L'Heure du Temps (Blog d'Information sur le Burkina Faso)

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"Quand le patriotisme vient à mourir"

Vie chère au Faso

"Quand le patriotisme vient à mourir"

 

Dans la réflexion ci-dessous, cet étudiant en psychologie pose le problème du civisme et du patriotisme au Burkina. Il propose que soit instaurée l'éducation au développement.

 

Dans les processus de développement de notre pays et de nos sociétés interviennent et même s’imposent plusieurs facteurs à savoir les facteurs sociaux, culturels, économiques et politiques. Pour un pays émergent donc, il conviendrait de prendre en compte et surtout avec beaucoup de considération chacun de ces déterminants du développement. D’ailleurs, ils sont corrélatifs, s’influencent mutuellement et interagissent. Par exemple, dans un pays où l’économique est surestimé au mépris du social, on ne pourra en aucun cas franchir un pas dans le développement. Au contraire, cette croissance économique évoluera en s’effondrant. Emergence économique et développement ne seraient amorcés dans un pays où la culture par exemple est foulée aux pieds, l’ignorance et l’analphabétisme gagnent du terrain. Non plus, dans un pays où les leaders politiques ne respectent pas leur engagement politique. L’éducation, l’un des principaux facteurs sociaux, socle du développement, occupe une place de choix en la matière. Notamment, elle assure le développement de l’individu dans ses dimensions intellectuelle, psychologique, morale et physique. Action par excellence de formation et de transformation de mentalités, d’inculcation d’aptitudes et d’attitudes par le biais de l’enseignement, l’éducation joue toujours et partout un rôle incontestable dans l’émergence d’un pays. Cependant, force est de constater, en ces derniers temps, qu’elle est sujette à d’énormes maux qui lui font perdre sa saveur. Autrement dit, de nos jours, une des dimensions, à savoir la dimension morale, est reléguée au second plan. Et cela ne va pas sans inconvénient.

L’éducation est en passe de perdre en qualité. C’est malheureusement un constat amer qui mérite bien réflexion. Contrairement à ce que l’on considérait dans le temps comme ayant une implication dans l’épanouissement moral et civique de l’enfant, aujourd’hui, c’est plutôt une leçon dépassée ou comme diront certains, qui n’est plus à la mode. Peut-on ignorer par exemple l’apport de certains textes que l’on apprenait à chanter ou à réciter aux enfants à l’école primaire ; textes incitant au civisme, à l’excellence, à la discipline ou au patriotisme. Considérons ce fragment de texte : "(…) Ne pleure donc pas, vieille maman chérie, si votre enfant s’en va c’est pour vous faire honneur. S’il faut batailler, j’irai de bon cœur au feu pour la patrie (…)".

 

"La recherche du pouvoir"

 

Le patriotisme est en passe de disparaître au galop. C'est-à-dire que de nos jours, l’amour pour sa patrie n’est plus une réalité. Et cela, des dirigeants aux simples citoyens, ce constat amer n’est point à discuter. Au contraire, c’est devenu comme le soutenait un nostalgique d’une certaine époque, un mode de vie. Les patriotes, ceux qui s’efforcent d'être utiles à notre pays, se comptent du bout du doigt. C’est plutôt, les intérêts égoïstes ou encore la recherche acharnée du pouvoir, du prestige ou tout simplement de la gloire, qui pousse les uns et les autres à se livrer sous un masque brillant, la cause de la nation, pour son émergence.

D’abord, observons l’usage que l’on fait du matériel de l’Etat et les traitements ou plutôt la "maltraitance" que subit le bien public dans notre cher Faso. Ici au pays des hommes intègres, il suffit seulement de savoir ou de voir que tel ou tel matériel ou outil est pour l’Etat pour qu’il soit traité de la manière la plus indésirable sinon inimaginable. On roulera en véhicule "fond rouge" comme si l’on partait pour une 3e guerre mondiale ou encore comme si on devait le détruire à l’instant même. La climatisation, la téléphonie pour ne citer que cela, on s’en servira même si souvent, on n’en a pas du tout besoin. Certains iront même jusqu'à utiliser le bien public au service de leurs entreprises privées. Il suffit également d’être désigné comme DG ou 1er responsable de tel ou tel service pour que les détournements crapuleux de biens et fonds publics s’intensifient à longueur de mandat.

Le matériel étatique, sincèrement n’est pas traité à sa juste valeur, de la manière dont il devait l’être. Et surtout ces derniers savent bien que cela n’avance pas mais bien au contraire la détériore et gangrène le développement du pays. Imaginons ce que vaut l’acte d’une autorité qui confisque pour lui seul tout un fonds qui devait servir à des centaines de milliers de citoyens. C’est un déséquilibre du développement de toute la nation qu’il a entraîné et de grandes énergies qu’il a réduites en poussière. Des fonds qui sont la plupart acquis à la sueur de bien des citoyens très honnêtes. On parle couramment de corruption, c’est justement parce que des gens manquent de patriotisme ; il faudrait que tous le retrouvent absolument. Autrement dit, un bon citoyen, pétri d’un esprit patriotique et conscient que son moindre acte contribue à la construction du pays, ne se permettra pas de détourner ou de pratiquer la corruption ou encore casser des feux tricolores, des infrastructures et mobiliers publics pour revendiquer quoi que ce soit. En sachant que son futile acte est susceptible de modifier le cours normal des choses et visant toujours et en tout plutôt l’intérêt supérieur de la nation en lieu et place de ses propres intérêts égoïstes, il développera son psychisme et son intelligence beaucoup plus dans le but, combien noble de pérenniser et soutenir les acquis en matière de progrès de sa nation, disons de sa patrie. Car le citoyen digne de cet honorable titre, se présente habituellement comme un soldat armé de force et de courage, et qui se bat corps et âme pour sortir sa patrie de l’esclavage, de la pauvreté et de la misère tenace. Nous parlons de psychisme patriotique, puisqu’il saura "internaliser" les lois, règles sociales qui régissent la vie en société, qui déterminent les conduites humaines au sein de la nation. Il se développera ainsi dans le psychisme de tout citoyen une sorte d’automatisme. Par exemple, le respect du code de la route, suite à une « internalisation » des normes qu’impose la circulation routière. En cela, l’habitude est un moyen pour conditionner le psychisme dans ce sens.

 

Promouvoir l'éducation au développement

 

C’est là des actes banals, mais qui sauvent, donc patriotiques. Disons alors qu’un citoyen sans patriotisme, n’est que ruine de la cité. Il faudrait donc en ce sens inviter les uns et les autres à un amour –passion pour la patrie, car cela y va de l’intérêt de tous. Faut-il encore répéter que tous, nous avons à cultiver ou encore à retrouver l’esprit patriotique .En quoi, par exemple, casser, incendier du matériel public serait une alternative aux problèmes que connaissent nos sociétés ? Evidemment pas ! Au contraire, en faisant recours à ces comportements inciviques et amoraux, on ne fait que tourner en rond et les conditions de vie vont en se dégradant davantage. Voilà que s’invite en point nommé, un problème qui mérite d’être considéré à la hauteur de sa nécessité : celui de l’éducation au développement. Pour recouvrer ce patriotisme, il demeure indispensable de penser à promouvoir l’éducation au développement dans notre pays, le Burkina Faso. Education au développement aussi bien pour le peuple que pour ses dirigeants.

En effet, la malgouvernance est assimilable à l’incivisme, au déficit de patriotisme dont font montre bien d’autorités politiques. (...)

L’on ne peut quand même pas creuser des trous et y faire des victimes et en même temps s’en prendre à elles. Libérez alors et pendant qu’il est temps, nos braves et honnêtes concitoyens opprimés à la suite des casses du mois dernier.

 

Le Pays du 27 mars 2008



27/03/2008
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