L'Heure du Temps (Blog d'Information sur le Burkina Faso)

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Périple dans des champs de ruines au Centre-Ouest

Conseil régional du Centre-Ouest

 Périple dans des champs de ruines

 

Le président du conseil régional du Centre-Ouest, Théophile Zongo, a fait des sorties sur les lieux sinistrés par les inondations consécutives aux pluies des 27 juillet et 27 août 2007. Accompagné par les hauts- commissaires des quatre provinces concernées (Boulkiemdé, Ziro, Sissili et Sanguié), les maires, les conseillers municipaux, les responsables des services techniques de l’Action sociale, Théophile Zongo a fait ce qui est convenu d’appeler un périple sur des champs en ruine. C’était les mercredi 12, jeudi 13 et vendredi 14 septembre dernier.   

Le premier constat que nous avons pu faire, c’est que les populations sinistrées ont été durement éprouvées par les pluies. Surtout celles qui sont installées un peu en profondeur ou dans les bas-fonds. Le fait que notre pays ait rarement enregistré des précipitations de cette amplitude a fait que certains se sont laissés aller presque à l’imprudence, s’ils n’ont pas tout simplement négligé certains règles et principes de construction. Sur les sites visités, on a pu voir des maisons, des concessions voire des  villages implantés sur des lits asséchés de cours d’eau. On convient que si d’aventure les cieux décidaient à être généreux, ces habitations seraient à la merci des eaux. Et c’est en grande partie ce qui est arrivé cette saison. Conséquence, les pouvoirs publics se retrouvent avec d’innombrables sinistrés dans les bras.   

Le président du conseil régional du Centre-Ouest et sa suite ont pu toucher du doigt cette réalité. Le périple a débuté par le Sanguié. Au secteur 7, la délégation est tombée sur deux familles avec 37 occupants désormais sans logis. Tout a été rasé par les eaux, soit huit (8) maisons. Le chef de famille Baguira Bali, déjà sinistré

 en 1979, au milieu de ses ruines, n’a plus que ses yeux pour pleurer et les manguiers comme dortoirs de fortune. Juste en face, une boutique a été littéralement soufflée par les eaux. Chez Bayon Jonas Bayala, à quelques centaines de mètres, la situation n’est guerre meilleure. Les quatre concessions ne sont plus qu’un tas de gravas. A Bonyolo, village de notre confère Yannick Laurent Bayala, la population a dû élire domicile dans la gare ferroviaire ou au centre d’alphabétisation. Chez Bazona Jules Bassolé, la flotte a emporté maisons, volaille, greniers…,  transformant les huit occupants en de cas sociaux. Idem chez Beta Blaise Bassono avec sa famille de 11 personnes. Un peu plus loin, Sylvain Bationo et sa famille dont ses deux enfants n’ont plus que la cuisine (trois tôles) comme logis, elle aussi menaçant de s’écrouler.

 

Partout le même désastre

 

Dans le Boulkiemdé, la situation par endroits est presque identique. Ce n’est pas  Pierre Yaméogo et son petit frère André, tous deux cousins du chef de Issouka, Modeste Yaméogo, qui nous diront le contraire, eux, qui sont résolus à contempler leurs deux maisons devenues un tas de banco. Même la maison traditionnelle du chef n’a pas résisté à la poussée de l’eau. A une dizaine de km de Koudougou, à Salbisgo Dapoya, la famille du conseiller municipal  P. Salif  Bonkoungou se retrouve sans toit(20 personnes.) Les pluies ont détruit leurs 11 maisons en dur et leurs 04 cases. A part quelques moutons et chèvres attachés dans un enclos de fortune, aucun bien n’a pu être sauvé.   

A notre passage ce 12 septembre, l’infortuné chef de famille tente de construire une maisonnette avec les briques et les tôles tordues, retirées des décombres. Cela faisait de la peine à voir, car on n’a pas besoin d’être un ingénieur en bâtiment pour savoir que cette maisonnette ne résisterait pas à une pluie digne de ce nom. Dans ce village, 131 sinistrés sont logés dans les trois salles de  classes de l’école avec bagages, ustensiles de cuisine et autres objets. A Sourgou, les flots ont emporté la digue du barrage et la voie d’accès au pont rendant presque impraticable l’axe Koudougou-Sabou. Dans les provinces de la Sissili et du Ziro, visitées par la délégation les 13 et 14 septembre, la situation ne présente pas beaucoup de variances. (Lire encadré).     

L’urgence est à un élan de solidarité et à une réaction prompte et adéquate des services publics et des autorités compétentes. A Réo, Rosalie Bassolé a déjà fait parler son cœur en rassemblant des dons pour les sinistrés de cette commune le mercredi 12 septembre. Le samedi 15 septembre, c’était autour des conseillers régionaux du Centre-Ouest de faire pareil. Espérons que cela n’est qu’un début et que d’autres leur emboîteront le pas d’ici là, car il y a vraiment urgence.

Cyrille Zoma

L’Observateur Paalga du 19 septembre 2007

 

 

 Encadré

Ce que Théophile Zongo retient de ses tournées

 

Pouvez-vous nous dire ce que vous avez vu sur le terrain ? 

 

• J’avoue que tout ce que j’ai vu m’a édifié. Partout c’était la désolation. Ces tournées m’ont permis de toucher du doigt les réalités que les inondations ont laissées derrière elles. Des familles entières ont tout perdu : volaille, maisons, animaux, champs, effets d’habillement, ustensiles de cuisine… Il ne restait que des ruines. J’ai été ému de voir par endroits des maisons où dormaient trois à quatre personnes, occupées par 15 à 20 sinistrés. Là où il y a des écoles, les gens s’y réfugiaient et dormaient pratiquement les uns sur les autres. Imaginez trois salles de classes avec 190 personnes avec leurs bagages et tout ce qu’ils ont pu sauver. Cette situation nous a interpellé et c’est pourquoi au niveau du conseil régional, nous avons exprimé notre désir de faire quelque chose. Heureusement, des fils de la région ont compris notre initiative et nous ont accompagnés. Ces fils sont, entre autres, le 1er ministre, le DG de la SONABHY, Jean  Hubert Yaméogo, le député Malakilo, le ministre Seydou Bouda, le DG de la SOBECA, le PDG de CORAM, certains opérateurs économiques de la province du Boulkiemdé, le centre de tri Tom Songtaaba de Koudougou…               

 

A Réo, les chiffres font état de six à sept morts. Est-ce que dans les autres localités vous avez été informé de cas de perte en vies humaines ?                 

 

• Non. A part le Sanguié, les autres localités n’ont pas enregistré de cas de décès. Il faut dire qu’il y a longtemps qu’on n’a pas vu une telle densité de pluies. Les inondations ont eu lieu, en général, dans les bas-fonds où certains sont allés s'établir. L'excès de pluie a donc naturellement emporté leurs habitations. Des incidents, il y en eu,  comme ce monsieur du Sanguié qui,  après avoir porté secours à bon nombre de personnes s’est retrouvé malheureusement noyée.

Dans notre tournée, nous avons pu constater qu’il y avait par endroits une négligence des occupants. Nous leur avons conseillé de construire en hauteur en respectant certains critères. A l’image de Sagalo dans la Sissili, des villages entiers sont dans des rivières. Partout, la situation a été faite et on attend la réaction des structures concernées. Mais en attendant, j’en appelle à la conscience collective afin que nous tissions des chaînes de solidarité autour de ces personnes fortement sinistrées. 

C.Z.



19/09/2007
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