L'Heure du Temps (Blog d'Information sur le Burkina Faso)

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Situation à Bobo : Une mission gouvernementale dépêchée

Situation à Bobo

 Une mission gouvernementale dépêchée

 

Au lendemain des émeutes qu’a connu la ville de Sya et qui ont fait d’importants dégâts matériels, la situation est encore loin de se normaliser. Hier encore, les forces de l’ordre ont dû faire usage de gaz lacrymogène et de tirs à balles blanches pour disperser des manifestants aux alentours du marché central. Face à l’inquiétude grandissante, une mission gouvernementale, conduite par le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, a été dépêchée jeudi pour trouver une issue à cette crise qui paralyse la ville depuis mercredi.

 

L’affaire est désormais prise très au sérieux par les plus hautes autorités politiques du pays qui ont dépêché hier dans la matinée, les ministres Clément Ouédraogo de l’Administration territoriale et de la Décentralisation et Assane Sawadogo de la Sécurité. Ils étaient accompagnés dans leur déplacement par la directrice générale adjointe des impôts ainsi que du directeur général des Douanes.

Arrivée à Bobo-Dioulasso dans un contexte de tension sociale, la délégation gouvernementale, accompagnée du gouverneur de la région des Hauts-Bassins, Mathieu Bêgbrigda Ouédraogo, effectuera une tournée en ville pour constater de visu l’ampleur des dégâts causés au cours des manifestations de mercredi. Toujours est-il que la stupeur qui s’est, depuis lors, emparée de la population est encore loin de s’estomper. Et la présence massive des forces de l’ordre et des bérets rouges dans les rues de la zone commerciale et de certains points stratégiques est le signe évident du calme précaire qui prévaut encore à Sya et qui s’apparente aujourd’hui à une ville en état de siège. Une seule journée a suffi aux vandales pour donner une image lugubre à la cité de Guimbi Ouattara où la circulation est rendue difficile par ces cailloux et ces panneaux endommagés qui jonchent les rues, ces goudrons noircis sous l’effet des flammes, ces feux tricolores hors d’usage  ou encore ces barricades érigées par mesure de précaution. De nombreux établissements publics et privés telles les banques, les impôts ou les supermarchés ne connaissent pas les affluences habituelles s’ils ne sont pas tout simplement fermés. Par mesure de prudence et pour parer à toute éventualité, un communiqué du gouvernorat des Hauts-Bassins diffusé mercredi en fin d’après-midi invitait les établissements scolaires du public comme du privé à la fermeture des salles de classe jusqu’à nouvel ordre. Les activités commerciales sont également au point mort avec le marché central qui est resté fermé hier toute la journée. Du coup, c’est un problème d’approvisionnement qui se pose pour les habitants de Sya qui ne savent plus à quel marché se vouer. Les rares stations d’essence qui ont momentanément ouvert leur porte ne désemplissaient pas et c’est par file indienne que les usagers dont certains munis de bidons venaient s’approvisionner. Le moins que l’on puisse dire est que cette journée du mercredi 20 février 2008 restera à jamais gravée dans la mémoire des Bobolais. Eux qui pour la plupart affirment n’avoir jamais vécu un tel scénario catastrophique. Et ce n’est pas cette gérante de la station shell du stade Wobi qui nous dira le contraire. Elle qui a vu sa boutique complètement dévastée et ses pompes endommagées. Comme madame Ziba, ils sont aujourd’hui nombreux à n’avoir plus que leurs yeux pour pleurer face au désastre occasionné par les vandales du mercredi noir à Bobo. Si la présence des militaires a permis à des services comme la SONABEL ou encore la Sofitex d’échapper à la furia des manifestants, il n’en était pas de même pour la direction régionale des Douanes qui a été l’une des cibles privilégiées des manifestants. Là-bas en effet, le spectacle est tout simplement désolant avec les bureaux qui ont été mis à sac, des véhicules endommagés et des engins pillés. «Nous avons même réussi à déplacer certains véhicules sous douane que les manifestants voulaient incendier», nous dit un agent la mine grave avant d’ajouter : «Cette fois-ci, nous sommes préparés à les affronter au cas où ils tenteront à nouveau d’investir nos locaux». Tout comme à la direction régionale des douanes, les mesures de sécurité ont été renforcées dans la plupart des établissements publics comme privés. Mais hier en fin de matinée, le calme était presque revenu et l’arrivée de la délégation gouvernementale aura contribué à calmer les ardeurs de manifestants dont le nombre s’est considérablement réduit comparativement aux premières heures chaudes du mercredi. Nul doute que des solutions pointent à l’horizon avec les rencontres prévues au cours de ce week- end entre commerçants et autorités politiques.

 

                                                               Jonas Apollinaire Kaboré

L’Observateur Paalga du 22 février 2008



22/02/2008
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