L'Heure du Temps (Blog d'Information sur le Burkina Faso)

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Prix du pain : 5 F de plus à partir de septembre

Prix du pain

5 F de plus à partir de septembre

 

Le prix du blé sur le marché international est en hausse ces dernières semaines, mettant ainsi les minotiers et les boulangers au four et au moulin pour se tirer d'affaire. Conséquence, la baguette de pain a connu une hausse sensible au Mali, au Niger, au Sénégal, en Côte d'Ivoire, pour ne citer que les pays de la sous-région.

Dans notre pays, les boulangers étaient en tractation depuis une semaine et l'unanimité s'est faite autour de l'augmentation de la miche de pain de 120 à 125 FCFA à partir du mois de septembre. De la boulangerie 2000 à celle de Wend-Konta, en passant par la boulangerie de Koulouba, on s'apprête à appliquer la nouvelle tarification pour, dit-on, pouvoir tenir.

 

De janvier 2007 à ce mois d'août, le coût du blé a connu une hausse exponentielle : il est passé en l'espace de 15-20 jours de 200  à 330 euros la tonne.

Pour faire face à cette situation, des pays comme le Sénégal, le Mali, le Niger et la Côte d'Ivoire ont fixé le prix de cet aliment de base que constitue le pain à au moins 150 FCFA la baguette.

Au Burkina Faso, la farine de blé est passée de 28 000 FCFA la tonne en l'espace de 25 jours à 357 000 F, soit une augmentation de 70 000 F sur la tonne et 3 500 F sur le sac.

Dans ces conditions, le prix du pain ne risque-t-il pas de subir une augmentation ? La réponse du directeur général de la boulangerie 2000, Elie Riskalla, est sans équivoque : "A partir du 1er septembre, nous allons vendre le pain à 125 F. Les 5 F de la hausse ne couvrent même pas l'augmentation du carburant, mais nous pensons aux populations qui ont de sérieux problèmes, surtout en période de rentrée scolaire".

A en croire ce responsable de 7 boulangeries dans la ville de Ouagadougou, le collectif des boulangers se sont concertés au regard de la fermeture grandissante des petites boulangeries et des difficultés de plus en plus insupportables auxquelles les plus grands sont confrontés, pour décider de cette augmentation.

Il ne manquerait, selon lui, qu'une seule signature - qui ne saurait tarder pour que la nouvelle soit rendue publique. L'Association patronale des boulangers et pâtissiers ayant connu des difficultés pour fait de divergences de vue, les acteurs du secteur entendent se réorganiser pour parler d'une seule voix. Ils attendent la rentrée gouvernementale pour entamer des discussions pour la suppression de la TVA, qui éviterait que le prix  s'élève à 175 FCFA.

"Au Burkina Faso, la farine est surtaxée ; si l'Administration décide de supprimer ne serait-ce que la TVA, on n'aurait pas besoin d'augmenter les prix", a fait remarquer Elie Riskalla.

 

L'inquiétude du minotier

 

Au Sénégal, l'Etat a dû exonérer les boulangers de la TVA afin de faire face à la crise. Si le prix de la miche coûte 150 F au Mali et non plus, c'est que les boulangers bénéficient d'une subvention de l'Etat.

Aux Grands moulins du Faso à Kossodo, le président du Groupe HAJJAR, Rimon Hajjar, responsable d'une trentaine de boulangeries connues sous le nom "Wend-Konta" ne dit pas autre chose. Même s'il déclare n'avoir pas participé à la réunion qui a consacré la nouvelle tarification du pain, il souscrit à la décision, au regard de la conjoncture actuelle.

Sa minoterie d'une capacité de production 220 000 tonnes par jour n'a pas encore pu atteindre cette performance et souffre déjà de la cherté du blé. Celle-ci s'explique, selon lui, par une forte demande asiatique et américaine en vue de renouveler les stocks de sécurité. A cela s'ajoute l'usage des céréales pour la production du biocarburant. Dans cette logique, d'immenses surfaces initialement destinées à la culture du blé servent maintenant à celle de céréales comme le maïs, le colza ou bien d'autres plantes avec lesquelles on fabrique le biocarburant. Pour le grand meunier, ils sont confrontés depuis janvier 2007 à une hausse de 50 à 55% du prix du blé. Sa société, les Grands moulins du Faso a essayé d'absorber, selon lui, une grande partie de cette augmentation.

"Aujourd'hui, ce n'est plus possible de le faire si ce n'est que pour vendre à perte et faire faillite", a-t-il précisé. En tant que grand boulanger de notre pays (le patron d'une trentaine de boulangeries Wend-Konta au Burkina Faso), Rimon Hajjar justifie l'éventuelle augmentation du prix du pain par la hausse du prix de la levure, des améliorants, du carburant et de la farine. Notre pays fait partie, de l'avis du minotier, des meilleurs producteurs de cet aliment de base.

Pour le premier responsable de la boulangerie 2000, notre capitale qui compte un peu plus d'un million d'habitants, consomme entre 235 000 et 250 000 pains par jour. Ce qui place le secteur de la boulangerie parmi les plus gros employeurs du secteur privé et témoigne de l'entrée dans nos mœurs de cet aliment de base de presque toutes les populations à travers le monde.

 

Une miche coûtera plus que 4/4

 

Si la miche coûte 125 F, combien coûtera la demi-miche et le quart de miche ? Rimon Hajjar se refuse à entrer dans ces calculs qui relèvent, selon lui, des détaillants.

Nassar Nassar, le vétéran des boulangers, responsable de 7 boulangeries, des pâtisseries de Koulouba et de la Bonbonnière, qui a conduit la réunion des boulangeries, pense emboucher la même trompette pour relever la nécessité de cette augmentation.

Sans vouloir s'immiscer dans le travail des détaillants, il dit que la demi-miche pourrait coûter 65 F, et le quart  35 F. Un petit calcul mathématique nous permet de réaliser que 1/4 x 4 = 140,  soit 15 F de plus et 1/2 x 2 fait 130,  soit 5 F de plus.

On gagnerait à acheter la miche ou la demi-miche. Ne peuvent rire que les vendeurs de café et de sandwiches.

Pour le propriétaire de la Pâtisserie de Koulouba, les prix ne vont pas pour le moment subir de changements, même si ceux du beurre et du lait sont en constante hausse.

Jouer sur la commission des revendeurs serait catastrophique selon les boulangers ; il en est de même que diminuer le poids de la miche qui est de 200 g (cela provoquerait l'assèchement rapide de l'aliment et celui-ci perdrait de sa qualité).

La solution unanimement envisagée est la hausse du prix. C'est le lieu de se demander où est-ce qu'on en est avec la production du blé dans notre pays. La solution viendrait peut-être du Sourou, dont le pain a été vanté par notre ministre de l'Agriculture, Salif Diallo. Si nous continuons à consommer ce que nous ne produisons pas, nous ne seront jamais au bout de notre peine.

 

Abdou Karim Sawadogo

Eric Aimé Ouédraogo (Stagiaire)

L’Observateur Paalga du 23 août 2007



23/08/2007
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