L'Heure du Temps (Blog d'Information sur le Burkina Faso)

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Régulation des médias en Afrique Ouagadougou sous les feux des projecteurs

Régulation des médias en Afrique

Ouagadougou sous les feux des projecteurs

 

«Les médias de service public et les défis de la convergence en Afrique». C’est autour de ce thème que se tient la IVe Conférence des instances de régulation de la communication d’Afrique (CIRCAF) dont les travaux ont débuté hier 2 juillet 2007 à Ouagadougou.

 

Sur notre continent, il y a des populations qui n’écoutent pas la radio, qui ne suivent aucun programme de télévision ni ne lisent aucun journal pour la bonne et simple raison qu’elles n’ont pas accès à ces médias. Naturellement, cette même frange de la population ignore tout des Technologies de l’information et de la communication (TIC). C’est cette terrible image que le Premier ministre, Tertius Zongo, a utilisée, à l’ouverture des travaux de la 4e CIRCAF, pour montrer les défis majeurs qui restent encore à relever par l’Afrique pour que la communication y soit enfin la chose la mieux partagée. C’est là une lancinante réalité qui doit interpeller tout le monde. Une préoccupation légitime, car, comme l’a reconnu Tertius Zongo, comment peut-on mobiliser les populations sur les chantiers du développement si une partie reste en marge de la communication ?

En focalisant donc le thème de sa rencontre de Ouagadougou sur les défis de convergence en Afrique, la CIRCAF fait œuvre utile pour le continent. Car, si les médias parviennent à réussir ce passage à la convergence, l’occasion sera ainsi offerte à une plus grande proportion des populations d’avoir accès aux moyens de communication; donc de s’informer, de se former et de participer plus activement aux batailles du développement.

Pour Luc Adolphe Tiao, président du Conseil supérieur de la communication (CSC) du Burkina, tout groupe humain trouve sa source dans la communication. Il est alors important de l’organiser pour que tout un chacun puisse disposer d’un espace pour s’exprimer et se réaliser. Il urge donc, selon lui, de travailler à réduire la fracture numérique, mais également à prendre des dispositions pour protéger nos enfants des images et des sons contraires à nos bonnes mœurs. C’est dire que la régulation de la convergence se pose comme un défi aux régulateurs des médias et de la communication en Afrique.

Le premier ministre s’est félicité de la tenue de cette rencontre, car avec l’avènement de la société de l’information, la régulation dépasse le seul cadre d’un pays. Les réseaux de régulateurs sont, comme l’a déclaré Tertius Zongo, nécessaires pour harmoniser les textes afin de gagner en efficacité, car la convergence ne charrie pas que du positif. Il y a des risques contre lesquels il faut prémunir les populations : la perte de repères culturels ; la marginalisation du continent dans la société de l’information ; l’exclusion de l’Afrique de la dynamique du monde.

Pour Julieta Langa, présidente du Réseau des instances africaines de régulation de la communication (RIARC), l’Afrique a besoin du soutien de ces partenaires pour relever ce défi. Et ce n’est pas par hasard que durant son mandat à la tête du RIARC, elle a travaillé à rendre plus visible et plus actif ce réseau. C’est ainsi que des partenariats ont été noués avec des institutions occidentales pour bénéficier de l’assistance technique et de divers appuis. Dans ce sens, Julieta Langa a fait une mention spéciale à la Belgique, à la France et à l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) pour l’exemplarité du partenariat qui les lie au RIARC. Pour elle, le réseau doit encore travailler sur des axes prioritaires comme le pluralisme médiatique, la liberté d’expression et la formation des acteurs du secteur des médias et de la communication.

Le Premier ministre a soutenu que si les instances de régulation ont une meilleure image aujourd’hui, c’est parce qu’elles garantissent la liberté d’expression tout en protégeant le citoyen contre les contenus contraires aux bonnes mœurs. Il a loué le rôle capital joué par ces instances dans l’ancrage de la démocratie sur le continent. Pour lui, la régulation est primordiale, car l’information et la communication sont au cœur de tout processus de transformation sociale. Il faut donc tirer tous les bénéfices des TIC, qui sont un formidable moyen de renforcement et de démultiplication des capacités humaines.

A cette 4e rencontre, une vingtaine de communications, relatives à trois thèmes, sont proposées à la réflexion des participants : les défis technologiques, la régulation sur l’internet et le droit de la communication en Afrique. Ces thèmes seront traités par de nombreux communicateurs, et c’est le Pr Serge Théophile Balima qui a fait un exposé sur le thème général de la rencontre, à savoir «Les médias de service public et les défis de la convergence en Afrique».

Ce rendez-vous de Ouagadougou, comme l’a rappelé Luc Adolphe Tiao, s’inscrit dans «la grande préoccupation des dirigeants africains face aux problématiques très complexes que posent à nos sociétés les fantastiques avancées technologiques qui caractérisent aujourd’hui les moyens de communication. La rapidité de ces évolutions nous oblige à un examen en profondeur de la nature des instruments dont disposent les populations, mais surtout des effets que ceux-ci produisent sur notre vécu quotidien».

 

 

San Evariste Barro

L’Observateur Paalga du 3 juillet 2007

 

 

 

Encadré

 

Pr Serge Théophile Balima

«La convergence s’impose à l’ensemble de l’humanité»

 

Le Pr Serge Théophile Balima, qui a présenté la communication sur le thème central de cette rencontre, nous parle ici de l’état des lieux de la convergence. Pour lui, c’est un mouvement auquel nul ne saurait résister, et auquel il faudrait s’adapter le plus rapidement possible

 

«La convergence, c’est le fait que techniquement à partir d’un même terminal on puisse faire beaucoup de choses. C’est par exemple le cas d’un téléphone portable qui peut faire des photos, enregistrer du son, faire des films, saisir des données, recevoir des données, envoyer des fichiers, etc.

Mais comme d’habitude, l’Afrique est en mauvaise posture sur le terrain de la convergence. Il nous faut donc travailler pour nous adapter au nouvel environnement. Ce qui veut dire que nous devons former les personnels des différents médias à ces nouvelles technologies parce qu’il y a un bouleversement au niveau des façons de travailler, bouleversement au niveau des métiers, bouleversement au niveau des technologies qu’on utilise pour produire et diffuser l’information. Tout cela demande que nous puissions réviser entièrement notre façon d’apprendre, de produire et de diffuser.

Dans ce contexte, le  bon journaliste sera celui qui saura non seulement utiliser tous ces outils, mais qui saura aussi être un bon intermédiaire, un bon médiateur. C’est donc celui qui a la capacité de mettre ses publics en relation avec d’autres sources d’informations complémentaires.

A l’instar du reste du continent, le Burkina, évidement, est encore en retard. Mais il nous faut travailler à nous insérer dans cette société de la convergence. Parce que nous n’avons pas le choix. Ça s’impose à l’ensemble de l’humanité. Et plutôt que de l’éviter, nous devons apprendre à nous y adapter et le plus rapidement possible.

La régulation d’Internet est une question capitale. C’est difficile, mais si tous les hommes de la planète se mettent d’accord, alors ce sera faisable. Par contre, si les intérêts restent conflictuels, ça ne sera pas possible».

 

Encadré 2

Les différentes communications sont au programme de ce mardi

 

La régulation sur Internet

- préservation de la mémoire audiovisuelle à l’heure de la convergence ;

- faut-il réguler Internet ?

- apport des associations de consommateurs pour une convergence consensuelle.

 

Le droit de la communication en Afrique

- la protection des droits humains et des diversités culturelles à l’ère du numérique ;

- le droit de la communication en Afrique, problématique et perspectives à l’heure de la convergence ;

- pour un centre d’excellence sur les normes et les politiques de régulation pour le pluralisme et la diversité des médias en Afrique ;

- des statuts et de l’indépendance des instances de régulation ;

- la chaîne des droits.



03/07/2007
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