L'Heure du Temps (Blog d'Information sur le Burkina Faso)

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Pourquoi exige-t-on des acteurs d'être des modèles ?

Enseignement

Pourquoi exige-t-on des acteurs d'être des modèles ?

 

La condition de l'enseignant de nos jours est au coeur des préoccupations de l'auteur de l'écrit ci-dessous.

 

"Même au temps du colon, celui-là que nous diabolisons aujourd'hui, l'enfant quoique Noir, n'était pas confié à n'importe qui. On ne quittait pas du jour au lendemain le banc de l'élève pour la chaise du maître, de l'instituteur. Pour être enseignant, éducateur, il fallait une préparation méticuleuse. Il ne suffisait pas seulement d'avoir un certain bagage intellectuel pour faire ce métier. Indépendamment de la formation qui durait 4 ans, il fallait avoir la vocation, aimer les enfants. On faisait beaucoup cas de la qualité et non de la quantité comme c'est le cas de nos jours : recrutements de 3 000 enseignants sans compter les SND et j'en passe. Je suis vraiment surpris que par les temps qui courent, on parle, s'agissant des enseignants, des gens censés être des modèles pour les enfants à eux confiés. Est-ce que l'Etat a besoin réellement d'hommes modèles pour le devenir de ceux-là qui seront le Burkina de demain ? Je ne le pense pas. Exige-t-on du commis, du douanier, du policier, de l'infirmier cette conscience ? L'instituteur, je veux dire notre modèle, n'a-t-il pas été recruté de la même manière que son collègue commis ou infirmier ! C'est-à-dire par voie de concours ! Quant à sa formation, elle dure à peine 6 mois. On est pressé, il faut que tous les Burkinabè parlent et écrivent français, leur langue d'adoption en un temps record, condition sine qua non pour leur survie, dirait-on. Pourquoi exigez-vous donc de ces enseignants d'être des modèles ? Seraient-ils des surhommes ?

Et ce sont ces gens qu'on poursuit, qu'on enferme pour un rien. La justice existe-t-elle au Burkina ? Chaque jour que Dieu crée, on dépense chez nos dignitaires du régime en place, rien que pour la popote près de 200 à 300 000 F par jour. Cela représente-t-il le prix de combien de livres ? Ils ne sont pas du tout inquiétés ; des vols s'opèrent au sommet de l'Etat. On vole au nez et à la barbe de ce peuple soumis et très débonnaire. D'où viennent les sous qui font pousser comme des champignons les gratte-ciel de Ouaga 2000 ? La justice est inexistante au Burkina. En 1983, un certain régime dit révolutionnaire a mis dans la rue plus de 2000 fonctionnaires âgés de 52 à 53 ans alors que l'âge de la retraite était de 55 ans. N'est-ce pas là une violence politique ? Il semble qu'à cet effet, on aurait dégagé une certaine somme pour dédommager ces victimes. Aucune d'elles n'a eu satisfaction jusqu'à nos jours et la plupart sont mortes. Les militaires, qui ont eu un problème de sous avec le pouvoir, l'ont réglé à coups de mitraillettes et, en un temps record, ils ont été satisfaits. Voilà la justice au Burkina. Ce Burkina qui se plaît à voler au secours de ses voisins dont les cases fument alors que les siennes flambent. Les infirmiers, les instituteurs sont bons pour la casserole ; à eux les prisons pour des pécadilles, et nos gros dignitaires saccagent à volonté le pays sans la moindre inquiétude."

 

H. Tibila Ouédraogo

Le Pays du 9 avril 2008



08/04/2008
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