L'Heure du Temps (Blog d'Information sur le Burkina Faso)

L'Heure     du     Temps (Blog d'Information sur le Burkina Faso)

"Quand le ministre de l’Habitat et de l’Urbanisme dupe les demandeurs de logements sociaux"

Lettre ouverte

"Quand le ministre de l’Habitat et de l’Urbanisme dupe les demandeurs de logements sociaux"

Dans cette lettre ouverte, Sékou So s’insurge contre le ministre de l’Habitat et de l’Urbanisme qu’il accuse d’avoir modifié les conditions d’éligibilité aux 10 000 logements sociaux. Une situation qui exclut du coup un grand nombre de demandeurs. Voici son argumentaire.

Monsieur le Ministre,

J’ai parcouru les éditoriaux des quotidiens burkinabè ce mercredi 9 juillet 2008, et l’article qui a le plus attiré mon attention est bien sûr celui relatif à votre point de presse du 8 juillet dernier. Je viens donc par la présente vous faire part de mon indignation par rapport aux conditions d’éligibilité de dernière minute, qui diffèrent de deux points de celles qui ont prévalu à l’inscription, à savoir :

 avoir un compte d’épargne à la Banque de l’habitat du Burkina Faso ;
 surtout avoir un salaire compris entre 75 et 150 000 FCFA. Cette dernière me laisse sur ma faim, car, excusez-moi l’expression, c’est insulter l’intelligence de tous ceux qui ne se situent pas dans cet intervalle et qui ont tenté leur chance.

Je veux parler de tous ceux qui ont cru à votre parole donnée au moment de l’inscription, qui ont cru à l’effectivité de vos critères d’inscription au départ et dont la condition sine qua non était : « Etre un salarié et avoir un salaire compris entre 30 et 100 000 FCFA ».

Monsieur le Ministre, si vous pensez réellement que vos 10 000 logements sont sociaux, combien pensez-vous qu’un fonctionnaire moyen burkinabè classé généralement dans les catégories D, E, C et même B ou tout autre salarié moyen puisse bien avoir comme revenu salarial par mois ?

Ne fallait-il pas approcher vos collègues en charge de la Fonction publique et des Finances pour mieux vous imprégner des questions liées à leurs statuts et aux différents traitements qu’on leur réserve ? NB : je rappelle que la couche sociale de salariés, que vous aviez visée au départ, était celle comprise entre 30 et 100 000 FCFA.

Pourquoi ce changement de cap ?

Qu’est-ce qui a pu bien motiver votre changement de cap sans même rendre compte aux principaux concernés ? Cela aurait pu calmer nos ardeurs, nous aurions cru que nous étions considérés et nous aurions cru que la parole donnée par un ministre valait son pesant d’or, car convaincu qu’elle sera toujours respectée.

Cela s’illustre parfaitement par le cas du Kadiogo : sur les 16070 inscrits, votre logiciel prémonitoire vous a permis d’avoir à construire seulement 5701 logements, soit environ 1/3 de la demande réelle. Allez-y comprendre.

En menant ma propre réflexion, je me rends compte qu’en maintenant le cas du salaire compris entre 30 et 100 000 FCFA, environ 2/3 des inscrits au niveau du Kadiogo auraient obtenu leurs logis même si cela s’étendrait sur plusieurs années, car, dit-on, l’espoir a toujours nourri son homme. Il en est de même pour toutes les autres provinces de notre pays.

Au départ à l’inscription, un salaire compris entre 30 et 100 000 FCFA, à l’arrivée, un salaire compris entre 75 et 150 000 FCFA, voilà donc la sauce à laquelle vous voulez nous manger.

Vous nous avez dupé Messieurs les responsables chargés des questions de logements publics, car avec cette ère de vie chère qui plane dans nos cieux, nul ne se serait aventuré à aller offrir ses 2000 FCFA si les conditions d’inscription avaient été claires dès le début.

Et pour nous mettre face à l’opinion publique, vous vous empressez d’organiser une conférence de presse et de dire à nos frères journalistes que vous mettriez des maisons à louer à notre disposition et nous les louerions à des prix sociaux.

C’est quand même paradoxal puisque vous-même aviez martelé lors de votre point de presse que 40% des inscrits vivent dans des célibatériums ; cela signifie que, comme tout bon Burkinabè, nous nourrissons tous un secret espoir d’avoir « Un chez-soi » ; raison pour laquelle nous nous sommes inscrits, Messieurs les décideurs, pour bénéficier de ladite mesure. Nul ne veut demeurer durant toute sa carrière dans une maison en location. Rendez-nous notre argent

En outre vous dites que vous aviez récolté 69 650 400 FCFA pour le Trésor ; non, Monsieur le Ministre, rendez-nous notre argent, car la règle du jeu n’a pas été respectée, une partie a été dupée. Nos 2000 FCFA nous permettront de payer quelques kilos de riz, ou de payer quelques litres de carburant.

Nous avions déjà servi l’Etat en renonçant à 12 mois de nos salaires durant l’accomplissement de notre service national pour le développement et nous continuons à le servir en payant nos différentes taxes.

Non Messieurs les Décideurs, ne brimez point les uns pour arranger les autres, car la Constitution burkinabè stipule en son article 1er que tous les Burkinabé naissent libres et égaux en droit. Ce qui veut dire que nous avons tous les mêmes devoirs et les mêmes droits. Revoyez donc la faisabilité de la tranche de 30 à 100 000 FCFA même si ce sera à long terme.

Cela permettra à un maximum d’inscrits d’avoir leur propre logement, car c’est la majorité des inscrits que vous avez exclue du système de logements sociaux, lequel avait pourtant été mis sur pied par l’ensemble du gouvernement afin d’extirper un grand nombre de travailleurs moyens burkinabé de la précarité en matière de logement.

Monsieur le Ministre en charge de l’habitat, rappelez-vous toujours que vous êtes le ministre de tous les Burkinabè qui ont manifesté leur besoin de posséder un logement décent et non celui d’une tranche privilégiée. Ce sera injuste de procéder ainsi. Veuillez agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de mon grand respect.

Sékou So

L’Observateur Paalga du 15 juillet 2008



15/07/2008
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 1021 autres membres