L'Heure du Temps (Blog d'Information sur le Burkina Faso)

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Rapatriés burkinabè de Côte d’Ivoire : Vie de "bayirisé" au Yatenga

Rapatriés burkinabè de Côte d’Ivoire

Vie de "bayirisé" au Yatenga

 

Les événements meurtriers entre autochtones et étrangers à Tabou (RCI) en 1999 et, surtout, les nombreuses exactions suite à la guerre qui a éclaté au grand jour en septembre de 2002, ont contraint beaucoup de nos compatriotes à rejoindre le Faso. Les uns l'ont fait sur initiatives individuelles, les autres dans le cadre formalisé de l'opération Bayiri. Ainsi, chaque village, chaque ville et chaque région du Burkina a reçu son lot de rapatriés, de "bayirisés" si vous nous permettez ce néologisme.

Comment vivent par exemple ceux du Yatenga depuis leur retour ? Sont-ils bien intégrés ?

C'est ce que notre correspondant dans la capitale du Yatenga a voulu savoir en allant à leur rencontre.

 

Tête baissée,  mine renfrognée, yeux mi-clos, Salimata Ouédraogo éprouve de la peine à raconter les péripéties de son retour au bercail voilà maintenant six ans. Elle ouvre la bouche, ses camarades autour d’elle l’encouragent à parler. Mais elle n’y arrive pas. «Je ne peux pas, c’est difficile», marmonne-t-elle. Au fil du temps, elle finit par lâcher courageusement... en langue nationale mooré : «Je suis revenue au Burkina un an avant que la crise ne commence. Quand la guerre a éclaté, mon mari et son petit frère ont subi toutes les brimades. Ils sont revenus ici bâtonnés et dépossédés de tout. Par la suite, mon mari est mort, et son petit frère quelque temps après». Brusquement, Salimata arrête son récit,  la gorge nouée : «Je ne peux pas continuer ; c’est vraiment douloureux». Ses camarades la consolent, l'encouragent à nouveau. Après un moment d’hésitation, elle reprend : «Je suis là, seule avec mes sept enfants. Nous vivons dans une précarité totale. On ne gagne pas à manger à notre faim. Il faut aussi éduquer les enfants. On est contraint de demander du soutien à gauche et à droite avec toutes les humiliations que cela comporte. Mais il faut bien survivre».

A la vérité, Salimata est loin d’être un cas isolé.

Kadisso Ouédraogo par exemple, la cinquantaine sonnée, a, elle, à sa charge onze petits. D’Aboboville où elle était avec sa famille, ils ont fui le conflit pour rejoindre à pied le Burkina en passant par le Ghana. Son époux, traumatisé par les multiples pertes, est décédé quelque temps après leur arrivée à Ouahigouya. Très démunies, Kadisso et sa coépouse se sont confiées à "Bayiri Nooma" (1), un groupement féminin de femmes rapatriées.

Ramata Ouédraogo, elle aussi, est une revenante de la Côte d’Ivoire. Elle dit avoir subi, avec sa famille, toutes sortes d’humiliations et d’exactions. Son conjoint, après des troubles psychiques, a fini par rendre l’âme. Les femmes rapatriées, la plupart des veuves, sont les plus visibles. Des hommes, il en existe pourtant.

Issaka Sawadogo dit "Confiance", lui, résidait à Port-Bouët à Abidjan où il travaillait. Il dit avoir assisté avec impuissance au pillage de ses biens. Des amis avaient été torturés sous ses yeux par des militaires et des civils surexcités. Il n’a donc pas hésité quand l’occasion s’est présentée à embarquer avec toute sa famille dans les convois de l’opération "Bayiri", initiée par le gouvernement burkinabé pour rapatrier nos compatriotes en situation difficile au pays d'Houphouët.

Revenu un peu avant la crise ivoirienne, Adama Ouédraogo n’a pu y repartir. La ville de Daloa où il résidait était une zone où loyalistes et rebelles se sont livrés une bataille sans merci. Les Burkinabé dans cette localité ont payé le plus lourd tribut. Deux cas pathétiques sont à signaler dans la province du Zondoma. Il s’agit de Daouda Ouédraogo qui s’est présenté aux services de l’Action sociale avec des billes dans le front. Une autre personne, ressortissante du département de Boussou (30 km de Gourcy) avait une balle logée dans une de ses jambes.

 

De l’insertion et de la prise en charge des rapatriés

 

Au temps fort de la crise ivoirienne, le gouvernement burkinabè avait mis en place des structures d’accueil pour venir en aide aux rapatriés. En premier lieu, il y avait le Comité provincial de secours d’urgence (COPROSUR). Au niveau des directions de l’Action sociale, le service de protection sociale et celui de la promotion de la solidarité ont été commis aux différents recensements. A en croire le directeur provincial de l’Action sociale et de la Solidarité nationale du Zondoma, Ali Komi, 3978 rapatriés ont été enregistrés par son service entre 2002 et 2003. A Ouahigouya par contre, de multiples changements à la tête des services habilités ne nous ont pas permis d’avoir des données chiffrées.

Pour les cas de Daouda Ouédraogo, et de celui qui avait du plomb dans la jambe, l’Action sociale du Zondoma a constitué un dossier et déposé auprès du SEMMUS Yako qui a bien accepté de financer les soins des deux malheureux. Ainsi, chez Daouda, on a pu extraire au bloc opératoire de Ouahigouya cinq des huit balles qu'il hébergeait au front. Celui de Boussou est porté disparu à ce jour. Il serait reparti entre-temps en Côte d’Ivoire. Son dossier et ses frais de soins sont toujours soigneusement  gardés à l’Action sociale du Zondoma.

Concernant la prise en charge des enfants rapatriés, l’Action sociale ne dispose pas d'une affectation budgétaire les concernant spécifiquement. A Gourcy par exemple, ces derniers ont été insérés sous le volet orphelins et enfants vulnérables (OEV). Venu en 2003, Moussa Sawadogo fait aujourd’hui la fierté des responsables de l’Action sociale du Zondoma. Tous ses papiers ayant été détruits en Côte d’Ivoire, il a fallu les reconstituer afin de pouvoir le réinscrire au lycée provincial. Le jeune garçon a bien profité du soutien de ses bienfaiteurs. Toujours parmi les quatre premiers de sa classe, il a décroché le BEPC l’année dernière. Cette année, il est inscrit en classe de seconde. Outre les fournitures scolaires, les frais d’inscription, Moussa a bénéficié d’un VTT de l’Action sociale. Il reçoit régulièrement des vivres, son père au village étant invalide.

Pour l’insertion des rapatriés en général, Ali Komi, le directeur provincial de l’Action sociale du Zondoma, a eu l’ingénieuse idée d’écrire le scénario d’un film documentaire. Mais quoique bien apprécié par la hiérarchie, le financement du film tarde à être bouclé (voir encadré).

 

Le Tocsin, une structure née pour soutenir les rapatriés

 

Le Tocsin de l'universitaire Albert Ouédraogo, né à la suite des événements de Tabou (RCI), a été très rapidement implanté à Ouahigouya.

De juillet 2003 à juillet 2007, sa section du Yatenga a eu ainsi à entreprendre plusieurs activités dans le sens de l’assistance aux personnes rapatriées de la Côte d’Ivoire en général et aux élèves en particulier. Dans ce sens, des kits scolaires complets d’une valeur de 500 mille francs CFA ont été octroyés à 122 élèves de l’école de Siguin-Voussé. Une dotation en articles vestimentaires composée de couvertures et d'habits de froid a été également remise aux élèves et aux personnes adultes. En outre, les représentants locaux de l'association ont procédé à la distribution de provisions alimentaires : maïs, riz, mil et huile. A en croire la présidente de la section, Christiane Dermé, sa structure a entrepris une demande de parcelles à Ouahigouya à l’endroit d’un rapatrié de ladite localité résidant momentanément à Bobo-Dioulasso. Ce dernier s’était auparavant fait grugé par des démarcheurs véreux. Pour l’instant, ce dossier de parcelle est déjà passé entre les mains de deux maires et dormirait actuellement dans les tiroirs du troisième édile. La section Tocsin du Yatenga a en outre apporté une aide financière et matérielle à une fille mère, sans oublier l'hospitalité accordée à une dame s’étant retrouvée à Ouahigouya sans aucune attache familiale.

Mais présentement, il faut l’avouer, les activités du Tocsin sont au ralenti. Les moyens semblent faire cruellement défaut.

 

Quid de l’intégration des rapatriés ?

 

Parmi ceux avec qui nous avons échangé, les exemples de réussite d’intégration dans leur localité ne sont pas légion. Seul Issaka Sawadogo dit "Confiance" semble tirer son épingle du jeu. "Quand je suis revenu, j’ai commencé à confectionner des briques et Dieu merci, ça marche bien. J’ai pu me construire une boutique devant ma cour au secteur n°2, et en plus je fais du jardinage. Je gagne ma vie ici. Même si la Côte d’Ivoire  devient un paradis, je n’y retournerai pas".

Dans l’ensemble, les "bayirisés" comme on a vite fait de les surnommer par allusion à "l'opération Bayiri" vivent des fortunes diverses. Daouda Ouédraogo du Zondoma, plus précisément du village de Kontigué-Silmimossi (10 km de Gourcy) avec ses trois billes au front, dit sentir une perte graduelle de sa vue, et manque de ressources physiques pour entreprendre de grands travaux. Son lopin de terre, où il a déployé le peu de force qui lui restait, a été inondé par les grandes pluies d’août dernier. Daouda n'a de ce fait pas tiré grand chose cette saison pluvieuse. Alors qu’il a toute une famille à nourrir. Son seul espoir reste les soutiens ponctuels de l’Action sociale.

«Quand je suis revenu de Côte d’Ivoire, quelqu’un m’avait embauché comme veilleur de nuit contre dix mille francs le mois. Ce dernier est parti il y a bien longtemps ; alors je suis retourné pour cultiver une portion de terre qu’un voisin m’a concédée. Moi, j’ai des hémorroïdes, ce qui fait que je ne peux plus me consacrer à cette activité». Ce revenant du pays d’Houphouët Boigny remercie au passage ses voisins qui ne ménagent aucun effort pour lui venir en aide. Il ne tarit pas également de remerciements à l’endroit du directeur de l’Etablissement public communal pour le développement (EPCD) de Ouahigouya, grâce à qui ses enfants sont scolarisés.

En somme, les femmes, tout comme les hommes, s’adonnent à de petits expédients pour survivre. Les femmes exercent le petit commerce comme la vente d’arachides, de bouillie, de beignets, de cacahouètes, de condiments, etc. Malheureusement, les revenus qu’elles en tirent sont des broutilles, ne permettant pas d’assurer une vie convenable. Certaines d’entre elles sont contraintes de louer des maisons de fortune pour y vivre avec leurs multiples enfants, avec ce que cela comporte comme risque. C'est ainsi que des hommes ayant laissé leurs épouses pour repartir voir leurs biens en Côte d'Ivoire, sont revenus les retrouver en grossesse.

En pareilles circonstances, elles sont purement et simplement répudiées ! De nombreuses filles, ‘’les ivoiriennes’’ ou "les enfants de Tabous", comme on les appelle ironiquement, sont parfois malicieusement abusées par des hommes sans scrupules à la recherche de chair fraîche et facile. Quand ils constatent une grossesse, ils s'en lavent les mains et disparaissent. C’est la grand-mère qui doit se saigner pour entretenir le bébé et sa mère : des charges à n’en pas finir. Et encore heureuses sont-elles si au passage de ces aventures sans lendemains, elles ne contractent pas le Sida.

Depuis longtemps, et passé le "hoba-hoba" politique qui a entouré leur retour quand Blaise Compaoré, drapé de sa tunique de redresseur de torts et de défenseur de ses compatriotes malmenés, les victimes de la crise ivoirienne ne semblent pas tirer grand-chose des services de l’Action sociale de Ouahigouya. En témoignent les difficultés que nous avons eues en voulant recueillir auprès de qui de droit des informations sur les ‘’Paweto’’.

«Je me suis présenté une fois à l’Action sociale. Ils n’ont pas cru que je suis un rapatrié ; ils m’ont refoulé. Quelque temps après, ils sont venus chez moi pour un entretien. J’ai décliné moi aussi l’offre. Il me reste un peu de force pour travailler, je n’entends donc pas me faire humilier», fulmine Adama Ouédraogo, ancien chasseur ‘’Dozo’’.

«A notre arrivée, l’Action sociale nous a donné quelques tines de céréales. Puis, plus rien», renchérit Salimata Ouédraogo.

 

Abandonnés à eux-mêmes, ils s’organisent

 

«Avant, tous les jours, l’Action sociale était notre point de ralliement. Un jour, nous avons rencontré des gens apparemment plus nécessiteux que nous. On a donc compris qu’on n’était pas les seuls à lorgner l’aide de ce service. Depuis lors, nous nous sommes décidés à nous organiser pour travailler», raconte une des rapatriées, pour qui l'assistanat n'est pas non plus une solution pérenne à leurs difficultés existentielles.

«Il nous fallait démontrer qu’on n'était pas des bons à rien. On peut améliorer notre sort pour peu que nous soyons volontaires et déterminés. A ceux qui voulaient rejoindre l’empire de Gbagbo, il a fallu leur faire comprendre que le Pays des hommes intègres n’est pas un enfer», clame Zoénabo Ouédraogo, la fougueuse secrétaire générale du groupement féminin ‘’Bayiri-Nooma’’. Une femme d’orchestre qui maîtrise sa troupe.

«Le fait d’être ensemble chaque jour est une bonne chose. Avec les différentes occupations, nous n’avons pas le temps de nous rappeler les mauvais souvenirs. On se réconforte naturellement», se réjouit Kadisso, parlant du groupement féminin ‘’Bayiri-Nooma’’.

Créé le 09 juillet 2005, ledit groupement a à son actif plus d’une centaine de membres dont 23 cas graves. La structure s’illustre par des activités de nettoyage à travers les différentes artères de la ville de Ouahigouya et surtout au niveau des services de la Direction régionale de l’agriculture. Si ces "techniciennes de surface" regrettent le mépris de certains responsables de service à leur égard, ce n’est pas le cas au niveau des services de l’agriculture, où elles sont choyées par le Dr Saïdou Sana. Elles sont récompensées après service rendu avec en sus l’acquisition de deux parcelles pour la culture de riz pluvial. Peut-être Salif Diallo, le ministre d'Etat chargé de l'Agriculture, de l'Hydraulique et des Ressources halieutiques, par ailleurs natif de Ouahigouya, n'est-il pas étranger à ce traitement de choix.

Les autorités municipales de la ville de Ouahigouya ne restent pas, elles non plus, les bras croisés face aux sollicitudes de ces nouvelles habitantes de la cité. Le 31 décembre 2007, la mairie leur a ainsi accordé cinq sacs de maïs de 100 kg, cinq sacs de riz de 50 kg, cinq nattes en plastique, quatre couvertures et cinq seaux. Une action salutaire, pourrait-on dire, mais infime au regard du nombre de bénéficiaires.

Les hommes aussi ont leur structure dénommée ‘’Teng-meta’’ (le bâtisseur). A leur niveau, les activités sont plutôt timides. Elles se sont jusque-là limitées au nettoyage de quelques mosquées et à des plantations d’arbres. «Les femmes sont plus courageuses et entreprenantes que nous», reconnaît Issaka Sawadogo dit ‘’Confiance’’.

 

Pas question de retourner au "Gbagboland"

 

A l’image de "Confiance", la majorité des rapatriés n’entendent aucunement rééditer l’aventure ivoirienne, mais tous prient pour le retour de la paix en Eburnie où ils ont toujours des attaches économiques, familiales voire sentimentales.

«J’ai tous mes papiers pour y repartir. Je préfère rester ici pour suivre le cursus scolaire de mes enfants. Sans une bonne instruction, ils seront tentés par l’aventure un jour. Je ne souhaite pas qu’ils vivent ce que j’ai vécu», conseille Adama Ouédraogo. Présentement, un de ses amis s’occupe de sa plantation à Daloa. «Je lui ai demandé de me la revendre sinon je risque de la perdre un jour».

Pour Kadisso, même si les conditions de vie sont dures au Burkina, il y a la stabilité et la paix. Elle dit préférer se débrouiller ici que de repartir là-bas.

Les vœux des rapatriés sont identiques : acquérir des structures étatiques ou des partenaires techniques du soutien et de microcrédits pour entreprendre des activités.

«Je souhaite faire de l’élevage ;  pour cela, je demande un appui. Après je sais que je pourrai m’autosuffire. Sinon les sacs de maïs, les bols de riz par-ci par-là ne nous amènent nulle part», assène cet ancien ‘’Dozo’’ planteur et couturier qui s’est vu fermer les portes de Daloa.

Pour Zoénabo Ouédraogo, à défaut qu’on puisse les soutenir continuellement, elle souhaite que l’Etat leur ouvre les portes de structures pouvant les accompagner dans la réalisation des activités génératrices de revenus. Sera-t-elle entendue ? Rien n’est moins sûr, le sentiment général qui prévaut au sein des infortunés étant qu'après  tout le boucan qui a entouré leur retour dans la mère patrie, on les a largués en rase campagne sans parachute. Certains ne sont pas loin de se demander si, finalement, on ne les a pas utilisés pour des besoins politiques qui ne sont pas toujours avouables.

 

Emery Albert Ouédraogo

L’Observateur Paalga du 23 janvier 2008

 

 

Encadré 1

 

Ali Komi, directeur général de l'Action sociale du Zondoma

"Les dettes sociales seront supprimées"

 

Alim Komi, le directeur provincial de l'Action sociale du Zondoma, situe dans les lignes qui suivent les résultats attendus de la réalisation d'un film-documentaire sur les rapatriés.

 

"La réalisation de ce film-documentaire aura un impact positif sur le triple plan éducatif, intégrateur et économique. En clair, c’est tout un ensemble de groupes sociaux bénéficiaires et acteurs qui seront touchés par le projet.

Au niveau des rapatriés, ils vont se découvrir et se rappeler les différentes étapes qu’ils ont traversées depuis leurs maisons abandonnées en Côte d’Ivoire jusqu’à la découverte de leurs domiciles au village. L’œuvre permettra aux «Watba» (les arrivants), de puiser des exemples et des expériences de leurs pairs dans le processus d’insertion sociale ; les familles d’accueil, c'est-à-dire les paadba (ceux qui sont restés) pourront continuer leurs gestes solidaires et intensifieront leurs actions de bienfaisance.

Sur le plan de la cohésion sociale, ce film-documentaire aura l’heureux aboutissement sur les communautés en ce sens que ‘’les dettes sociales’’ seront supprimées par le biais du pardon collectif, ce qui permettra un meilleur rendement social. Au niveau du département de l’Action sociale et de la Solidarité nationale, la restitution du film-documentaire auprès des bénéficiaires et des acteurs aura un écho favorable et suscitera au regain d’attention à l’égard des rapatriés. Le ministère de l’Action sociale et ses partenaires techniques et financiers pourront se rendre à l’évidence des conditions dans lesquelles vivent les rapatriés et les énormes efforts consentis par ceux-ci. Ils verront d’une part l’impact de leurs différents apports sur le processus de réinsertion des rapatriés et d’autre part, les efforts qui restent à fournir. Aussi seront-ils davantage interpellés sur la nécessité d’intensifier leurs interventions pour une réelle intégration des rapatriés."

 

Propos recueillis par

E.A.O.

 

Encadré 2 :

Ouédraogo Zoénabo, secrétaire générale du groupement  féminin ‘’Bayiri-Nooma’’

"Les moyens financiers font défaut"

 

Comment se porte "Bayiri-Nooma" ?

 

• ‘’Bayiri-Nooma’’ se porte très bien. Nous venons de tenir une assemblée générale au cours de laquelle nous avons dressé le bilan des  activités de 2007. Il s’avère que le bilan est satisfaisant dans l’ensemble, mais des insuffisances ont été relevées dans l’accomplissement des tâches.

 

Pouvez-vous nous parler de ces difficultés ?

 

• Vous savez, toute œuvre, aussi noble soit-elle, nécessite un certain nombre de mesures d’accompagnement dans son accomplissement. De nos jours, les moyens financiers font défaut dans notre groupement. Hormis ce handicap, il se trouve que dans notre structure, nombreuses sont celles qui ne savent ni lire ni écrire. Nous manquons également de siège pour la tenue de nos rencontres. Ce sont là, entre autres, des facteurs limitatifs au bon déroulement de nos activités.

 

Quels problèmes rencontrez-vous dans le nettoyage des voies publiques ?

 

• Cela fait maintenant deux ans et demi que nous nous occupons de la salubrité des rues à Ouahigouya. Tout  d’abord, il y a les attitudes de certains usagers qui frisent l’incivisme. Il faut souvent être à côté pour voir à quelle vitesse ces derniers vont et viennent au moment même où nous sommes en plein travail. Aussi, les balayeuses très souvent se blessent dans le ramassage des ordures. Nous ne disposons pas de trousse pharmacie. C’est le peu qui se trouve dans la caisse qui sert à honorer les frais de soins. Pour finir, nous manquons de matériel de protection tels des gants, des bottes, des cache-nez, etc.

 

En dehors du nettoyage, que faites-vous d’autre ?

 

• C’est le nettoyage qui est notre activité principale. Nous aimerions élargir et varier nos activités, mais les moyens nous font défaut. Nous souhaiterions suivre des formations pour pouvoir produire du savon, faire du tissage et aussi avoir un local propre à nous. Il y a parmi nous des femmes qui sont sans repères familiaux. Un siège pour le groupement leur permettra de ne plus se retrouver seules et replonger dans les souvenirs atroces qui ont rythmé leur vie pendant la crise en Côte d’Ivoire. En plus, de petits projets nous permettrons de nous occuper des enfants abandonnés. Nous sommes des mères et nous pourrons très bien le faire. Pour finir, nous souhaitons que la commune nous octroie un terrain assez grand pour qu’on y cultive. Nous avons tenté l’expérience avec le terrain acquis auprès de la Direction régionale de l’agriculture l’année passée et le résultat a été concluant ; sauf que le terrain est assez restreint pour 105 femmes.

 

Propos recueillis par

Emery Albert Ouédraogo



23/01/2008
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