Ils ne m'ont jamais dit qu'il avait un tel projet.

 

Et l'argent pour lequel vous avez prié ?

 

• Je vais vous dire ce qui s'est passé. Nous étions dans le temps de la conférence de la paix précitée. Pour sa réussite, nous avons demandé à tous les disciples d'apporter des offrandes. Ouali Luther est venu me dire qu'il a été béni financièrement parce que des amis à lui lui ont envoyé de l'argent. J'ai prélevé dessus la dîme, qui s'élève à neuf millions (9 000 000) F, laquelle a servi à la conférence de la paix. Je ne les ai pas utilisés pour mes propres besoins. Je les ai mis au service de la paix de la sous-région. Dieu merci, aujourd'hui, notre pays, à travers son président, est au centre de cela. Pour cette dîme, je ne baisserai jamais la tête devant qui que ce soit. C'est pas une dîme royale comme on le laisse entendre. Selon la parole de Dieu, en tant que pasteur, je prends la dîme et je bénis le reste, qui est entre ses mains. Les Ecritures parlent des dîmes, des offrandes volontaires, des offrandes à l'Eternel et de la dîme des dîmes. C'est-à-dire que dans une église lorsqu'on prend la dîme, on prélève 10% qui représente la dîme des dîmes pour le grand sacrificateur. Je vis ici à Ipelcé, je n'ai même pas une maison de 20 tôles à Ouaga. Si j'étais cupide, je n'en serais pas là. Dans cette affaire, le Seigneur ne m'a pas accusé, j'ai la conscience tranquille.

 

Pour certains, cette affaire de putsch n'a été qu'un montage. Selon vous, y a-t-il eu oui ou non des menées subversives ?

 

• Moi je ne peux pas dire qu'il y a eu une tentative de coup d'Etat. Il y a eu des services spécialisés qui, au regard de leurs renseignements, ont dit qu'il a eu tentative de putsch. C'est eux qui comprennent le sens de leur expression. Etant donné que je n'ai pas participé à une réunion quelconque, ni à une prise de décision dans cette affaire, je ne peux pas aujourd'hui dire qu'il y a eu ou non une telle tentative. Je n'ai aucune appréciation à faire.

 

Vous avez été détenu pendant 15 mois à la gendarmerie et à la MACO ; parlez-nous de vos conditions de détention.

 

• Il faut situer les choses en deux phases, à savoir ma détention à la gendarmerie pendant 7 mois et mon séjour à la MACO pendant 8 mois.

S'agissant de mon incarcération à la gendarmerie, il faut dire qu'on s'est bien occupé de moi et je remercie cette institution. Mais ce qui m'a négativement marqué, c'est que j'étais dans un état diabétique et on nous a déshabillés comme des va-nu-pieds, des délinquants. On m'a laissé en petit caleçon et mes chaussures m'étaient retirées. Je suis resté dans ces conditions pendant 3 mois sans pouvoir voir ni ma famille, ni mes disciples. Je sortais devant les gens quasi nu devant 2 à 4 gendarmes armés de kalachnikov à ma gauche et à ma droite. Je peux vous dire que cela m'a beaucoup touché. Si je suis aujourd'hui dans mon pays, c'est par amour de Dieu et par désir d'être utile au Burkina Faso, que j'ai beaucoup servi. J'ai compris qu'il fallait passer par là, car, comme le dit la Bible dans Ecclésiaste 3, il y a un temps pour pleurer et il y a un temps pour rire.

Quand j'étais en sursis pour l'affaire du putsch, j'ai été condamné à 18 mois de prison suite à l'accident de voiture au cours duquel un adolescent a trouvé la mort. Quand je suis arrivé à la MACO, j'ai dit à Dieu : "Ce n'est plus la peine que j'exerce mon ministère, car je ne crois plus que tu sois avec moi".

Etre enfermé deux fois de suite, ce n'est pas facile ; et le Seigneur, qui a compris mon désarroi, m'a dit que c'est lui qui a voulu que je vienne dans cet univers pour intercéder en faveur des prisonniers.  Il m'a dit que j'ai été condamné par les hommes et qu'en son temps, il me libérerait.

Au bout de 3 mois, j'ai commencé l'œuvre de mon père dans la prison par des prophéties et des prières de délivrance.  Des miracles ont suivi, comme la guérison complète de ce paralytique camerounais du nom d'Olivier. Les gardes de la prison et bien d'autres personnes peuvent en témoigner. Ce témoignage a même quitté le milieu carcéral pour se répandre en ville. Mon séjour dans cet univers m'a révélé l'état d'âme des condamnés, dont l'écrasante majorité ne s'assagissent pas, mais se nourrissent de la haine et du désir de vengeance vis-à-vis de la société. C'est dire que la répression seule est inefficace, il faut que la dimension spirituelle trouve une place de choix dans nos prisons. Jésus-Christ, qui voyait les choses spirituellement, a demandé à son père de pardonner à ses assassins, car ils ne savaient pas ce qu'ils faisaient. Les délinquants et les criminels sont possédés, il leur faut une délivrance.

 

Comme vous le rappeliez tantôt, alors même que vous étiez en sursis pour le premier jugement, vous avez été au centre d'une situation dramatique à savoir l'accident mortel d'un jeune à Gonsé.

Le pasteur  a-t-il été victime d'un sort maléfique ?

 

• Beaucoup de personnes ont, en son temps, effectivement parlé de sort maléfique. Mais moi, je ne vois pas mes problèmes sous cet angle. Ce sont des étapes obligatoires de ma marche avec le Seigneur. Il n'y a qu'à voir la vie des grands hommes de la Bible pour s'en convaincre.

Dans la vie de tout serviteur de Dieu, il y a des hauts et des bas. Pouvez-vous comprendre qu'Abraham, le père de la foi, dise devant le roi d'Egypte que sa femme était sa sœur parce qu'il avait peur de la mort ? Malgré cette faiblesse, Dieu a fait alliance avec lui et sa postérité.

Moïse, le commandant de l'armée d'Egypte, après avoir tué l'Egyptien, s'est enfui, il a été rattrapé et emprisonné. Pourtant c'est cet homme que Dieu a envoyé pour libérer son peuple. L'apôtre Paul, en dépit de son dévouement pour le Seigneur, a connu la prison et a même été décapité, comme Jean-Baptiste. Je dis donc que Dieu a ses lois, ses voies sont différentes de celles des hommes. En ce qui concerne mon accident, le 6 février 2004 avant notre jugement, Dieu m'a dit à la gendarmerie que je serais libéré mais  je monterais de nouveau sur une autre montagne; "si tu refuses cette épreuve, tu n'es pas digne de prendre la couronne et d'aller me servir dans les nations de la terre", m'a-t-il dit. Ce qui devait arriver  arriva. J'ai accidentellement tué cet enfant alors que je n'ai jamais souhaité avoir du sang sur les mains. Dans la panique, j'ai fui et j'ai tenté de dissimuler les faits. C'est ce qui m'a amené à la MACO, où je suis resté pendant 8 mois.

 

Voulez-vous nous lever un petit coin du voile sur votre libération avant terme ?

 

• Je devais faire 18 mois mais par la grâce de Dieu, j'ai été libéré avant terme et je n'en ai fait que 8. Je n'ai pas compris comment les choses se sont passées. Un jour, le chef de la brigade m'a appelé et m'a dit qu'une grâce m'a été accordée par le président du Faso.

 

Est-ce que vous en avez fait la demande ?

 

• Non, on m'a seulement dit qu'ils ont reçu l'ordre d'en haut de me libérer. Je me suis agenouillé pour rendre grâce à Dieu d'avoir eu pitié de moi.

 

Avec le recul, quelle image avez-vous du capitaine Ouali et de ses condisciples ?

 

• Je n'ai pas d'image à garder d'eux en ce sens que Dieu nous demande de pardonner et d'oublier les fautes. Voyez le prophète Daniel, qui a été jeté dans la fosse aux lions sur ordre du roi ; lorsqu'il en est ressorti, il a dit : "Oh roi, vis éternellement !" C'est difficile en tant qu'homme de Dieu de rejeter ceux qui m'ont fait du mal.

 

Vous voulez dire qu'ils vous ont fait du mal ?

 

• Non, je ne peux pas dire qu'ils m'aient fait du mal étant donné que l'épreuve a été voulue par Dieu. Les personnes desquels je me suis retrouvé dans cette situation ne sauraient faire l'objet ni de rejet ni de discrimination de ma part. La preuve : le frère Bako Baliboué, depuis sa libération, prie toujours avec moi.

Dans la vie, des erreurs arrivent et si Dieu pardonne aux hommes leurs péchés, ce n'est pas moi, qui suis à son service, qui aurais une attitude contraire.

 

Avez-vous des nouvelles du frère Ouali Luther ?

 

• Franchement, je n'ai aucune nouvelle de lui. C'est vous qui m'avez informé par les journaux qu'il s'est évadé.

 

Peut-on dire que vous êtes aujourd'hui un homme immunisé au regard  des multiples traversées du désert que vous avez connues ?

 

• (Rires). Immunisé, c'est trop dire, mais averti. Ces épreuves m'ont donné beaucoup d'expériences dans la vie. Seulement, les épreuves diffèrent les unes des autres. Face à chaque épreuve, on peut passer de  vie à trépas ou être ébranlé définitivement, sans la grâce de Dieu.

 

A quel personnage biblique vous identifiez-vous ?

 

• C'est difficile de vouloir ressembler à un personnage biblique parce que c'est pas évident qu'on accepte de vivre ce qu'il a vécu. Jésus-Christ a dit à ses disciples qu'ils ne peuvent pas boire la coupe qu'il a bue. J'ai connues certes des épreuves, mais je dois rester humble pour reconnaître qu'elles demeurent en deçà de celles qu'ont connues les grands personnages bibliques. J'ai vécu en partie l'épreuve de Joseph, parce que j'ai été rejeté par mes grands frères et mes aînés spirituels.

Peut-être qu'ils m'ont soutenu en cachette. Certains témoignages que j'ai suivis dans les médias notamment m'ont beaucoup touché. Pourtant je n'ai pas fait du mal à quelqu'un.

 

Est-ce à dire que vous n'avez pas eu autant de soutien que l'apôtre Paul, dont l'emprisonnement a suscité d'intenses prières ?

 

• Derrière les barreaux, je ne pouvais pas savoir tout ce qui se faisait dehors. Je sais que c'est grâce aux prières et au soutien des uns et des autres que j'ai pu traverser cette épreuve, où je pouvais laisser ma vie. Toutefois, reconnaissons que beaucoup de frères et sœurs m'ont condamné.

 

Quels sont vos rapports avec les autres dénominations protestantes, vous qui êtes fondateur de l'Union internationale des chrétiens (UIC) ?

 

• Je n'ai pas de problèmes particuliers avec mes collègues des autres dénominations. Mais je peux dire que ce que j'ai vécu a rendu certains méfiants. Sinon avant j'exerçais mon ministère circonstantiellement dans les églises des Assemblées de Dieu, des églises apostoliques et des missions pentecôtistes où on m'invitait. Ma prière est que le Seigneur nous aide à venir à bout de l'esprit de désunion dans l'Eglise du Burkina Faso pour l'avancement du royaume de Dieu.

 

Après ces vents et ces marées, où en êtes-vous avec votre ministère ecclésiastique ?

 

  Jésus a dit : "on reconnaît l'arbre à ses fruits". Après ma libération, je me suis retiré ici à Ipelcé et j'ai persévéré 3 mois dans le jeûne et dans la prière. A l'issue de ces prières, je me suis rendu dans mon église et j'ai demandé pardon publiquement à Dieu, à mon assemblée, aux autorités religieuses, coutumières, politiques et au peuple burkinabè. Par prophétie, un de l'assemblée a dit que Dieu a entendu ma prière et que ma deuxième gloire dépassera la première. Quelque temps après, j'ai reçu une invitation à aller prêcher dans une église en France.

De là-bas, je suis allé en Suisse et quand je suis revenu, j'ai reçu une invitation pour l'Italie, à Rome, et ainsi de suite, jusqu'à aujourd'hui. Ce qui confirme la prophétie donnée par le pasteur Mamadou Karambiri le jour de ma consécration, selon laquelle j'irai de nation en nation  pour l'œuvre de Dieu. Je sais que c'est Dieu qui m'a établi et je ne baisserai pas les bras. Actuellement, j'ai 17 églises annexes à travers le pays.

 

Qu'est-ce qui vous lie au pasteur Idrissa Guigma de Sandeba ?

 

• Depuis que je suis partie de son ministère en 1990 rien ne nous lie.

 

D'aucuns soutiennent que vous avez fondé votre ministère sur le sien. Qu'en dites-vous ?

 

• Moi aussi j'ai appris ce mensonge, qui dit que j'ai même détourné l'argent de ses projets pour construire mon église. En tant que directeur d'école, je l'ai beaucoup aidé et quand on se quittait en 90, pour divergences de vues, il n'avait pas d'église ni un projet dont je pouvais détourner les fonds. Si j'avais construit mon église ici à Ipelcé pour détourner ses fidèles, on aurait pu peut-être tenir de telles allégations. J'ai commencé par une cellule de veillées et prières, qui mobilisait des gens aussi bien à l'intérieur du pays qu'à l'extérieur. C'est cette œuvre qui a abouti à la création de l'Union internationale des chrétiens que je dirige. Aujourd'hui, le pasteur Idrissa Guigma a ses projets, notamment un orphelinat, je n'ai rien pris de lui.

 

On remarque que vous aimez la sape; y a-t-il un lien entre la tenue vestimentaire et la vie spirituelle ?

 

• (Rires). Notre Seigneur est le roi des rois ; qui irait devant un roi mal habillé ? Si nous sommes à l'image de Dieu, nous devons être propres. Dieu est tellement glorieux qu'on ne peut même pas le regarder. Satan, qui était un ange de lumière, avait un habillement éclatant.

Si le président du Faso souhaite rencontrer le plus modeste, économiquement parlant, des Burkinabè, on va tout faire pour qu'il soit présentable. Alors à qui comparons-nous le Seigneur ?

A l'école de théologie en Suisse, mes professeurs m'ont appris à bien m'habiller parce qu'on parle de la grandeur et de la puissance de Dieu.

 

Quels sont vos loisirs ?

 

• Quand j'étais au collège, mon loisir préféré était le volley-ball, ensuite vient le scrabble. Mais je peux vous dire qu'aujourd'hui je trouve mon plaisir dans les lois de l'Eternel Dieu. J'ai un ministère pastoral, prophétique et de délivrance ; le temps est forcément court pour moi. Mon quotidien est fait de prières pour les malades, de lecture de la parole de Dieu et de visites des personnes qui souffrent, soit dans les hôpitaux, soit dans les maisons.

 

Quelles sont les valeurs fondamentales qui vous guident dans votre vie ?

 

• Il y a la vérité, la droiture, l'honnêteté, l'humilité et le pardon. Je bénis le Seigneur parce que sa parole m'a façonné et m'a aidé à avoir un cœur qui refuse de garder quoi que ce soit contre quelqu'un. La parole de Dieu dit que le vrai homme met sa gloire à oublier les offenses.

 

Quels sont aujourd'hui vos projets ?

 

• Pour ne pas me limiter au spirituel, j'ai des projets d'implantation d'activités de développement socio-économique comme des écoles, des dispensaires, des fermes agro-pastorales et des centres de réinsertion sociale.

 

Votre frère en Christ Tertius Zongo a été récemment porté à la tête du gouvernement ; qu'avez vous à lui dire ?

 

• C'est une fierté pour l'Eglise évangélique d'avoir un frère à la tête du gouvernement. Aidons-le dans la prière à bien accomplir sa mission. Si j'ai un conseil à lui donner, c'est celui de trouver du temps pour se tenir devant le Seigneur afin qu'il lui donne sa sagesse et qu'il sache que Dieu lui demandera des comptes, devant son trône, sur son passage à cette fonction importante. Il doit travailler pour le bonheur du peuple.

 

Avez-vous un message particulier à lancer ?

 

• Je veux que le peuple burkinabè sache qu'il est béni de Dieu. S'il fonde ses valeurs sur la loi de Dieu, notre pays sera, ces derniers temps, une source de bénédictions pour les autres nations de la terre. Le Burkina n'a pas beaucoup de ressources naturelles, mais  il peut réussir à l'image de la Suisse. Plusieurs fois dans ma prière, le Seigneur m'a dit de prier pour cette nation, car il veut l'utiliser pour le réveil des autres nations.

J'invite l'Eglise burkinabè à se donner la main, car le champ a blanchi et les âmes attendent d'être sauvées.

Je bénis L'Observateur paalga, qui a bien voulu rencontrer ma modeste personne.

Que Dieu bénisse le Burkina Faso !

 

Entretien réalisé par

Abdou Karim Sawadogo

L’Observateur Paalga du 10 octobre 2007

 



10/10/2007
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