L'Heure du Temps (Blog d'Information sur le Burkina Faso)

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Rien n’arrêtera Paul Biya dans le tripatouillage de la Constitution

Tripatouillage de la Constitution camerounaise

Rien n’arrêtera Paul Biya

« 15% d’augmentation pour pouvoir continuer à jouer au Golf », tel était le titre de notre grille de lecture du 10 mars 2008. Allusion à la hausse des salaires et allocations que le chef de l’Etat camerounais avait consentie à ses compatriotes suite aux manifestations de la rue contre la vie chère. Dans cette analyse, on subodorait aussi que ces décisions présidentielles avaient des relents de calculs politiques surtout qu’elles étaient doublées de l’opération mains propres avec la mise en examen de certains ministres pour détournements de fonds.

Ainsi, on se disait que ces mesures avaient pour but également de détourner l’attention des Camerounais afin de permettre au locataire du palais d’Etoudi de se tailler une constitution à la hauteur de ses ambitions : un pouvoir ad vitam aeternam. Analyse avérée avec le projet de révision constitutionnelle déposé le 4 avril 2008 sur le bureau de Djibril Cavayé Yéguié, président de l’Assemblée nationale du Cameroun.

Les tripatouillages constitutionnels commencent à devenir légion en Afrique, surtout ceux ayant trait à l’élasticité des mandats des chefs d’Etat. Et le scenario est quasi immuable : d’abord partout à travers le pays, des militants du parti majoritaire, généralement du président, organisent des marches et des meetings pour supplier le chef de l’Etat en exercice de se représenter pour garantir la paix, la sécurité et la stabilité de la nation, quitte à charcuter la Loi fondamentale, et souvent en pareil cas, beaucoup savent que le bail du locataire de la présidence arrive à terme et que légalement il ne doit plus rempiler. Le bouquet final est le dépôt d’un projet de loi de révision y relative au parlement, naturellement monocolore et la messe est dite.

Au Cameroun on n’a pas dérogé à ce cheminement sauf qu’ici le phénomène de la vie chère et ses conséquences ont modifié, disons retardé l’échéance. Car depuis la fin d’octobre 2007, lors de son interview sur la chaine de télévision France 24, lorsque, questionné sur ce sujet, le sphinx de M’Voméka a fait dans l’esquive en « sommant ses compatriotes à s’atteler à des tâches plus urgentes », de nombreux politologues avaient déjà deviné ses intentions. Politiquement donc Paul Barthelemy Biya va parvenir à ses fins puisque c’est l’occupant du perchoir en personne, membre influent du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), sa formation politique, qui a amené le projet de toilettage de la Constitution à l’Assemblée nationale.

En effet, le Chair man, John Frun Di, et ses 16 députés du Social democratic front (SDF) et tous les autres partis de l’opposition ont beau manifesté contre cette modification en montant sur les tables de l’hémicycle lors des pleinières et en criant comme des orfraies, que peuvent-ils contre les 153 élus du RDPC sur un total de 180 ? Pas grand-chose. Tout semble indiquer que rien n’arrêtera Paul Biya et dans les prochaines semaines, l’alinéa 2 de l’article 6 de la Constitution sera « reprofilé » pour qu’en 2011 Biya puisse succéder à… Biya ou encore que ce dernier organise une présidentielle anticipée. Ce qui sera du pareil au même, l’identité de l’horloger principal camerounais risquant, sauf accident, de ne pas changer.

Seule inconnue : la gestion de cette anticipation politique, car déjà, les derniers évènements au Cameroun montrent que la vie chère a servi de prétexte aux manifestants qui, en vérité, souhaitent ardemment un changement de ce pouvoir vieux de 24 ans, gagné donc par l’usure et la routine. Pour le moment, c’est Biya for ever mais jusqu’à quand ?

Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana

L’Observateur Paalga du 7 avril 2008



07/04/2008
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